vendredi 9 mars 2018

09-03-2018 08:29 - Lettre au Président Aziz ● Par le Professeur FASSA Yerim


Lettre au Président Aziz ● Par le Professeur FASSA Yerim
FASSA Yerim - Grande a été ma satisfaction en lisant l’interview que vous avez accordé au magazine « Jeune Afrique » au mois de février 2018. 

Votre volonté immuable de protéger notre constitution, texte fondamental et historique vous ouvre les boulevards de la postérité des dignes fils de l'Afrique et du Monde arabe. Monsieur le Président, pour rappel, j'avais fait des prophéties lors de votre visite historique à Rosso au début de votre magistère, j’avais en effet prédit votre entrée dans l’histoire. Je vous avez comparé à certaines grandes figures telles Mohamed Ali Pasha, Général De GAULE, Eisenhower ou encore Nelson Mandela.

En effet, je disais que "En ma qualité de Professeur agrégé de médecine j’ai été très sensible à ces gestes nobles et je sais qu’avec vous si Allah nous donne longue vie il arriverait un jour que tous les soins et les médicaments seraient gratuits."

J'avais poursuivi en disant "...sans que vous ne le vouliez vous êtes rentré dans l’Histoire à l’instar de Charles De Gaulles, Churchill, Eisenhower..." J’avais été beaucoup et sévèrement critiqué et certains avaient même considéré que mon discours était exagéré. Ayant cerné votre vision lors de votre meeting à Arafat en juillet 2009 je pouvais présager sans risque de me tromper, sur toutes les ambitions fortes que vous aviez pour ce pays et pour sa jeunesse. 

Vous étiez le candidat du changement et vous disiez que "L’Administration sera à votre service, et les richesses de la Mauritanie, s’offriront à vous, en toute équité : dés notre victoire dont je ne doute point, la justice sociale sera une réalité tangible, et le changement constructif révolutionnera le cours de l’histoire de notre pays, qui ployait sous le joug de la gabegie et de la délinquance financière des barons de l’injustice". 

Vous insistiez en disant que "Le moment est venu de dire non au système honni du déni du citoyen et la voix du peuple le 18 juillet 2009, sera celle de notre victoire : les jeunes, les femmes, les pauvres et les exclus sont les acteurs et les bénéficiaires de ce changement constructif que l’on édifiera ensemble, dans la communion d’une véritable démocratie participative’’.

Voilà que tout ce que j’avais prédit s’est avéré juste. En respectant les dispositions de la constitution, vous allez sortir par la grande porte, la porte de l'honneur et de l'histoire, laissant un bilan largement positif dans tous les secteurs, notamment celui des infrastructures. Je ne citerai pas tout votre bilan, parce qu’il est visible. 

Le pays est de doté de plus 6000 km de route dont plus de 3200 km réalisés, ces 10 dernières années, prés de 2000 km en cours de réalisation et plus de 1800 km déjà programmés. En outre le projet du projet du pont de Rosso auquel je tenais beaucoup, la construction des ports, des aéroports, des aménagements agricoles et des équipements modernes et que sais-je encore sont autant de réalisations incontestables. Votre bilan illustre bien la justesse de votre vision et la tenue de votre promesse. 

Au delà des infrastructures visibles dont le pays est doté, vous avez insufflé dans l'esprit de chaque mauritanienne et de chaque mauritanien, le goût du travail bien fait, l'engagement pour l'unité de la patrie, la défense mordicus de notre souveraineté et la dynamique d'amélioration continue. Malgré les dures épreuves que vous avez connues, vous avez indéniablement réveillé en nous, le goût de l'engagement démocratique, du progrès, de l'endurance et de l'équité.

Votre volonté de quitter le pouvoir permettra irréversiblement l’ancrage d’une tradition démocratique de deux mandats présidentiels de cinq ans que personne ne pourra plus jamais violer.

Au plan diplomatique, le rayonnement international de notre pays est devenu une réalité. Votre présidence historique de l'Union Africaine, l'organisation du premier sommet Arabe en Mauritanie, votre leadership dans la sous région, votre voyage historique à Kidal, votre engagement pour la résolution pacifique de la crise gambienne, ainsi que la tenue en juin prochain du premier sommet de l'Union Africaine coïncidant avec le centenaire de Nelson Mandela dont je vous comparais sont de parfaites illustrations de cette nouvelle dynamique.

Dans un contexte sous régional incertain, vous avez entrepris avec brio la sécurisation du pays internationalement reconnu. Sur le plan de l’état civil vous nous avez dotés d’un système indéfectible et les imperfections des services de l'état civil vous ont conduit à donner des instructions fermes à ce que tous les citoyens mauritaniens soient enrôlés sans aucune restriction. Votre action a permis aujourd'hui la mise en œuvre d'un système d’état civil garantissant la fiabilité, l’intégrité et la sécurité des informations. 

Pour renfoncer nos instituions démocratiques et promouvoir l'autorité et les symboles de l'Etat vous avez soutenu les résolutions du dialogue national inclusif, ayant conduit à la suppression du sénat, à la création des conseils généraux, à la modification du drapeau et au remplacement de notre hymne national.

Face aux tergiversations monétaires dans la sous région et à la révolution de la cryptomonnaie notamment le bitcoin, votre proactivité a permis une nouvelle Ouguiya plus sûre, moins volumineuse, plus valeureuse et capable de faire face aux défis à venir.

Votre nom sera inconditionnellement et incontestablement lié à l'histoire de cette nation, je le dis, je persiste et je signe et sera gravé de façon indélébile dans la mémoire collective des mauritaniens. 

Après 10 ans à la tête de ce pays vous allez quitter la Présidence, laissant une nouvelle Mauritanie résolument orientée vers un futur prometteur. Je vous l'avais dit lors de la rencontre à l’hôpital d’Instruction des Armées de Percy où vous aviez été hospitalisé. Cette rencontre inopinée, n'avait pas été bien perçue par une partie de l'opinion. Certaines personnes vous avez déjà enterré et j’avais été beaucoup critiqué pour avoir dit que je vous avais vu et que j’avais fait les cent pas avec vous. D’aucun avait pensé que j’avais parlé parce que j’avais bénéficié de privilèges alors qu’il n’en était rien du tout.

Monsieur le Président, lors de l'audience que vous m'aviez accordé avec quelques cadres de la communauté wolof, nous vous avions présenté des doléances pour notre contribution à l'œuvre de construction nationale. En langage militaire, nous sommes au regret de constater qu'à ce jour, les promesses n'ont pas encore été tenues mais nous le mettrons dans le chantier des ouvrages à compléter. Je continue de croire en vos capacités d'inclusion de toutes les franges nationales pour une Mauritanie juste, forte et indivisible.

Votre successeur à la tête de ce pays, devra être armé d’endurance, d’équité, de courage, etc.…. parce que vous avez mis la mis la barre très haut. Si vous me le permettez, je vous suggère de ne soutenir aucun candidat et de vous mettre au dessus de la mêlée. 

Vous devez saisir Monsieur le Président et ancien frère d’arme, l’opportunité de cette porte dorée du départ pour apaiser les tensions, trouver des consensus et dialoguer avec les principaux acteurs de la société civile et de l’opposition démocratique.

Ainsi je viens d’éclairer l’opinion publique sur ces faits dont je suis le seul initiateur et responsable.

Le Professeur FASSA Yerim
Médecin colonel à la retraite
Ancien maire de Rosso




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Source : FASSA Yerim

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