Les organisateurs du fameux pèlerinage d’Inal, les 27 et 28 novembre 2011, regroupés à l’époque au sein d’un Comité préparatoire, ambitionne aujourd’hui de créer une Instance nationale chargée de régler pacifiquement le Passif humanitaire d’ici décembre 2012.
L’objectif graduel serait dans une première étape d’écarter tous les suspects d’exaction contre les négro-africains de toute fonction civile et militaire.
Dans le prolongement du pèlerinage d’Inal, en souvenir aux 28 soldats négro-africains pendus le 28 novembre 1991 pour commémorer le 28ème anniversaire du pays, des organisations de défense des droits de l’homme, sous la houlette du mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) viennent de publier une "Plateforme nationale pour le règlement consensuel et durable du passif humanitaire issu de la tentative de génocide cotre les Négro-africains de Mauritanie".
Rappel historique
Dans un rappel historique exhaustive, le document rappelle la répression anti négro-africaine qui s’est abattue en septembre 1986 sur cette communauté et qui s’est traduit par des centaines d’arrestation de civils, tortures et condamnations à des peines lourdes. En 1897, les exactions touchent les soldats négro-africains sur la base de ce que le document appelle "le fondement raciste d’une théorie du complot noir" sous le régime du CMSN de Ould Taya.
Les interpellations tous azimuts s’achèvent par un procès devant une cour spéciale de justice et trois condamnations à mort, plus dix-huit travaux forcés à perpétuité et d’autres peines d’emprisonnement. Trois officiers négro-africains seront ainsi exécutés malgré l’intercession de chefs religieux et coutumiers de toutes les communautés.
Les détenus civils seront quant à eux internés à la tristement célèbre prison de Walata où mourront quatre grands noms sous la torture et les mauvaises conditions. Il s’agit de Tène Youssouf Guèye, Tafsirou Djigo, Abdoul Khoudouss Bâ et Alassane Oumar Bâ.En 1989, un conflit anodin entre éleveurs et cultivateurs débouchent sur un pogrom des deux rives du Fleuve Sénégal. Des Mauritaniens seront assassinés au Sénégal, ce qui selon le document déchaînera "l’énergie de la destruction des hordes de tueurs enivrés par la haine àDakar et Nouakchott".
En Mauritanie, poursuit le document, "l’assouvissement d’un dessein génocidaire s’est empressé de profiter de la situation de confusion entretenue". Des ponts aériens initiés par des pays amis permettent le plus grand transfert de populations de l’histoire de la région. Le contexte serait marqué par la course aux terres de la Vallée qui devait précipiter l’exclusion des négro-mauritaniens.
Entre 1990 et 1991, des militaires de cette communauté seront arrêtés, torturés, assassinés et jetés dans des fosses communes, à Azlat, Jreïda et Inal. La Vallée est soumise à l’état de siège et des fosses communes seront découvertes à Sori Malé, Dawadel et Wothie. En 1991, une loi d’amnistie modifiée en 1993, est votée pour "couvrir les bourreaux et rendre irrecevable toute plainte à l’encontre des éléments des forces de l’ordre et de sécurité, auteurs des exactions extrajudiciaires" précise le document.
Du déni de reconnaissance à l’oubli
Après des décennies de dénis sous Ould Taya, où la moindre réhabilitation ou réinsertion des victimes est refusée, les exactions commises contre les Négro-africains tendent à se faire oublier par le biais du pardon, de la réconciliation, de la réparation matérielle et de l’oubli. Certaines victimes, atteintes par "la lassitude, l’appât du lucre ou la bonne foi sont même devenus les supplétifs actifs et inventifs de la supercherie " note le document.
Le contexte actuel du dossier négro-africain serait marqué par les promesses qui se multiplient depuis la chute de Ould Taya et la politique de reconnaissance tacite, loin de la recherche de la vérité et de l’accès au droit fondamental à la justice. Les victimes sont invitées à pardonner, oublier et s’écraser. Sous le mandat d’Ely Ould Mohamed Vall, 2005-2007, ce fut le déficit de la perspective pour régler le passif humanitaire.
Sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, 2007-2008, des journées de concertation pour le règlement du passif sont organisées du 20 au 22 novembre 2007 avec la participation du Commissariat aux droits de l’homme, la commission nationale des droits de l’homme, le PNUD, leNDI, des experts de l’Instance Equité et Réconciliation du Maroc et ceux de la Commission Vérité et Réconciliation d’Afrique du Sud. S’en sont suivis des ateliers, des réunions et des communications qui n’aboutiront finalement à rien, selon le document.
Vint le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, alors président du Haut Conseil d’Etat qui venait de renverser le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il reçoit les organisations des victimes et s’engage à régler le passif humanitaire à sa manière, directement avec les victimes, sans intermédiaire. "Encore une fois, note le document, nombre d’ayants droits et de survivants sont tombés dans le piège, au point d’y perdre leur crédibilité".
Un militaire noir est désigné pour la résolution du dossier. Il installe dans le plus grand secret avec le Collectif des victimes (Covire), une commission qui négociera selon le document dans la plus grande opacité le sort de milliers de personnes qui ne l’ont jamais mandaté. Les tractations aboutissent le 24 mars 2009 par un protocole, "resté jusque-là secret et sa teneur méconnue du public et des bénéficiaires" souligne le document.
Le 25 mars 2009, ce fut la prière de Kaédi sensé servir de devoir à la mémoire de toutes les victimes négro-africaines. Au total ce sont 263 veuves qui recevront une allocution qu’elles prenaient juste pour de l’assistance alors que le pouvoir y voyait "une compensation juste et équitable pour un règlement définitif de l’ensemble du contentieux". Le 2 juin 2011, le Conseil des ministres prend une décision de règlement du passif des personnels des forces armées et de sécurité pour les évènements survenus entre 1981 et 2004.
Le 29 août 2011, la liste des ayants droits fournis par le Collectif des rescapés militaires(Coremi) est publiée. Sur les 973 inscrits, seuls 490 seront indemnisés. Même déception chez les survivants militaires. Sur les 1463 inscrits, seuls un peu plus de trois cents seront retenus. Les victimes et ayants droits rejettent le processus de règlement unilatéral et réclament la mise en place d’une commission indépendante, la prise en charge des devoirs de justice et de vérité selon les principes de la justice transitionnelle, l’accomplissement des devoirs de mémoire et de réparation.
Le Passif toujours actif
Ainsi, plusieurs décennies après, la question du Passif humanitaire reste entière. L’impunité des bourreaux semble devenir le préalable des différents régimes qui se sont succédé, poussant plusieurs organisations de défense des droits de l’homme à se regrouper au sein d’un Comité préparatif des Journées de Souvenir aux Martyrs d’Inal, qui s’est traduit par le voyage historique à Inal les 27 et 28 novembre 2011. Pour les organisateurs "le rendez-vous d’Inal, au-delà de son sens symbolique, célèbre toutes les victimes des massacres racistes et s’adresse à l’ensemble des Mauritaniens".
Aujourd’hui, ce Comité ambitionne de se muer en instance nationale pour porter les revendications pour un règlement définit du passif humanitaire. L’objectif est de contribuer à une résolution globale du dossier d’ici décembre 2012. Première étape, interdite à vie dans l’appareil d’Etat l’exercice de toute fonction civile ou militaire aux responsables présumés de tortures, assassinats et déportation à caractère raciste, en attendant leur procès.
L’instance nationale devra faire la jonction entre l’expérience marocaine et sud-africaine en prenant en compte la spécificité mauritanienne. Elle vise le devoir de vérité, de justice, de réparation et de mémoire. Elle sollicitera l’expertise des organisations nationales et internationale des droits de l’homme, telles que la Commission africaine des droits de l’homme et le Comité pour l’éradication de la discrimination raciale (CERD), organisation desNations Unies siégeant à Genève qui ont tous deux adopté des résolutions sur les problèmes des réfugiés mauritaniens, du passif humanitaire, de l’esclavage et de la discrimination raciale.
