mercredi 24 août 2011

Les fils des colonels Ahmed Salem Ould Sidi et Kader répondent à Haidalla



image manquantePhoto : Feu colonel Bousseif (PM), à sa droite feu colonel Kader (ministre chargé de la permanence) et à sa gauche feu colonel Ahmed Salem Ould Sidi (1er vice PM) lors d’une réunion du C.M.S.N. (1979)
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Le fils du colonel Kader répond à Ould Haidalla (deuxième partie): A l’ancien colonel Ould Haidalla

La publication de la 2ème partie de l’interview que vous aviez accordée à Ould Kaigé alias Bertrand Fessard de Foucault publié par le Journal Hebdomadaire « Le Calame » du 16 août 2011 m’offre une seconde opportunité pour apporter la lumière sur certaines vérités que vous aviez, délibérément, dénaturées. Il est vraiment désolant qu’un homme comme vous, ayant occupé les plus hautes fonctions de ce pays, n’ait pas consigné ou du moins retenu la chronologie des événements dont il a été artisan afin de pouvoir apporter un témoignage et une analyse fiables.
Vous ne vous rappelez même pas de la date exacte de votre accession au pouvoir car vous racontez :
« Je suis arrivé au pouvoir le 6 Juin 1979. Le colonel Kader a été désigné comme ministre de l’Education nationale dans mon premier gouvernement. Moins de deux mois après sa nomination, il était venu me voir pour dire qu’il était malade et souhaitait aller à l’extérieur pour se soigner. C’est sur son chemin pour se soigner, qu’il nous a envoyé sa démission, à partir de Dakar ».
Je vous rappelle que vous êtes arrivé au pouvoir le 31 mai 1979. Vous aviez formé votre 1er gouvernement le 03 juin 1979. Feu colonel Kader a bénéficié d’un congé le 08 juin 1979 puis il a présenté sa démission de votre gouvernement le 17 juin 1979. C'est-à-dire qu’il n’avait jamais exercé ses fonctions dans votre gouvernement puisque cinq jours après sa nomination, il vous a quitté.
Vous reconnaissez, aujourd’hui, après plus de trente ans, que feu colonel Kader avait plutôt présenté sa démission de votre gouvernement. Pourtant, le communiqué que vous aviez diffusé le 22 juin 1979 suite à la réunion extraordinaire du CMSN consacré à cette démission est complètement déroutant :
« Le Lieutenant-colonel Mohamed Ould Ba ould Abdel Kader a été exclu du CMSN. Il a pris la fuite avec ses biens et sa famille après avoir appris qu’une enquête était menée sur sa gestion à l’ époque où il commandait les forces armées de l’air mauritaniennes et que des preuves irréfutables de malversation et détournement étaient retenues contre lui…. »
Face à ses accusations propagandistes et absurdes fabriquées par votre régime pour ternir son image, le colonel Kader a écrit :
« ..Ma participation à l'exercice du pouvoir n'a guère dépassé 52 jours -du 6 Avril 1979 au 27 Mai 1979-, période pendant laquelle je n'avais aucune responsabilité en matière de gestion financière. Vous auriez sans doute aussi appris qu'en tant que Commandant de l'Aviation, je ne disposais d'aucune autonomie de gestion. A ce sujet, je peux me prévaloir du témoignage du Chef de l'Etat actuel le Lt/Colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly, convaincu qu'il ne me fera pas défaut.
En effet, le Président Louly, alors Sous-Ordonnateur du budget de la Défense avait été mandaté quelques jours avant le coup d'État du 10 Juillet 1978, par le Ministre de la Défense M. Mohameden Ould Babah pour procéder à un contrôle au sein de mon administration. Il a découvert avec surprise que je ne disposais pas de fonds à gérer. Ceci s'explique par la structure centralisée de notre Armée. Les soldes et l'alimentation du personnel de l'Armée de l'Air, les contrats d'achat des matériels et de réalisation des infrastructures sont des opérations qui s'effectuent directement au niveau de l'Etat-major National. Le Commandant de l'Aviation émet naturellement un avis technique. Au témoignage du Président, j'ajouterais celui de tous les Officiers Supérieurs, anciens Chefs d'Etat Major sous les ordres desquels j'ai servi, en l'occurrence les Colonels M'Bareck Ould Bouna Moctar, Moustapha Ould Mohamed Saleck, Mohamed Mahmoud Ould El Houssein. »
Toujours égal à vous même, vous poursuivez, paradoxalement, votre raisonnement incohérent pour véhiculer vos messages voilés en disant que :
