samedi 27 août 2011

Mali recherche le développement pour lutter contre Al Qaida



Le gouvernement malien redouble d'efforts pour réduire la pauvreté et le chômage dans les régions du nord du pays, avec pour objectif de diminuer l'emprise d'Al Qaida au Maghreb Islamique.

Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le nord du Mali (PSPSDN) se concentrera sur TombouctouKidal et Gao. Ces régions abritent de vastes communautés touaregs et arabes, porteuses d'une longue histoire de tension dans leurs relations avec le Gouvernement de Bamako.

C'est le président malien Amadou Toumani Toure qui a lancé ce programme en date du 9 août. Ce projet durera jusqu'en juin 2012 avec un budget total de 32 milliards de francs CFA (approximativement 50 millions d'euros).
L'initiative sera soutenue par plusieurs partenaires internationaux, dont l'UE, la Banque Mondiale, le Programme de Développement des Nations-Unies et, entre autres, l'Algérie, la France et les Etats-Unis.

"Le développement a toujours été l'étape permettant de contrer la menace du terrorisme dans une région souffrant de la pauvreté et des troubles sécuritaires", a déclaré le présidentToure"Nous sommes convaincus que les opérations militaires seules ne sont pas suffisantes pour mettre un terme aux menaces d'Al Qaida dans le Sahel, qui représente un quart du continent africain".

Le gouvernement malien a également annoncé que ce projet de développement serait accompagné d'un renforcement aux niveaux sécuritaire et militaire, et ce afin d'empêcherAQMI de se mélanger à la population locale, consistant d'éleveurs et de bergers.

L'Algérie projette d'avancer une contribution de 10 millions de dollars destinée au secteur de la santé et aux programmes de formation professionnelle pour les jeunes habitants du nord malien. Le pays surveille également la mise en place d'une force de sécurité constituée de 75 000 hommes avec la contribution du Niger et de la Mauritanie.

L'analyste Mohamed Said déclare que "ce n'est pas une surprise que le gouvernement algérien ait été l'un des premiers à soutenir un tel projet. Parce que cela lui donne l'opportunité de se montrer efficace dans la guerre contre Al Qaida dans la région".

Sidi Ould Nakli, habitant de Tombouctou et membre de la tribu des Lebrabich arabes dans le nord du Mali et certaines parties de la Mauritanie, déclare que les résidents de la région"accueillent à bras ouverts ce projet de développement, parce que cela leur créera des opportunités d'emploi".

"Ces projets devraient être établis dans 11 villages du vaste désert malien, à proximité des casernes militaires des unités des garde-frontières, des commissions de gendarmerie et de police. Des centres de santé, des banques de graines, des points d'eau, des écoles et certains projets générateurs de revenu seront également mis en place", dit Ould Nakli.

Le journaliste Sid Ahmed Ould Abdelkader affirme que la première étape du projet PSPSDNcréera 300 activités pour environ 500 femmes et jeunes, à travers 50 municipalités du nord malien. "En plus, quelque 100 jeunes entrepreneurs profiteront aussi d'un soutien financier d'une valeur de 130 millions de francs africains afin de financer 85 boutiques et cinq centres commerciaux", commente-t-il.

Ould Abdelkader affirme que le projet "limitera également les capacités de recrutement d'Al Qaida auprès des jeunes, qui auront une alternative, des opportunités d'emplois moins dangereuses, plus sûres. De cette façon, Al Qaida perdra un soutien fort parmi la jeunesse".

Iselmou Ould Elmoustafa, directeur du site Internet Tahalil et expert dans les groupessalafistes, souligne que "la communauté Beïdane, qui représente la majorité de la population en Mauritanie, au Nord du Mali, dans le sud algérien et dans le nord du Niger, est reliée organiquemlent, psychologiquement et socialement".

"De plus, les frontières qui avaient été dessinées par la colonisation n'ont pas été reconnues par les populations. En conséquence, les habitants des régions du sud-est mauritanien ont maintenu un lien permanent avec le nord du Mali, sans tenir compte des frontières entre les deux pays. Ce nouveau projet de développement en Mauritanie profitera donc à la population frontalière dans les deux pays", poursuit-il.

"Il n'y a aucun doute que ce projet fera perdre beaucoup de soutien à Al Qaida permi la population locale, parce que cette dernière sentira qu'il existe un état central qui s'occupe d'elle et de ses problèmes", ajoute enfin Ould Elmoustafa . "En résultat, les gens réfléchiront à leurs relations et à leurs croyances dans des groupes qui ont assuré pour eux certains besoins, comme les traitements médicaux et l'eau".

Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott 





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