Le Figaro - Depuis 2009, ce rallye-raid fait recette en sillonnant les déserts africains délaissés par l’épreuve mythique. 4 janvier 2008. Journée noire pour le Dakar. Pour la première fois depuis sa création en 1978, l’épreuve est annulée.
La menace djihadiste et un climat d’insécurité quatre jours après l’assassinat de quatre Français en Mauritanie ont poussé l’organisateur ASO (Amaury Sport Organisation) à renoncer à la course. Dès l’année suivante, le rallye-raid trouvera refuge en Amérique du Sud.
Mais en Afrique aussi, l’aventure continue. Depuis 2009, l’Africa Eco Race a repris le flambeau laissé par son aîné qui n’envisage plus de revenir sur son terrain de jeu d’origine, même à moyen terme. « C’est encore beaucoup trop risqué », martèle chaque année Étienne Lavigne, le patron de l’épreuve.
Une caravane de 650 personnes mais un rallye-raid à taille humaine
Pour la 10e édition de l’Africa Eco Race, près de 200 pilotes et copilotes, un record, paraderont à Monaco le 31 décembre, avant d’embarquer à Sète pour rallier Nador (Maroc) et s’élancer, le 2 janvier, en direction du mythique lac Rose au Sénégal (arrivée le 14 janvier) après avoir traversé la Mauritanie, poumon historique de l’épreuve fondée par Thierry Sabine.
Un périple de douze étapes et 6 500 km à travers le désert attend une caravane de près de 650 personnes. On est bien loin des débuts difficiles de 2009, lorsque 17 équipages seulement s’étaient élancés dans la catégorie autos. « Au début, on nous prenait pour des fous, des pestiférés.
C’était mission impossible juste après le retrait du Dakar de lancer une nouvelle course là-bas », se souvient Jean-Louis Schlesser qui a imaginé cette épreuve en compagnie de René Metge et Hubert Auriol, à la demande des pays africains.
« On grandit chaque année un peu plus. Le Dakar finira par se casser la gueule. Pourquoi ? Parce qu’on a le désert avec nous », assure le double vainqueur du Dakar (1999-2000) et sextuple vainqueur de l’Africa Eco Race (de 2009 à 2014).
Lorsqu’il s’est lancé dans ce défi, le trio Schlesser-Metge-Auriol n’avait qu’une ambition : retrouver le souffle du feu Dakar africain en restaurant l’esprit de course de Thierry Sabine qui s’était évaporé au fil des éditions. « Quand on parlait du Dakar à l’époque, c’était l’aventure avec un grand A et la navigation avec un grand N. On s’élançait dans l’étape avec le ventre noué.
Le Dakar, aujourd’hui, c’est du WRC : tu suis une piste tracée et quand tu as un pépin, il y a toujours quelqu’un qui arrive pour t’aider… », égratigne l’ancien pilote des 24 Heures du Mans.
Ce qu’ils ont fait là-bas est tout sauf l’esprit du Dakar.
Liaisons presque inexistantes (elles sont quasiment quotidiennes sur le Dakar), pistes sablonneuses et cordons de dunes en pagaille, l’Africa Eco Race se donne des airs de Dakar des années 1980. « On retrouve ce goût pour la solidarité avec de vrais bivouacs, en plein désert, et pas avec des campements sur des aérodromes ou des bases militaires », se félicite le patron de la course.
Le retour aux sources remporte du succès, même s’il est compliqué de se battre à armes égales face à la puissante ASO (le Dakar s’élancera du Pérou le 6 janvier). Une partie des participants qui avaient traversé l’Atlantique, comme le motard Pal Anders Ullevalseter (9 top 10 sur le Dakar et une fois 2e) ou Vladimir Vasilyev (5e du Dakar en 2015 au volant d’une Mini) commence à revenir vers l’Afrique.