« Le C.M.S.N. a préparé un projet de Constitution qui devait être présenté au referendum du peuple. Le Maroc, pensant probablement que l’arrivée d’un régime élu démocratiquement pouvait garantir la stabilité en Mauritanie et donc le désavantager, a décidé d’envoyer le commando de Kader »
Cette interprétation dénuée de tout fondement a pour objectif essentiel de détourner l’attention de l’opinion publique des réelles motivations du mouvement du 16 mars 1981, dont le leader (Kader) vous a écrit le 25 juin 1979, bien avant son départ au Maroc :
«Quoi qu’il en soit, je rentrerai dans mon pays pour que la vérité triomphe, car je fais confiance aux Forces Armées Nationales et au sens de la justice du peuple mauritanien. Je suis convaincu que les officiers dignes de notre Grande Armée et de notre peuple de héros sont plus nombreux que ceux qui sont entrain de brader l’héritage glorieux de notre illustre disparu, le regretté Ahmed o/ Bousseif. Je me reconnais incapable de trahir sa mémoire. Et, si en cela j’ai commis un crime, j’ai choisi d’en subir les conséquences »
A propos de l’opération du 16 mars 1981, vous dites que : « Le commando n’ayant pas trouvé le Comité réuni, a été pris de panique. Il a tué plusieurs personnes dans la rue et devant la présidence. Certains de ses membres avaient pris la radio et l’état-major. Mais très tôt, les éléments des Forces armées et de sécurité qui étaient sur place, les ont arrêtés. »
Vous savez mieux que quiconque que les éléments des forces armées et de sécurité qui ont perdu leurs vies et d’autres qui se sont blessés ont été victimes des interventions disproportionnées de certaines garnisons. Le commando n’avait aucune intention de tuer comme vous le prétendez car il avait arrêté presque tous les officiers à l’état major dont deux deviendront plus tard des chefs d’Etat (les colonels Maouiya et Ely O. Mohamed Vall).
Ce jour du 16 mars 1981, personne n’avait tenté de faire face au commando. Dix hommes ont, en plein jour ouvrable (Lundi à 10h00 du matin), pris le contrôle de la Présidence, de l’état major et de la Radio. Mais, averti, 24 heures avant, par les services secrets algériens de l’imminence d’une opération contre votre régime, vous aviez pris la fuite sans avertir vos proches collaborateurs (témoignage de votre Premier ministre Bneijara). Vous-même, vous disiez (émission de la chaîne Al-Jazeera) que vous les attendiez mais vous pensiez qu’ils allaient agir avec une grande force et que vous vous êtes rendu au nord du pays car vous saviez qu’ils vont éviter la zone où le Polisario opère. Ce n’est que vers 13h00 que l’opération va échouer faute de la diffusion du communiqué annonçant la réussite du coup. Apprenant que le commando n’était composé que de 10 personnes, certains responsables militaires ont pris le devant pour intervenir de « façon musclée ».
Le plus étonnant chez vous, jadis « homme fort du C.M.S.N », c’est le fait de faire « porter le chapeau aux autres » :
- C’est feu colonel Kader qui a monté le colonel Moustapha Saleck contre ses amis
- C’est l’arrivée de feu Bousseif qui a occasionné l’attaque de Tichlé
- C’est feu colonel Ahmed Salem Ould Sidi qui est responsable de l’accord d’Alger
- C’est feu colonel Cheikh O. Boida qui est responsable de la condamnation du père de la Nation Mokhtar Ould Daddah.
- C’est le colonel Maouiya qui est responsable de la mauvaise situation économique durant votre pouvoir…etc.
L’histoire retiendra que votre passage à la tête de ce pays a été des plus sombres. Les mauritaniens ont été menacés dans leur dignité, dans leurs valeurs et même dans leur existence en tant que pays. Vous aviez détruit l’armée par le désespoir, abandonné ses troupes à leur triste sort : hommes épuisés, moyens anéantis et officiers de valeur, y compris ceux qui ont collaboré avec vous, éliminés. Malheureusement, votre seul ami et compagnon qui a fini par vous trahir a continué « votre œuvre ». Ses dégâts sont, naturellement, plus importants car il a beaucoup eu plus de temps que vous et croyez-moi, je ne suis pas étonné d’avoir entendu l’actuel Président Mohamed Ould Abdel AZIZ déclarer : « quand j’ai pris le pouvoir le 06 août passé, l’armée n’existait que sur papier… ».

Eby Taleb Abdel Kader –fils de feu colonel Kader- Nouakchott, le 17/08/2011.

