De multiples hommages ont été rendus, après son décès, àAbdoul Aziz Sall. On a parlé du cursus de l’homme, de sa carrière politique. De la morgue à son domicile, à l’issue de l’inhumation, des hommes et des femmes ont rivalisé d’ardeur sincère pour évoquer Baba Aziz comme nous l’appelions, quelque soit le degré de parenté qui pouvait nous lier à lui.
Je ne saurais alors rendre hommage mieux que j’en ai entendu. Pourtant il nous semblait tous que Sall Abdoul Aziz avait été oublié par ses compatriotes tant sa retraite dans son modeste domicile de l’Ilot V était marquée par un silence volontaire et une méditation religieuse seulement rompue par la rédaction de ses Mémoires tapée sur une vielle machine à écrire mécanique datant des années 70.
Beaucoup de mauritaniens ignoraient, en passant devant cette demeure anonyme que le maître du céans fut parmi les bâtisseurs de cette République ; qu’il chemina cote à cote avec Moktar Ould Daddah jusqu’à leur chute le 10 juillet 1978.
Je ne saurais alors rendre hommage mieux que j’en ai entendu. Pourtant il nous semblait tous que Sall Abdoul Aziz avait été oublié par ses compatriotes tant sa retraite dans son modeste domicile de l’Ilot V était marquée par un silence volontaire et une méditation religieuse seulement rompue par la rédaction de ses Mémoires tapée sur une vielle machine à écrire mécanique datant des années 70.
Beaucoup de mauritaniens ignoraient, en passant devant cette demeure anonyme que le maître du céans fut parmi les bâtisseurs de cette République ; qu’il chemina cote à cote avec Moktar Ould Daddah jusqu’à leur chute le 10 juillet 1978.
On avait l’impression que tous s’étaient donné le mot pour respecter la retraite du vieil homme dont les seules sorties régulières étaient pour prendre le chemin de la mosquée saoudienne à un jet de pierre de la maison.
Lorsqu’on l’interrogeait sur les choses politiques, invariablement il gardait sa réserve.
A une occasion, on l’avait entendu dire qu’il n’appartenait pas à des hommes de sa génération de s’impliquer encore dans la politique car les époques avaient changé et chacune d’elle comportait ses exigences et ses projections d’avenir et qu’il appartenait aux nouvelles générations d’imprimer de nouveaux cours à la vie du pays selon les exigences du moment.
Sa vieille machine à écrire devait en être surement le témoin. Cette posture lui a assurément valu respect, considération et affection qui ont explosé à l’annonce de son décès.
J’ai assisté, écrasée par l’émotion, à des scènes que je ne pensais plus revivre pour le restant de mes jours. Il me semblait revenue aux années de ma tendre enfance.
Voir réunie dans cette maison, la Mauritanie plurielle de toutes les générations dans une communion de douleur, fut un moment fort qui n’a échappé à personne. Des hommes et des femmes qui ne s’étaient pas vus depuis des décennies, malgré pourtant des proximités affectives qui les liaient, fondaient en larmes dans les bras des uns et des autres.
Je me suis interrogée pour me convaincre que peut-être ce n’est plus la mort de Baba Aziz qui les faisait pleurer mais l’absurdité d’une situation politique de division qui les avait tenus éloignés les uns des autres, confinés qu’ils étaient dans une complicité passive dont aujourd’hui, brutalement, il découvre l’absurdité.
Peut-être aussi que la honte avait envahi les cœurs et les esprits. Nul ne peut dire qui était là parce que tous étaient là ; toute la Mauritanie dans sa diversité ethnique, sociale.
L’échiquier politique dans son ensemble était là. Le gouvernement aussi. Citer les noms serait une erreur car comme dit l’adage « qui veut dénombrer par le nom pêche par défaut car le risque d’oubli est certain ».
Tous ont semblé avoir exorcisé la peur, la méfiance et chacun s’était approprié le malheur qui venait de frapper la famille Sall. Au nom de que doit être une Nation. Baba Aziz, dans son adieu, venait de créer une situation forte. Il n’appartient plus qu’à nous tous de rétablir cette merveilleuse communauté de destin qui n’aurait jamais dû déserter les cœurs.
Une communauté de destin soutenue et renforcée par l’égalité, la fraternité, la justice dont seules nos consciences peuvent être juges de la sincérité.
Perpétuons, de grâce, l’image et le sens de la communion de ces trois jours de deuil vécus. Et il n’y avait aucun simulacre. Ceux qui l’ont vécu témoigneront.