Les constructeurs, eux, demeurent pour le moment en Amérique du Sud. « Les premières années, il y a eu une excitation légitime de la part de nombreux concurrents de découvrir ces territoires nouveaux, avoue l’homme de 69 ans qui connaît bien l’Amérique du Sud pour y avoir remporté quatre épreuves. Mais ce qu’ils ont fait là-bas est tout sauf l’esprit du Dakar. »
Quid des risques liés à la sécurité ? La direction de l’Africa Eco Race, une course encore peu médiatisée (diffusée cette année sur Eurosport), affirme n’avoir jamais reçu de menaces. « On a un peu trop diabolisé ce continent. Certains veulent faire croire que les risques sont insurmontables.
Le taux de criminalité en Amérique du Sud n’est pas moins élevé qu’en Afrique. Le terrorisme peut frapper partout dans le monde, mais nous faisons tout pour minimiser les risques », affirme Jean-Louis Schlesser.
Le Maroc et le Sénégal mettent leur armée à disposition, et la Mauritanie engage même les forces spéciales présidentielles pour sécuriser le convoi. Un dispositif suffisant pour l’épreuve, qui reste encore à taille humaine. Pour le Dakar et son barnum de 2 800 personnes, l’organisation sur le sol africain avec le poids de la menace terroriste avait atteint un niveau de complexité infernal.
« Les pays africains ont tellement investi pendant des années que c’était normal qu’on leur renvoie l’ascenseur. Ils veulent prouver qu’il n’est pas si dangereux que ça de venir dans leur pays », poursuit Schlesser.
30% des concurrents impliqués dans une action humanitaire
Pour grandir, l’Africa Eco Race a également dû s’adapter aux nouvelles contraintes de notre époque. 30 % des concurrents sont impliqués dans des actions humanitaires et 1 000 lampes solaires construites au Burkina Faso seront offertes à des enfants sur place.
Une partie de la logistique de l’organisation est alimentée par des panneaux photovoltaïques et les huiles de vidange sont récupérées pour être recyclées en France.
Le rallye-raid s’ouvre aussi aux technologies du futur avec la création d’une catégorie expérimentale exploitant les énergies alternatives. Des engagements inimaginables il y a trente ans lorsque le regretté Thierry Sabine dirigeait les opérations, mais aujourd’hui indispensables pour exister dans le monde en pleine mutation de la course automobile.
La menace djihadiste et un climat d’insécurité quatre jours après l’assassinat de quatre Français en Mauritanie ont poussé l’organisateur ASO (Amaury Sport Organisation) à renoncer à la course. Dès l’année suivante, le rallye-raid trouvera refuge en Amérique du Sud.
Mais en Afrique aussi, l’aventure continue. Depuis 2009, l’Africa Eco Race a repris le flambeau laissé par son aîné qui n’envisage plus de revenir sur son terrain de jeu d’origine, même à moyen terme. « C’est encore beaucoup trop risqué », martèle chaque année Étienne Lavigne, le patron de l’épreuve.
Une caravane de 650 personnes mais un rallye-raid à taille humaine
Pour la 10e édition de l’Africa Eco Race, près de 200 pilotes et copilotes, un record, paraderont à Monaco le 31 décembre, avant d’embarquer à Sète pour rallier Nador (Maroc) et s’élancer, le 2 janvier, en direction du mythique lac Rose au Sénégal (arrivée le 14 janvier) après avoir traversé la Mauritanie, poumon historique de l’épreuve fondée par Thierry Sabine.
Un périple de douze étapes et 6 500 km à travers le désert attend une caravane de près de 650 personnes. On est bien loin des débuts difficiles de 2009, lorsque 17 équipages seulement s’étaient élancés dans la catégorie autos. « Au début, on nous prenait pour des fous, des pestiférés.
C’était mission impossible juste après le retrait du Dakar de lancer une nouvelle course là-bas », se souvient Jean-Louis Schlesser qui a imaginé cette épreuve en compagnie de René Metge et Hubert Auriol, à la demande des pays africains.
« On grandit chaque année un peu plus. Le Dakar finira par se casser la gueule. Pourquoi ? Parce qu’on a le désert avec nous », assure le double vainqueur du Dakar (1999-2000) et sextuple vainqueur de l’Africa Eco Race (de 2009 à 2014).
