mardi 17 juillet 2012

SOS-Esclaves / Conscience & Résistance : Non à l’apologie officielle de l’esclavage en Mauritanie !!!


Lundi 09 juillet 2012, au cours d’une plénière à l’Assemblée Nationale, M.Mohamed El Moustapha Ould Bedredine, député de l’Union des Forces du Progrès (UFP), parti de l’opposition, dénonçait une émission, retransmise, la veille, sur les ondes de la Radio Coranique et au cours de laquelle, l’invité s’est évertué à présenter une leçon sur les modalités de vente des personnes « non libres ».

Le député s’est élevé contre ce fait en rappelant que « donner des leçons et des conférences sur l’esclavage à travers les medias officiels est inacceptable surtout après le vote d’une loi criminalisant cette pratique.»

Il convient de saluer le geste courageux face à une société conservatrice où l’esclavage se pratique et se justifie sous couvert de religion, révêtant, ainsi, l’immunité du sacré. Il est clair qu’en 2007, à la faveur du vote de la loi contre cette forme d’oppression, les législateurs avaient pris le soin de condamner toute apologie du fait incriminé.

Or, le pouvoir actuel, non seulement tend à minimiser la plupart des cas avérés qui ont été présentés devant la justice mais s’emploie depuis quelques temps, à encourager des interventions provocatrices dans les media d’Etat.

Il y a à peine trois mois, pour exprimer leur indignation face la reconnaissance de l’esclavagisme dans les milieux religieux, des militants du mouvement IRA ont brûlé des livres du rite malékite. Autant leur acte a provoqué une certaine incompréhension frisant l’hostilité haineuse de la part des autorités, d’une certaine partie de la classe politique et de la population, autant les mêmes semblent s’accommoder d’une émission esclavagiste, sur un instrument de communication et de pédagogie publiques ; d’ailleurs, ces derniers temps, les organes de presse officiels, impunément, accordent la parole, souvent sans contradicteurs, aux promoteurs de l’esclavage et de ses pratiques connexes, notamment le mépris de caste, l’exploitation sexuelle et la pédophile, le tout sur fond de racisme anti-noir.

Il y a lieu de signaler, la constante de la passivité des pouvoirs publics devant des actes aussi flagrants et insultants pour une majorité de mauritaniens ; dimanche, soir 8 juillet 2012 à 22 heures, la diffusion, sur Radio Coran, de programmes qui enseignent, aux mauritaniens, les modalités de vente des personnes, constituent un grave déni d’humanité, passible du droit international public. Ce faisant, l’Etat mauritanien, en violation des traités et règles auxquels il est partie, commet, sciemment, l’apologie de l’esclavage.

Force est de noter que ces prises de positions théoriques produisent des conséquences concrètes sur le comportement des citoyens vis-à-vis de leurs compatriotes encore esclaves ou descendants de tels ; les prescriptions relatives à l’héritage ou au mariage établissent ainsi, une inégalité de traitement et de statut, selon que l’on soit né esclave ou libre.

Il est urgent de mettre en garde les autorités du moment et de les appeler à davantage de responsabilité quant aux implications dangereuses de ces sorties ; la provocation finit par excéder les victimes et fait alors le lit de la discorde sociale.

D’urgence, il y a lieu de veiller à une meilleure éthique dans les media officiels ; ceux-ci sont appelés à cultiver une culture et des comportements éclairés, démocratiques, sur les fondements pertinents de la religion, les traditions positives du pays et les acquis progressistes et démocratiques ailleurs, dans le monde. Cet équilibre nécessaire se trouve, d’abord, dans la foi en l’égalité de l’espèce humaine et l’enseignement de celle-ci.

Nouakchott, le 17 juillet 2012

Pour SOS-Esclaves Boubacar Messaoud, Président
Pour Conscience et Résistance (CR) Hacen Ould Lebatt, Porte-parole





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