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Haidalla, pouvez-vous dire la vérité, répondre et demander pardon? Car je vous accuse! Par Sidi Ould Ahmed Salem Ould Sidi

A lire Mohamed Khouna Ould Haïdalla, l'exécution de ses quatre frères d'armes – quelles que soient l'amitié et l'admiration dont il témoigne envers l'un d’eux, le lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi – serait motivée par la mort d'hommes innocents. Mais le lieutenant-colonel Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader était déjà condamné à mort, par l'incroyable procès de Rosso, en novembre 1980, quatre mois avant la tentative du 16 Mars 1981. Son crime? Vouloir rétablir la légitimité, ce qu'atteste le président Moktar, au nom de tous les Mauritaniens. Comment? En renversant, par l'intimidation et la surprise, un dictateur, sans verser le sang, en intervenant pendant la réunion du comité le 16 mars 1981, exactement comme lui-même et quelques acolytes avaient le projet initial d'intervenir, le 8 juillet 1978, pendant la réunion du bureau politique.
Crime? Atteinte à la sûreté de l’Etat, attentat à la légitimité, à votre légitimité? Qui a donné l'exemple du putsch et de la trahison envers un homme d’Etat – un vrai et admirable – alors que les colonels Ahmed Salem et Kader – que Dieu les enveloppe de Sa miséricorde, ainsi que les valeureux lieutenants Moustapha Niang Issa, dit Sala, et Mohamed Ould Doudou Seck – ont, simplement, voulu écarter, d'un pouvoir illégitimement détenu, quelques militaires ayant trahi notre patrie et bradé une partie, tant aimée et rêvée, tant défendue aussi?
Alors, je vous accuse, vous, Mohamed Khouna Ould Haïdalla, absolument pas au nom de ceux que vous avez fait exécuter, après une parodie de justice dont vous vous êtes seul à détenir le secret, mais au nom de ceux sur lesquels vous avez commis et fait commettre les pires exactions – et ils sont nombreux – au nom, surtout, de beaucoup de nos compatriotes. Beaucoup, vous le savez.
C’est la première fois que je réagis, après avoir longtemps supporté vos propos, répétés, comme de véritables invectives, alors que vous cherchiez, avec persévérance, à faire accréditer l’idée de votre fragilité personnelle, de votre ingénuité, même, dans l’exercice d’un pouvoir que vous dites suprême.
Avant les exécutions de Jreida, au matin du 26 mars 1981, personne ne vous a demandé d’accorder une grâce. L’un de nos martyrs a pu dire, juste avant le feu: «Je viens d’apprendre que le recours en grâce a été refusé et je m’y attendais». Mais, devant l’Histoire, je vous accuse de l’assassinat, ignoble et indigne, de Mohamed Ould Doudou Seck, vous qui vous dites homme d’Etat et, de surcroît, vous vantant d’avoir suivi les plus grandes écoles militaires. Sans jugement, sans le moindre respect des conventions, tuer, en deux fois, faire tuer, c’est assassiner: n’a-t-il pas été extirpé de l’hôpital, gisant dans ses blessures! Vous n’aviez-vous donc pas appris, dans ces grandes écoles militaires dont vous êtes si fier, qu’on ne tue pas un soldat blessé?
A sa famille, puisque vous vous dites guidé par les préceptes religieux, demandez pardon! Votre nom est entaché, à jamais, du sang de la plus insigne de vos victimes. Vous pouvez continuez à affirmer le contraire, devant le peuple mauritanien mais pas devant Dieu. Vous êtes trop haineux et comment ne pas sentir, avec horreur, cette haine incommensurable que vous vouez, encore, à cet homme, trente ans après? Vous n’avez pas même l’excuse d’avoir eu le courage de le voir mourir en guerrier patriote, de l’entendre, le jour de son procès, faire celui de votre régime, avec un panache et une grandeur à enseigner dans nos écoles militaires. Il vous aurait donné une leçon d’éthique chevaleresque! Elle vous manque. Quand un kaki donne une leçon de politique et de morale et qu’en somme, il prêche la droiture, prônant de laisser, aux légitimes et aux politiques, la direction du peuple et de l’Etat, il y a de quoi avoir la chair de poule. Il ne s’en est même pas pris à vous, mais à vos principes. Ces principes insultant la démocratie, le bon sens et toute légitimité. Vous avez la triste joie qu’ils soient toujours en vigueur… Kader ne sera vengé que lorsque ces principes, soi-disant derniers recours d’un pays, et les exactions qu’ils font commettre, immanquablement, chez nous et ailleurs, seront, enfin, extirpés de notre vie nationale et condamnés, par notre mémoire collective, enfin retrouvée. Mais jusqu’à ce jour attendu et béni, votre haine – trop évidente – ne suscite plus la haine mais le dégoût. La dictature militaire, à la tête de laquelle vous vous succédez, par la force, vous fait, les uns après les autres, vous punir mutuellement, sans que cela vous convertît à assumer le passé dont vous êtes responsable.
Je crois que votre punition, à chacun de vous, est cette hantise du complot dans laquelle vous avez vécu, manifestement: que d’arrestations, que de voyages à l’étranger reportés, jusqu’au dernier qu’on vous a forcé d’accomplir! Votre successeur a vécu de même et notre vie nationale, encore aujourd’hui, est faite de ces peurs du maître du jour et de ces attentes des Mauritaniens…
Je vous accuse de mentir, à propos du procès intenté au président Moktar, puisque la Cour a été mise en place par vos soins et vous avez désigné le procureur, en qui vous aviez tellement confiance à l’époque qu’il assurait l’intérim en votre absence, dans les deux mois où vous cumulez tous les pouvoirs: remaniement du Comité, exclusion, entre autres, d’Ahmed Salem, le 4 janvier 1980, en même temps que Cheikh Ould Boide, Thiam El Hadj, Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly, tous officiers valeureux. Une date à rapprocher de celles des décrets du 29 février et du 16 mars 1980. Le lieutenant-colonel Dia Amadou Mamadou, «ministre-conseiller à la présidence», permanent du comité, est nommé, par vous, procureur pour ce procès, et vous ignorez tout de celui-ci? De l’instruction au verdict? En avril 1980, vous réclamez le président Moktar à la France et le président Giscard d'Estaing vous fait savoir que la France n'est pas une annexe des geôles mauritaniennes. Son procès est projeté, depuis déjà deux mois, c’est pour cela que vous réclamez que l’illustre fondateur, comme vous l’appelez, vous soit remis… et vous n'en savez rien? Foutaises!
Je vous accuse d'avoir trahi vos propres amis, Moulay Ould Boukhreiss, entre autres, alors capitaine et ministre de l'Intérieur, chargé de la propagande générale et aussi de la mauvaise besogne, dès votre complet avènement, et, plus encore, d'avoir installé, sur la route du pouvoir, Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya. Vous le faites remplacer comme chef d'état-major, dès avril 1980, par celui que vous présentez comme votre plus fidèle collaborateur et ami, Ahmedou Ould Abdallah. C’est ce même Maaouya que vous traitez, aujourd’hui, de fou. Oui, il a eu, peut-être, ce grain de folie ou de génie qui lui ont permis de pérenniser son régime: regrettez-vous de ne pas les avoir eus vous-même? Regrettez-vous de n’avoir, préventivement, pas fait, en quatre ans, plus que lui, en vingt?
Avec vous, les morts parlent et les événements prennent – après coup, c’est le cas de l’écrire – un sens tout autre que celui du moment. Sous votre régime, les conditions de limogeage, d'exclusion et de traitement en prison de vos compagnons de putsch, y compris le premier en grade, le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck, transposèrent, jusque chez nous, le système soviétique, alors bien en place ailleurs. Qu'est-ce qui vous a fait croire qu'au pouvoir, vous et ces compagnons d'armes que vous avez ensuite exclus, vous feriez mieux que Moktar Ould Daddah? Et que le pays pouvait se passer d'authentiques et loyaux soldats, comme tous les autres. Car ce n’est pas forcer la mémoire du glorieux commandant Soueïdatt Ould Weddad que de penser qu’il eût partagé convictions et combats de ceux qui ont voulu vous écarter, puisqu’il se refusa, dès février 1966, à servir ceux qui, parmi les putschistes de toute génération, ont besoin du courage et des armes d’autres qu’eux-mêmes…
Paradoxe: depuis trente-trois ans, nous sommes, continuellement, appelés à rendre hommage à nos forces armées mais elles-mêmes n’ont encore jamais rendu hommage à ceux que vous me faites citer, et à ceux que vous avez entraînés: Soueidatt Ould Weddad, Ahmed Ould Bouceif, Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader, Jiddou Ould Saleck, Yall Abdoulaye, Ahmedou Ould Abdallah, Niang Sala, Mohamed Ould Doudou Seck… Oui, les Mauritaniens attendent votre réponse, mais est-elle, seulement, possible? 

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