De nombreux Sénégalais refoulés de laMauritanie attendent d’être édifiés sur leur sort, depuis leur arrivée à Dakar, dimanche dernier. Accueillis à la rue Paul Holl par un bienfaiteur du nom de Moussa Wane, qui les héberge et les nourrit, ils sollicitent auprès des autorités un soutien pour rejoindre la Mauritanie où ils gagnaient leur vie.
Hier, à notre arrivée à la rue Paul Holl, au centre-ville de Dakar, dans le domicile deMoussa Wane, des Sénégalais refoulés de la Mauritanie (une dizaine, sur près de 200 rapatriés répertoriés par des organisations humanitaires) étaient visibles dès qu’on franchit le portail. Certains étaient assis sur une natte de prière, d’autres couchés à mêle le sol, ruminant leur colère.
Parmi eux, un muezzin, chapelet à la main droite, fait l’appel à la prière de « salatou asr » ou «takoussan ». L’air pessimiste, visage perdu, regard hagard, ils en veulent aux autorités mauritaniennes qui les ont expulsés, il y a quelques jours. « On ne nous a fourni aucune explication valable sur notre sort », expliquent-ils en chœur !
A première vue, on se rend compte qu’ils sont dans un dénuement total. L'un d'entre eux, Ousmane Mbodj, nous raconte sa mésaventure. « Des policiers et gendarmes mauritaniens m’ont interpellé devant ma chambre, la semaine dernière, à la cité Sinem. Je leur ai montré ma carte nationale d’identité, mais ils m’ont embarqué, destinationNouadhibou. Je n’ai même pas eu le temps de fermer la porte de ma chambre », fulmine-t-il. Deux jours sans manger
Ce pêcheur nous confie que lui et d'autres rapatriés, parmi lesquels des femmes, ont été réunis dans un lieu avant d’être acheminés à la Croix-rouge de Nouakchott. « Il y avait d'autres nationalités : des Ghanéens, des Maliens, des Guinéens…», révèle-t-il. Dans une description poignante, il explique avoir vu une femme accoucher, le mercredi 4 avril, et se faire rapatrier le lendemain, jeudi. « Nous étions très fatigués », poursuit-il.
Un autre Sénégalais, Pape Cissé, dénonce ce qui s’est passé : « C’est la Croix-Rouge de Rosso qui nous a mis dans un car "Ndiaga Ndiaye", direction Dakar. A notre arrivée, mon père nous a mis en rapport avec le bienfaiteur Moussa Wane, qui nous héberge et nous loge gratuitement», poursuit-il. « Ici, nous ne manquons de rien », témoigne Almamy Tounkara,originaire de Tambacounda.
Bonnet baye fall et dreadlocks sur la tête, il déroule pour nous le film des événements : « Je ne connais pas le chiffre exact de personnes refoulées, mais nous étions très nombreux. J’ai vu 80 femmes rapatriées. Les forces de sécurité ont commencé à nous chasser, le mercredi 4 avril, à minuit ». Les Sénégalais que nous avons rencontrés à la rue Paul Holl ignorent les motifs de leur rapatriement. L'un d'entre eux, Tounkara, fait une révélation : « Un gendarme nous a dit que ce n’était pas lié à un problème de papiers et que c’était une instruction venue de ses supérieurs».
Il raconte qu’en prison, ils ont vécu le calvaire. « Nous sommes restés deux jours sans manger. Personne n'a été battu, mais il y avait des insultes. Nous avions dénoncé cela de vive voix, car même pour faire nos besoins naturels, un niet catégorique nous était opposé ! Dans le car qui nous ramenait au Sénégal, nos bourreaux nous ont juste donné deux bouteilles d’eau de 20 litres. J’ai vu des gens se soulager dans le véhicule. Personnellement, j’ai versé le contenu de l’une des bouteilles pour pouvoir uriner », explique-t-il.
Entassés dans une chambre
Fustigeant l'attitude des forces de sécurité mauritaniennes qui ont confisqué leurs cartes d'identité, Tounkara laisse éclater son courroux : « Je n’ai actuellement que la photocopie de ma carte d’identité ». Son camarade d'infortune, Pape Cissé, dénonce : « Depuis février 2011, je faisais la navette entre le Sénégal et la Mauritanie. J’ai même dû laisser ma femme et mes trois enfants là-bas », nous confie-t-il. « A Rosso, nous étions entassés dans une petite chambre et avions subi le calvaire des piqûres de moustiques », se lamenteTounkara. « Ils nous ont refoulés sans nous donner de l’argent», témoignent d'autres personnes interrogées. « Au moment des faits, ma femme était au travail et, actuellement, je n'ai même pas assez d'argent pour l’appeler », explique Pape Cissé. « J’ai laissé dans ma chambre du matériel high-tech d'une grande valeur », déplore Ousmane Mbodj, la tête baissée.
De son côté, Almamy Tounkara se demande : « Est-ce que c’est ça le traitement qu'on doit réserver à un étranger ? » Il lance un cri de détresse aux autorités sénégalaises afin de pouvoir retourner en Mauritanie pour reprendre son travail.
Serigne Mansour Sy Cissé
Hier, à notre arrivée à la rue Paul Holl, au centre-ville de Dakar, dans le domicile deMoussa Wane, des Sénégalais refoulés de la Mauritanie (une dizaine, sur près de 200 rapatriés répertoriés par des organisations humanitaires) étaient visibles dès qu’on franchit le portail. Certains étaient assis sur une natte de prière, d’autres couchés à mêle le sol, ruminant leur colère.
