mardi 5 juin 2012

Déclaration de Ely sur les déportations : Étonnant silence de la COD


« Aucun citoyen mauritanien n'a été déporté. »

Question : « De quelles nationalité sont donc ceux qui sont revenus dans le cadre du retour organisé ? » Réponse : « Il faut demander celui qui les a fait retourner. » C’est l’extrait, tel que transcris par des sites électroniques, d’un échange entre Ely Ould Mohamed Vall et un journaliste sur la radioMauritanide FM.

Le Colonel Ely Ould Mohamed Vall a été ; pendant une vingtaine d’années, le numéro deux de fait du régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Il était directeur de la sûreté. C’est pendant ces années que des milliers de mauritaniens négro-africains ont été déportés vers le Sénégal et le Mali.

A la faveur d’un accord tripartite signé entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR, plus de vingt mille mauritaniens refugiés au Sénégal sont revenus dans leur pays de manière volontaire et organisée. Ely Ould Mohamed Vall était candidat à l’élection présidentielle de 2009. Il a fait 3% des suffrages. Que se serait-il passé s’il avait été élu ?

Les refugiés déjà de retour a cette époque, allaient-ils être reconduits aux frontières. « Il faut demander celui qui les a fait retourner.» On va demander d’abord a Sidi Ould Cheikh Abdallahi, c’est sous son régime que les premiers contingents de refugiés sont revenus, ensuite a Aziz, c’est sous son règne que se sont poursuivies les opérations de retour.

Ely Ould Mohamed Vall a toujours des ambitions politiques. Il est actuellement membres de laCoordinations de l’opposition démocratique (COD) ; il assiste aux meetings. On lui prête des ambitions présidentielles. Au-delà de leur dimension négationniste, les propos de Ely sont, pour lui, politiquement, catastrophiques. A l’heure ou nous mettons sous presse, Ely n’a pas exprimé de regret, il n’a pas essayé de recadrer ses propos, il n’a pas nié…

A part quelques articles de presse, parfois anonymes, les déclarations de Ely sur Mauritanide FM n’ont quasiment pas suscité de réaction. Le processus de rapatriement des refugiés mauritaniens qui se trouvaient au Sénégal a été « clôturé » en grande pompe récemment. Ils sont plus de vingt mille. Ely, visiblement, doute de leur nationalité. Il l’a dit publiquement. Le pouvoir n’a pas réagi, la société civile non plus…

Mais, la grande bizarrerie, dans cette affaire, c’est le silence des partis de la coordination de l’opposition démocratique. Aucun leader de la COD ne s’est démarqué des propos de Ely. Être membre de la COD, être opposé a Ould Abdel Aziz, est-ce un blanc seing pour toute sorte de dérives verbales ? La Cod n’a même pas demandé clarification a Ely.

Ely a-t-il changé ?

En juillet 2009, à quelques jours du scrutin présidentiel, dans les colonnes de l’Eveil Hebdo, Ely, avait, entre autres, répondu a ces deux questions.

« Les organisateurs d’une marche présentée comme celle de la communauté negro-mauritanienne ont dénoncé le 14 juin à Nouakchott votre candidature au scrutin 18 juillet prochain. Comment réagissez-vous à cela ?

Ely Ould Mohamed Vall : Je pense que ce type de manœuvre politicienne porte en lui les germes de sa destruction. Au lieu de servir ces instigateurs, il créera leur rejet vis-à-vis de l’opinion. Quant à moi, je ne me sens pas visé par ces marches. Mon dossier est suffisamment connu par les uns et les autres.

Vous vous dites favorable au retour de Ould Taya, alors que le passif humanitaire de son régime est encore loin d’être soldé et que certains organismes de défense des droits humains demandent même à ce qu’il soit traduit devant la justice. Ne risquez-vous pas de faire encore des mécontents ? 

Ely Ould Mohamed Vall : Durant la transition à laquelle tout le monde a contribué, des textes et des lois ont été établis. Les questions les plus délicates ont été abordées. Le reste a été récemment mis en place par le gouvernement de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et l’équipe du HCE. Nous pensons que toutes les questions relatives au passif humanitaire ont été traitées dans l’intérêt suprême du pays. Par ailleurs, personne ne remet en cause la citoyenneté de cet ancien Président et les réalisations de son régime. »

Alors, Ely a-t-il changé ?

Khalilou Diagana






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