vendredi 8 juin 2012
Si l’unité nationale constitue le fondement de toute nation, elle doit être bâtie sur un socle solide avec des matériaux capables de résister à l’usure et aux secousses imprévisibles.Même dans un pays socialement et linguistiquement homogène, il y a toujours des différences qui s’expriment à travers des particularismes et des nuances non négligeables et dont l’indifférence à les prendre en compte pourrait entrainer des désagréments porteurs de dérives incontrôlables. Il arrive que derrière une relative accalmie dans la coexistence pacifique entre les citoyens que beaucoup de valeurs unissent, surgissent des divergences entretenues par des contradictions non réglées ou mal réglées. Il arrive aussi que par l’autisme des dirigeants, leur incivisme et leur irresponsabilité que des problèmes qui auraient pu être réglés de manière concertée et hautement citoyenne, soient biaisées ou contournes au point de dégénérer. La Mauritanie serait un pays monolingue, « monoculturel », « monoracial » et même « monotribal », elle ne serait pas à l’abri de déchirements à caractère sociopolitique. Etant donné son caractère multiculturel multiethnique et multilinguistique, comment ne pas prendre très au sérieux la problématique d’un Etat unitaire face aux défis de la question de l’unité nationale ? Comment continuer à plâtrer les cassures au lieu de les soigner de façon durable voire définitive ? Comment à chaque fois laisser les occasions historiques passer sans saisir les opportunités pour résoudre les crises identitaires qui traversent en lame de fonds ce pays depuis les indépendances et dont la résurgence fait toujours des dégâts. Nous avons en mémoire tous les douleurs événements à caractère racial qui sont survenus dans ce pays et qu’en aucun moment des solutions idoines n’ont été trouvées pour les régler. En 1966 le pays tout entier a été ébranlé par une secousse identitaire ayant pris sources dans les tensions survenues dans les milieux scolaires, durant toute la décennie des années 1970, des grèves sur fond de frustrations communautaires dues aux choix des systèmes éducatifs dans les écoles, en 1989 ce sont des conflits intercommunautaires qui ont réveillé les démons de la haine raciale et causé des préjudices irréparables ; les agitations de l’année dernière dans les campus et tout récemment les violences consécutives à l’enrôlement sont autant de faits graves qui remettent à chaque fois en cause les fragiles rapports communautaires . Faut-il continuer à attiser le feu pour un oui ou pour un nom au lieu de prévenir et contenir les rancunes par l’ancrage d’une culture citoyenne dans l’administration publique , privée , dans les écoles, les airs de jeux, dans les institutions politiques comme les deux chambres où les tensions épidermiques doivent être gérées par le bon exemple des élus eux –mêmes. Des erreurs, des torts , des injustices ont été commises et continuent de l’être à l’endroit des composantes marginalisées du pays. Comment comprendre que dans les fréquences radios et télévisions on n’accorde aucune licence à l’une des communautés nationales autre qu’arabophone ? Est-ce là le bon exemple de patriotisme et de promotion de l’unité dans la diversité ?
Pourquoi encore cet éternel dosage peu concentré qu’on sert aux autres communautés comme une pitoyable charité au lieu de prendre en compte des critères de compétence et d’intégrité ? Et comme si revendiquer ses droits est un crime , on accuse tous ceux qui réclament justice de pire ennemis de l’unité nationale alors qu’on trouve normal de piétiner le droit à la différence ?
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