D’autres rassemblements, heureux ou malheureux, ont surement connu pareil contexte mais je ne peux témoigner que de ce que j’ai vécu ces jours-là. Et chacun devrait pouvoir témoigner sur les évènements divers que nous vivons parce qu’on compte aussi et surtout.
Je ne suis pas politique parce que n’y comprenant rien dans cette cacophonie mais j’ai exprimé ce que j’ai ressenti et je pense que nous avons aussi droit à une parcelle de parole, nous qui ne savons rien d’internet et à peine savons-nous lire et écrire et qui sommes confinés au seul rôle d’observateurs passifs.
Je demande pardon à ceux qui pourraient être contrariés par mes propos mais à leur égal, je dis aussi ce que je pense du fond du cœur à l’image de la multitude qui s’en est retournée chez elle, muette. Assalam Aleikoum.
Oumou Kamtome Alioune DIOP PATHE,
ménagère.
Traduit du puular par Thierno Ousmane Gaye,
fonctionnaire à la retraite.
Lorsqu’on l’interrogeait sur les choses politiques, invariablement il gardait sa réserve.
A une occasion, on l’avait entendu dire qu’il n’appartenait pas à des hommes de sa génération de s’impliquer encore dans la politique car les époques avaient changé et chacune d’elle comportait ses exigences et ses projections d’avenir et qu’il appartenait aux nouvelles générations d’imprimer de nouveaux cours à la vie du pays selon les exigences du moment.
Sa vieille machine à écrire devait en être surement le témoin. Cette posture lui a assurément valu respect, considération et affection qui ont explosé à l’annonce de son décès.
J’ai assisté, écrasée par l’émotion, à des scènes que je ne pensais plus revivre pour le restant de mes jours. Il me semblait revenue aux années de ma tendre enfance.
Voir réunie dans cette maison, la Mauritanie plurielle de toutes les générations dans une communion de douleur, fut un moment fort qui n’a échappé à personne. Des hommes et des femmes qui ne s’étaient pas vus depuis des décennies, malgré pourtant des proximités affectives qui les liaient, fondaient en larmes dans les bras des uns et des autres.
Je me suis interrogée pour me convaincre que peut-être ce n’est plus la mort de Baba Aziz qui les faisait pleurer mais l’absurdité d’une situation politique de division qui les avait tenus éloignés les uns des autres, confinés qu’ils étaient dans une complicité passive dont aujourd’hui, brutalement, il découvre l’absurdité.
Peut-être aussi que la honte avait envahi les cœurs et les esprits. Nul ne peut dire qui était là parce que tous étaient là ; toute la Mauritanie dans sa diversité ethnique, sociale.
L’échiquier politique dans son ensemble était là. Le gouvernement aussi. Citer les noms serait une erreur car comme dit l’adage « qui veut dénombrer par le nom pêche par défaut car le risque d’oubli est certain ».
Tous ont semblé avoir exorcisé la peur, la méfiance et chacun s’était approprié le malheur qui venait de frapper la famille Sall. Au nom de que doit être une Nation. Baba Aziz, dans son adieu, venait de créer une situation forte. Il n’appartient plus qu’à nous tous de rétablir cette merveilleuse communauté de destin qui n’aurait jamais dû déserter les cœurs.
Une communauté de destin soutenue et renforcée par l’égalité, la fraternité, la justice dont seules nos consciences peuvent être juges de la sincérité.
Perpétuons, de grâce, l’image et le sens de la communion de ces trois jours de deuil vécus. Et il n’y avait aucun simulacre. Ceux qui l’ont vécu témoigneront.
D’autres rassemblements, heureux ou malheureux, ont surement connu pareil contexte mais je ne peux témoigner que de ce que j’ai vécu ces jours-là. Et chacun devrait pouvoir témoigner sur les évènements divers que nous vivons parce qu’on compte aussi et surtout.
Je ne suis pas politique parce que n’y comprenant rien dans cette cacophonie mais j’ai exprimé ce que j’ai ressenti et je pense que nous avons aussi droit à une parcelle de parole, nous qui ne savons rien d’internet et à peine savons-nous lire et écrire et qui sommes confinés au seul rôle d’observateurs passifs.
Je demande pardon à ceux qui pourraient être contrariés par mes propos mais à leur égal, je dis aussi ce que je pense du fond du cœur à l’image de la multitude qui s’en est retournée chez elle, muette. Assalam Aleikoum.
Oumou Kamtome Alioune DIOP PATHE,
ménagère.
Traduit du puular par Thierno Ousmane Gaye,
fonctionnaire à la retraite.
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