Synthèse : JOB.
L’objectif graduel serait dans une première étape d’écarter tous les suspects d’exaction contre les négro-africains de toute fonction civile et militaire.
Dans le prolongement du pèlerinage d’Inal, en souvenir aux 28 soldats négro-africains pendus le 28 novembre 1991 pour commémorer le 28ème anniversaire du pays, des organisations de défense des droits de l’homme, sous la houlette du mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) viennent de publier une "Plateforme nationale pour le règlement consensuel et durable du passif humanitaire issu de la tentative de génocide cotre les Négro-africains de Mauritanie".
Rappel historique
Dans un rappel historique exhaustive, le document rappelle la répression anti négro-africaine qui s’est abattue en septembre 1986 sur cette communauté et qui s’est traduit par des centaines d’arrestation de civils, tortures et condamnations à des peines lourdes. En 1897, les exactions touchent les soldats négro-africains sur la base de ce que le document appelle "le fondement raciste d’une théorie du complot noir" sous le régime du CMSN de Ould Taya.
Les interpellations tous azimuts s’achèvent par un procès devant une cour spéciale de justice et trois condamnations à mort, plus dix-huit travaux forcés à perpétuité et d’autres peines d’emprisonnement. Trois officiers négro-africains seront ainsi exécutés malgré l’intercession de chefs religieux et coutumiers de toutes les communautés.
Les détenus civils seront quant à eux internés à la tristement célèbre prison de Walata où mourront quatre grands noms sous la torture et les mauvaises conditions. Il s’agit de Tène Youssouf Guèye, Tafsirou Djigo, Abdoul Khoudouss Bâ et Alassane Oumar Bâ.En 1989, un conflit anodin entre éleveurs et cultivateurs débouchent sur un pogrom des deux rives du Fleuve Sénégal. Des Mauritaniens seront assassinés au Sénégal, ce qui selon le document déchaînera "l’énergie de la destruction des hordes de tueurs enivrés par la haine àDakar et Nouakchott".
En Mauritanie, poursuit le document, "l’assouvissement d’un dessein génocidaire s’est empressé de profiter de la situation de confusion entretenue". Des ponts aériens initiés par des pays amis permettent le plus grand transfert de populations de l’histoire de la région. Le contexte serait marqué par la course aux terres de la Vallée qui devait précipiter l’exclusion des négro-mauritaniens.
Entre 1990 et 1991, des militaires de cette communauté seront arrêtés, torturés, assassinés et jetés dans des fosses communes, à Azlat, Jreïda et Inal. La Vallée est soumise à l’état de siège et des fosses communes seront découvertes à Sori Malé, Dawadel et Wothie. En 1991, une loi d’amnistie modifiée en 1993, est votée pour "couvrir les bourreaux et rendre irrecevable toute plainte à l’encontre des éléments des forces de l’ordre et de sécurité, auteurs des exactions extrajudiciaires" précise le document.
Du déni de reconnaissance à l’oubli
Après des décennies de dénis sous Ould Taya, où la moindre réhabilitation ou réinsertion des victimes est refusée, les exactions commises contre les Négro-africains tendent à se faire oublier par le biais du pardon, de la réconciliation, de la réparation matérielle et de l’oubli. Certaines victimes, atteintes par "la lassitude, l’appât du lucre ou la bonne foi sont même devenus les supplétifs actifs et inventifs de la supercherie " note le document.
Le contexte actuel du dossier négro-africain serait marqué par les promesses qui se multiplient depuis la chute de Ould Taya et la politique de reconnaissance tacite, loin de la recherche de la vérité et de l’accès au droit fondamental à la justice. Les victimes sont invitées à pardonner, oublier et s’écraser. Sous le mandat d’Ely Ould Mohamed Vall, 2005-2007, ce fut le déficit de la perspective pour régler le passif humanitaire.
Sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, 2007-2008, des journées de concertation pour le règlement du passif sont organisées du 20 au 22 novembre 2007 avec la participation du Commissariat aux droits de l’homme, la commission nationale des droits de l’homme, le PNUD, leNDI, des experts de l’Instance Equité et Réconciliation du Maroc et ceux de la Commission Vérité et Réconciliation d’Afrique du Sud. S’en sont suivis des ateliers, des réunions et des communications qui n’aboutiront finalement à rien, selon le document.
Vint le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, alors président du Haut Conseil d’Etat qui venait de renverser le régime de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il reçoit les organisations des victimes et s’engage à régler le passif humanitaire à sa manière, directement avec les victimes, sans intermédiaire. "Encore une fois, note le document, nombre d’ayants droits et de survivants sont tombés dans le piège, au point d’y perdre leur crédibilité".
Un militaire noir est désigné pour la résolution du dossier. Il installe dans le plus grand secret avec le Collectif des victimes (Covire), une commission qui négociera selon le document dans la plus grande opacité le sort de milliers de personnes qui ne l’ont jamais mandaté. Les tractations aboutissent le 24 mars 2009 par un protocole, "resté jusque-là secret et sa teneur méconnue du public et des bénéficiaires" souligne le document.
Le 25 mars 2009, ce fut la prière de Kaédi sensé servir de devoir à la mémoire de toutes les victimes négro-africaines. Au total ce sont 263 veuves qui recevront une allocution qu’elles prenaient juste pour de l’assistance alors que le pouvoir y voyait "une compensation juste et équitable pour un règlement définitif de l’ensemble du contentieux". Le 2 juin 2011, le Conseil des ministres prend une décision de règlement du passif des personnels des forces armées et de sécurité pour les évènements survenus entre 1981 et 2004.
Le 29 août 2011, la liste des ayants droits fournis par le Collectif des rescapés militaires(Coremi) est publiée. Sur les 973 inscrits, seuls 490 seront indemnisés. Même déception chez les survivants militaires. Sur les 1463 inscrits, seuls un peu plus de trois cents seront retenus. Les victimes et ayants droits rejettent le processus de règlement unilatéral et réclament la mise en place d’une commission indépendante, la prise en charge des devoirs de justice et de vérité selon les principes de la justice transitionnelle, l’accomplissement des devoirs de mémoire et de réparation.
Le Passif toujours actif
Ainsi, plusieurs décennies après, la question du Passif humanitaire reste entière. L’impunité des bourreaux semble devenir le préalable des différents régimes qui se sont succédé, poussant plusieurs organisations de défense des droits de l’homme à se regrouper au sein d’un Comité préparatif des Journées de Souvenir aux Martyrs d’Inal, qui s’est traduit par le voyage historique à Inal les 27 et 28 novembre 2011. Pour les organisateurs "le rendez-vous d’Inal, au-delà de son sens symbolique, célèbre toutes les victimes des massacres racistes et s’adresse à l’ensemble des Mauritaniens".
Aujourd’hui, ce Comité ambitionne de se muer en instance nationale pour porter les revendications pour un règlement définit du passif humanitaire. L’objectif est de contribuer à une résolution globale du dossier d’ici décembre 2012. Première étape, interdite à vie dans l’appareil d’Etat l’exercice de toute fonction civile ou militaire aux responsables présumés de tortures, assassinats et déportation à caractère raciste, en attendant leur procès.
L’instance nationale devra faire la jonction entre l’expérience marocaine et sud-africaine en prenant en compte la spécificité mauritanienne. Elle vise le devoir de vérité, de justice, de réparation et de mémoire. Elle sollicitera l’expertise des organisations nationales et internationale des droits de l’homme, telles que la Commission africaine des droits de l’homme et le Comité pour l’éradication de la discrimination raciale (CERD), organisation desNations Unies siégeant à Genève qui ont tous deux adopté des résolutions sur les problèmes des réfugiés mauritaniens, du passif humanitaire, de l’esclavage et de la discrimination raciale.
Synthèse : JOB.
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