Parmi eux, un muezzin, chapelet à la main droite, fait l’appel à la prière de « salatou asr » ou «takoussan ». L’air pessimiste, visage perdu, regard hagard, ils en veulent aux autorités mauritaniennes qui les ont expulsés, il y a quelques jours. « On ne nous a fourni aucune explication valable sur notre sort », expliquent-ils en chœur !
A première vue, on se rend compte qu’ils sont dans un dénuement total. L'un d'entre eux, Ousmane Mbodj, nous raconte sa mésaventure. « Des policiers et gendarmes mauritaniens m’ont interpellé devant ma chambre, la semaine dernière, à la cité Sinem. Je leur ai montré ma carte nationale d’identité, mais ils m’ont embarqué, destinationNouadhibou. Je n’ai même pas eu le temps de fermer la porte de ma chambre », fulmine-t-il. Deux jours sans manger
Ce pêcheur nous confie que lui et d'autres rapatriés, parmi lesquels des femmes, ont été réunis dans un lieu avant d’être acheminés à la Croix-rouge de Nouakchott. « Il y avait d'autres nationalités : des Ghanéens, des Maliens, des Guinéens…», révèle-t-il. Dans une description poignante, il explique avoir vu une femme accoucher, le mercredi 4 avril, et se faire rapatrier le lendemain, jeudi. « Nous étions très fatigués », poursuit-il.
Un autre Sénégalais, Pape Cissé, dénonce ce qui s’est passé : « C’est la Croix-Rouge de Rosso qui nous a mis dans un car "Ndiaga Ndiaye", direction Dakar. A notre arrivée, mon père nous a mis en rapport avec le bienfaiteur Moussa Wane, qui nous héberge et nous loge gratuitement», poursuit-il. « Ici, nous ne manquons de rien », témoigne Almamy Tounkara,originaire de Tambacounda.
Bonnet baye fall et dreadlocks sur la tête, il déroule pour nous le film des événements : « Je ne connais pas le chiffre exact de personnes refoulées, mais nous étions très nombreux. J’ai vu 80 femmes rapatriées. Les forces de sécurité ont commencé à nous chasser, le mercredi 4 avril, à minuit ». Les Sénégalais que nous avons rencontrés à la rue Paul Holl ignorent les motifs de leur rapatriement. L'un d'entre eux, Tounkara, fait une révélation : « Un gendarme nous a dit que ce n’était pas lié à un problème de papiers et que c’était une instruction venue de ses supérieurs».
Il raconte qu’en prison, ils ont vécu le calvaire. « Nous sommes restés deux jours sans manger. Personne n'a été battu, mais il y avait des insultes. Nous avions dénoncé cela de vive voix, car même pour faire nos besoins naturels, un niet catégorique nous était opposé ! Dans le car qui nous ramenait au Sénégal, nos bourreaux nous ont juste donné deux bouteilles d’eau de 20 litres. J’ai vu des gens se soulager dans le véhicule. Personnellement, j’ai versé le contenu de l’une des bouteilles pour pouvoir uriner », explique-t-il.
Entassés dans une chambre
Fustigeant l'attitude des forces de sécurité mauritaniennes qui ont confisqué leurs cartes d'identité, Tounkara laisse éclater son courroux : « Je n’ai actuellement que la photocopie de ma carte d’identité ». Son camarade d'infortune, Pape Cissé, dénonce : « Depuis février 2011, je faisais la navette entre le Sénégal et la Mauritanie. J’ai même dû laisser ma femme et mes trois enfants là-bas », nous confie-t-il. « A Rosso, nous étions entassés dans une petite chambre et avions subi le calvaire des piqûres de moustiques », se lamenteTounkara. « Ils nous ont refoulés sans nous donner de l’argent», témoignent d'autres personnes interrogées. « Au moment des faits, ma femme était au travail et, actuellement, je n'ai même pas assez d'argent pour l’appeler », explique Pape Cissé. « J’ai laissé dans ma chambre du matériel high-tech d'une grande valeur », déplore Ousmane Mbodj, la tête baissée.
De son côté, Almamy Tounkara se demande : « Est-ce que c’est ça le traitement qu'on doit réserver à un étranger ? » Il lance un cri de détresse aux autorités sénégalaises afin de pouvoir retourner en Mauritanie pour reprendre son travail.
Serigne Mansour Sy Cissé
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Alioune Badara Cissé sur l’expulsion de Sénégalais : 'Dakar est en contact avec Nouakchott'
Dakar - Les autorités étatiques suivent de près, avec les autorités mauritaniennes, le dossier des Sénégalais expulsés de Mauritanie pour défaut de titres de séjour, a indiqué mercredi le nouveau ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Alioune Badara Cissé.
‘’Dans cette affaire, nous continuons d’être en contact avec l’ambassadeur du Sénégal àNouakchott, mais également aves le ministre mauritanien des Affaires étrangères’’, a dit MeCissé à l’issue de la cérémonie de passation de service avec le ministre des Affaires étrangères sortant, Madické Niang.
Accordant peu de temps à la presse qui l’interpelait sur l’évolution de l’affaire des Sénégalais expulsés de la Mauritanie, Me Cissé a indiqué qu’‘’ à ce jour et depuis le début de nos échanges, il n’y pas encore du nouveau, mais nous continuerons de veiller au bien-être des Sénégalais’’.
‘’Où qu’ils soient dans le monde, en Mauritanie ou ailleurs dans le monde, nous veillerons au bien-être des Sénégalais’’, a-t-il poursuivi avant de s’éloigner, au pas de charge, des journalistes pour regagner son nouveau bureau au ministère des Affaires étrangères.
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