jeudi 21 juin 2012

Vente de journaux : Un métier ardu et ingrat en Mauritanie


Au centre ville à Nouakchott, des dizaines de vendeurs de journaux se bousculent dans un mouchoir de poche, sur un rayon d’environ 1 kilomètre carré. Installés prés du marché de la Capitale, aux alentours des banques, des ministères et du rond point de la BMD, ils tendent des bouts de journaux, fanés par le soleil, à côté de paquets de cartes de recharges téléphoniques, érigés en activité principale.

Ici à Nouakchott, on parle d’exposition de journaux destinés à la vente, et non de vente à la criée, comme il est d’habitude dans les rues du Caire ou de Washington. La plupart des vendeurs n’ont jamais reçu en fait de formation pour ce genre de métier et ne connaissent même pas le contenu de ce qu’ils vendent.

Ils demeurent malgré tout, une activité rentable pour plusieurs jeunes vomis par la pauvreté et ayant fui l’enfer d’une vie là-bas dans le triangle de la misère. De plus en plus d’étrangers exercent également la vente de journaux couplés à la vente de cartes téléphoniques.

Silhouette dépenaillée, un turban noirci par le soleil et les intempéries sur la tête, de jeunes vendeurs arpentent l’espace compris entre la place des ex-blocs, les banques attenantes à l’Avenue Nasser, en passant devant les ministères de l’Education et de la santé, pour finir en boucle au carrefour BMD. Les plus vieux ont choisi carrément la chaussée pour y étaler les journaux, que seuls quelques cailloux protègent des rafales d’air.

Amadou Diallo, un Guinéen est depuis six mois dans le métier. Tous les jours, il arpente les avenues les plus fréquentées du carré, les bras lestés de quelques journaux. "J’étais marchand ambulant et j’ai déjà essayé plusieurs marchandises ; pour moi, la vente des journaux est la plus rentable" témoigne-t-il. Les yeux rivés sur les passants, ils se contentent de brandir les titres les plus connus, muets comme une carpe. "Je vends souvent une centaine de journaux par jour, avec 35 UM sur chaque journal vendu, mais le travail n’est pas facile, avec surtout cette chaleur sous laquelle je suis obligé de me déplacer à la recherche de la clientèle ".

Assis sous une tente dressée devant le ministère de l’Education nationale, MOD, un quadragénaire est de bon avenant. Ils supervisent une dizaine de titres locaux, avec des magazines, classés avec ordre à même le sol. Pour lui, la vente de journaux n’est pas un métier d’avenir, surtout avec l’émergence de la télévision satellitaire et d’Internet.

"Mais certains journaux ont leur public" soupire-t-il. Un groupe de personne entoure ses joyaux, les yeux concentrés sur la marchandise. Certains clients préfèrent lire les titres étalés, puis s’en vont. Parfois, des débats s’improvisent là, sur le pavé. C’est l’occasion pour certains de faire étalage de leurs connaissances sur tel ou tel sujet d’actualité. D’autres se contentent d’écouter les commentaires, pour ensuite nourrir le "Chtari" en répercutant ce qu’ils ont entendus ailleurs, dans leur quartier ou même au village.

Ces séances de rinçage des yeux sur les titres exposés au sol, est également un bon prétexte pour s’informer, boire un verre de thé. Limam Mohamed, étudiant à l’université de Nouakchott, n’arrête pas de murmurer certains titres, indécis sur le journal qu’il devra acheter. " Mon choix n’est pas si compliqué, il ya des titres intéressants qui me donnent envie d’acheter. Le journal m’informe plus et m’épargne les chaleurs torrides des cybers qui me retardent souvent ".

Mohamed Abdellahi Dahhy (Stagiaire)





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