vendredi 26 août 2011

Ramadan: Dernier virage avant... la fête



Les pères de familles ont tendance à dire, pour se consoler, que le Ramadan, malgré la multiplication de ses dépenses, apporte avec lui son bien (rizghou). Ce qui est vrai, par expérience.

Mais à l’amorce du dernier virage de ce mois béni que tous les musulmans, bons, moins bons et « mauvais » mettent à profit pour se conformer, autant que faire se peut, avec les préceptes de l’Islam, les regards – et les esprits – se tournent déjà vers la fête de Id El Vitr qui constitue l’apothéose dépensière de ces 29 ou 30 jours de jeûne.

Déjà, l’on ne regarde plus derrière nous, pour mesurer l’ampleur des « dégâts » causés par les dépenses du Ramadan, mais devant avec cette question étouffante : Comment faire ?
Pour faire fasse à des dépenses autrement plus importantes que celles déjà engagées : l’incontournable mouton, les habits des enfants et de Madame, les « soutiens » aux parents et amis dans le besoin, mais surtout, la facture salée du boutiquier du coin, qui ne peut attendre.

Ce tableau est rendu encore plus sombre par une situation économique vraiment pas reluisante. Tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que rien ne va, malgré la forte propagande menée par les ministres qui, profitant de leurs congés annuels, ont fait une tournée à l’intérieur du pays pour dire que la Mauritanie vit son « âge d’or ».

C’est d’ailleurs ce qui se lit dans le message que le gouvernement cherche à faire passer à travers les médias publics. La TVM nous montre, chaque nuit, le ministre du Commerce ouvrant UNE boutique dans un coin perdu (minutieusement choisi) pour que l’insouciance des premiers moments du mois béni de Ramadan soit oubliée par l’ampleur exagérément amplifiée que l’on tente de donner à l’opération de Solidarité ressuscitée.

Dans ce registre, tous les moyens sont bons pour que le gouvernement valorise une action dont certains axes remontent à plusieurs mois déjà. Une action qui peut avoir des répercussions négatives sur l’image que le pouvoir veut se forger, par le fait même que le tintamarre sur les « réalisations » du président Mohamed Ould Abdel Aziz ne résiste pas à la pression exercée sur les populations par la cherté de la vie.

Bien avant même la venue du mois de Ramadan dont l’avantage, évoqué plus haut, est qu’il apporte avec lui bonheur et prospérité qui sont les Grâces divines rendant son jeûne plus supportable que la privation vécue, en temps normal, par 46% de mauritaniens classés pauvres parmi les pauvres, suivant le profil mondial de la pauvreté.

Mais il faut plus qu’un Ramadan, qui, même s’il tombe cette année dans un contexte de crise économique aiguë, pour faire bouger les mauritaniens contre une situation des plus intenables. Que les prix atteignent la hauteur de l’Himalaya ou de l’Everest, que les boutiques de «Solidarité » ferment, laissant les citoyens pauvres face à leurs commerçants-bourreaux, rien n’y fera : Les printemps arabes, cela se passe ailleurs. Ici, c’est la Mauritanie.

Sneiba Mohamed






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