Lorsqu’il s’est lancé dans ce défi, le trio Schlesser-Metge-Auriol n’avait qu’une ambition : retrouver le souffle du feu Dakar africain en restaurant l’esprit de course de Thierry Sabine qui s’était évaporé au fil des éditions. « Quand on parlait du Dakar à l’époque, c’était l’aventure avec un grand A et la navigation avec un grand N. On s’élançait dans l’étape avec le ventre noué.
Le Dakar, aujourd’hui, c’est du WRC : tu suis une piste tracée et quand tu as un pépin, il y a toujours quelqu’un qui arrive pour t’aider… », égratigne l’ancien pilote des 24 Heures du Mans.
Ce qu’ils ont fait là-bas est tout sauf l’esprit du Dakar.
Liaisons presque inexistantes (elles sont quasiment quotidiennes sur le Dakar), pistes sablonneuses et cordons de dunes en pagaille, l’Africa Eco Race se donne des airs de Dakar des années 1980. « On retrouve ce goût pour la solidarité avec de vrais bivouacs, en plein désert, et pas avec des campements sur des aérodromes ou des bases militaires », se félicite le patron de la course.
Le retour aux sources remporte du succès, même s’il est compliqué de se battre à armes égales face à la puissante ASO (le Dakar s’élancera du Pérou le 6 janvier). Une partie des participants qui avaient traversé l’Atlantique, comme le motard Pal Anders Ullevalseter (9 top 10 sur le Dakar et une fois 2e) ou Vladimir Vasilyev (5e du Dakar en 2015 au volant d’une Mini) commence à revenir vers l’Afrique.
Les constructeurs, eux, demeurent pour le moment en Amérique du Sud. « Les premières années, il y a eu une excitation légitime de la part de nombreux concurrents de découvrir ces territoires nouveaux, avoue l’homme de 69 ans qui connaît bien l’Amérique du Sud pour y avoir remporté quatre épreuves. Mais ce qu’ils ont fait là-bas est tout sauf l’esprit du Dakar. »
Quid des risques liés à la sécurité ? La direction de l’Africa Eco Race, une course encore peu médiatisée (diffusée cette année sur Eurosport), affirme n’avoir jamais reçu de menaces. « On a un peu trop diabolisé ce continent. Certains veulent faire croire que les risques sont insurmontables.
Le taux de criminalité en Amérique du Sud n’est pas moins élevé qu’en Afrique. Le terrorisme peut frapper partout dans le monde, mais nous faisons tout pour minimiser les risques », affirme Jean-Louis Schlesser.
Le Maroc et le Sénégal mettent leur armée à disposition, et la Mauritanie engage même les forces spéciales présidentielles pour sécuriser le convoi. Un dispositif suffisant pour l’épreuve, qui reste encore à taille humaine. Pour le Dakar et son barnum de 2 800 personnes, l’organisation sur le sol africain avec le poids de la menace terroriste avait atteint un niveau de complexité infernal.
« Les pays africains ont tellement investi pendant des années que c’était normal qu’on leur renvoie l’ascenseur. Ils veulent prouver qu’il n’est pas si dangereux que ça de venir dans leur pays », poursuit Schlesser.
30% des concurrents impliqués dans une action humanitaire
Pour grandir, l’Africa Eco Race a également dû s’adapter aux nouvelles contraintes de notre époque. 30 % des concurrents sont impliqués dans des actions humanitaires et 1 000 lampes solaires construites au Burkina Faso seront offertes à des enfants sur place.
Une partie de la logistique de l’organisation est alimentée par des panneaux photovoltaïques et les huiles de vidange sont récupérées pour être recyclées en France.
Le rallye-raid s’ouvre aussi aux technologies du futur avec la création d’une catégorie expérimentale exploitant les énergies alternatives. Des engagements inimaginables il y a trente ans lorsque le regretté Thierry Sabine dirigeait les opérations, mais aujourd’hui indispensables pour exister dans le monde en pleine mutation de la course automobile.
Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité
Source : Le Figaro (France)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire