Qui a la main dans un jeu devenu de plus en plus illisible ?
Les événements des dernières semaines montrent une Mauritanie, sur le front du combat, jouant avec le feu pendant que laFrance, elle, fait semblant de croire au rôle crucial que pourrait jouer ce pays dans le partenariat pour la lutte contre le terrorisme international.
Pendant ce temps, Al-Qaïda au Maghreb Islamique, Aqmi, renforce ses positions et se montre prête à reprendre la main, avec une monnaie d'échange d'envergure : quatre otages français employés du groupe AREVA ,enlevés en septembre dernier à Arlit dans le Nord duNiger.
Autrement dit, on constate que l'organisation terroriste a introduit du nouveau dans la partie qui se joue dans la zone sahelosaharienne, tant du point de vue de ses moyens, de sa stratégie que de ses ambitions alors que la Mauritanie et la France s'entêtent dans un partenariat dénué de toute distance critique,du côté français, très ambigu du côté mauritanien et peu efficace dans ses visées, en ce qui concerne la libération des otages et l'affaiblissement des terroristes.
Les opérations menées par l'armée mauritanienne, le 24 juin 2011 et le 05 juillet 2011, contre des positions des Katibas de l'Aqmi, n'a pas encore fini de faire couler de l'encre, puisque selon les observateurs, les analyses qui en ont été faites ne sont pas totalement satisfaisantes. Dans un contexte où le Président mauritanien semble avoir fort à faire face à une fronde sociale et politique, à peine masquée par une activité diplomatique très remarquée au service de l'union africaine, cette offensive a de quoi surprendre.
Il semble désormais qu'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), forte de la manne de matériel militaire venue de Libye et acheminée par le sud est algérien, développe son réseau et ses moyens grâce aux bouleversements des rives sud de la méditerranée et de la Libye en particulier. Les experts américains et français de la lutte antiterroriste le confirment. S'il a été révélé que la surveillance continue et accrue de la zone par les éléments de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, DPSD, a permis de localiser le transfert d'armes sensibles, sorties des réserves libyennes vers le réseau terroriste du nord Mali, en transitant par l'Algérie, on ne comprend pas encore tout à fait la promptitude du Président Mohamed Ould Abdelaziz à intervenir.
L'hypothèse d'une diversion, face aux problèmes du pays, ne tient plus. Le front uni de la classe politique et de l'opinion pour approuver l'intervention armée contre l'Aqmi, aura vécu, depuis le raid du 22 juillet 2010. C'est désormais «l’aventurisme d’une guerre par procuration menée par la Mauritanie» que dénoncent les partis d'opposition. Alors qu'est-ce qui fait courir le Président mauritanien ? On a beaucoup écrit déjà sur le besoin de reconnaissance internationale du putchiste, une reconnaissance qui paradoxalement vient consolider sa légitimité intérieure, arrachée au forceps, sans pour autant s'attarder sur l'habileté de l'homme à diviser pour régner : une qualité somme toute banale chez tout bon politicien, n'est-ce pas ?
On constate, en effet, que Ould Abdelaziz aura réussi dans un premier temps, à placer laMauritanie au centre d'une brouille diplomatique qui aura servi à révéler nettement la distance affichée et affirmée par l'Algérie face à la stratégie de la France dans la région, ensuite dans un second temps, à vendre à la France le package " Mauritanie, cible de l'Aqmi" / "Mauritanie offensive" apparaissant comme le partenaire indispensable pour une cause où d'autres pays sont en première ligne; pour finalement tout naturellement endosser l'habit de médiateur des crises africaines, renvoyant aux oubliettes la grave crise constitutionnelle dont il a été l'instigateur, il y a deux ans, éclipsant ses voisins-Présidents rompus à l'art de la médiation, depuis bien plus longtemps, Abdoulaye Wade du Sénégal, Amadou Toumani Touré du Mali.
Bravo l'artiste, aurait dit Wade, ne se privant pas d'exprimer son mécontentement, au point de faire craindre il y a quelques semaines, la reprise des hostilités entre les deux pays, celles "des événements de 1989" dont les séquelles restent visibles, de part et d'autre des deux rives du fleuve Sénégal : problèmes interethiques, déplacement de populations, disparitions, etc.
Quant à la place du Mali dans ce partenariat pour la sécurité dans la zone sahélosaharienne, elle n'en finit pas de susciter des interrogations, de la part des observateurs. Les hôtes se bousculent à la porte du mauritanien, à l'exemple, du Général Carter F. Ham, commandant de l’AFRICOM, force militaire américaine pour l’Afrique et du ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, après le raid du 05 juillet, sans visite au Président malien, alors que la zone de combat se situe dans ce pays, dont l'appui logistique a contribué largement, pour une fois, aux opérations.
Les analystes, s'interrogeant sur la prudence affichée d'Amadou Toumani Touré, font valoir l'ambiguité d'une politique qui instrumentaliserait la situation de la zone du nord mali au profit d'un affaiblissement de la rébellion touarègue. Faut-il alorsconsidérer comme anodin que les otages se retrouvent systématiquement au nord Mali et que les négociations se mènent sous l'égide de ce même pays ?
Est-ce le soutien affiché de la France, à l'homme des raids contre l'Aqmi, qui permet à Ould Abdelaziz de prendre de l'amplitude politique ou l'art affiché par ce dernier dans le maniement de la stratégie et du jeu de poker politique qui fait de lui le bon candidat à la hauteur de la partie en train de se jouer dans la zone du Sahel ?
Sans aller jusqu'à confondre les causes et les conséquences, nous dirons que l'effet obtenu en termes de communication ainsi que le nouveau positionnement de la Mauritanie sont les deux faces d'une même stratégie, celle qui consiste pour la France à déconnecter la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélosaharienne de l'emprise de l'Algérie de Bouteflika, d'une part et d'autrepart, après le départ exigé par le Sénégal des troupes françaises, dans la logique de sa nouvelle politique de défense et de sécurité, garder la même capacité d'influence et d'intervention dans cette zone géographique, se repositionnant, de plus, près du Maghreb.
Dans la zone, l'Algérie est pourtant le seul pays à avoir une véritable stratégie contre le terrorisme, qu'elle a déjà beaucoup combattu sur son territoire en en éradiquant les élément, sans pour autant, disons-le, arriver à casser sa matrice idéologique. D'où le déplacement et le renouvellement des artisans de la terreur dans la zone sahélosahariennne. Alors que laFrance semble arriver au bout de son absence de logique directrice dans la gestion des otages, une gestion adoptant jusque là une approche à court terme centrée sur leur seule libération.
Peut-on imaginer un seul instant que la stratégie sécuritaire de la France, face à l'Aqmi, puisse se suffire et se complaire suffisamment longtemps dans ce jeu dont l'illisibilité ne manque de surprendre quiconque connaît la région ? Peut-on croire que Mohamed Ould Abdelaziz pourrait tirer durablement les lauriers d'un jeu où Abdoulaye Wade et Amadou Toumani Touré seraient affaiblis, l'un par une fronde politique interne de grande envergure, l'autre par son incapacité, à la veille de son départ du pouvoir, à engager de véritables reformes, alors que les intérêts et les économies de leurs pays restent très interdépendants ?
Devrons-nous penser alors qu'il s'agit là, de enveloppe apportée par les négociateurs et autres hommes de l'ombre, destinée à cacher à notre vue les millions de dollars qui continueront à engraisser la bête, qui libérera certes ces otages là, mais qui pourra ainsi, demain en acheter d'autres et bien d'autres encore, aux mains des trafiquants de tout acabit ? Qui ira alors expliquer au contribuable français et au citoyen mauritanien, l'intérêt de tous ces jeux d'argent, alors que pour l'un la crise accroit précarité et chômage et que l'autre peine à trouver son pain quotidien ?
Alain Bart pour Ciesma
Il semble désormais qu'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), forte de la manne de matériel militaire venue de Libye et acheminée par le sud est algérien, développe son réseau et ses moyens grâce aux bouleversements des rives sud de la méditerranée et de la Libye en particulier. Les experts américains et français de la lutte antiterroriste le confirment. S'il a été révélé que la surveillance continue et accrue de la zone par les éléments de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, DPSD, a permis de localiser le transfert d'armes sensibles, sorties des réserves libyennes vers le réseau terroriste du nord Mali, en transitant par l'Algérie, on ne comprend pas encore tout à fait la promptitude du Président Mohamed Ould Abdelaziz à intervenir.
L'hypothèse d'une diversion, face aux problèmes du pays, ne tient plus. Le front uni de la classe politique et de l'opinion pour approuver l'intervention armée contre l'Aqmi, aura vécu, depuis le raid du 22 juillet 2010. C'est désormais «l’aventurisme d’une guerre par procuration menée par la Mauritanie» que dénoncent les partis d'opposition. Alors qu'est-ce qui fait courir le Président mauritanien ? On a beaucoup écrit déjà sur le besoin de reconnaissance internationale du putchiste, une reconnaissance qui paradoxalement vient consolider sa légitimité intérieure, arrachée au forceps, sans pour autant s'attarder sur l'habileté de l'homme à diviser pour régner : une qualité somme toute banale chez tout bon politicien, n'est-ce pas ?
On constate, en effet, que Ould Abdelaziz aura réussi dans un premier temps, à placer laMauritanie au centre d'une brouille diplomatique qui aura servi à révéler nettement la distance affichée et affirmée par l'Algérie face à la stratégie de la France dans la région, ensuite dans un second temps, à vendre à la France le package " Mauritanie, cible de l'Aqmi" / "Mauritanie offensive" apparaissant comme le partenaire indispensable pour une cause où d'autres pays sont en première ligne; pour finalement tout naturellement endosser l'habit de médiateur des crises africaines, renvoyant aux oubliettes la grave crise constitutionnelle dont il a été l'instigateur, il y a deux ans, éclipsant ses voisins-Présidents rompus à l'art de la médiation, depuis bien plus longtemps, Abdoulaye Wade du Sénégal, Amadou Toumani Touré du Mali.
Bravo l'artiste, aurait dit Wade, ne se privant pas d'exprimer son mécontentement, au point de faire craindre il y a quelques semaines, la reprise des hostilités entre les deux pays, celles "des événements de 1989" dont les séquelles restent visibles, de part et d'autre des deux rives du fleuve Sénégal : problèmes interethiques, déplacement de populations, disparitions, etc.
Quant à la place du Mali dans ce partenariat pour la sécurité dans la zone sahélosaharienne, elle n'en finit pas de susciter des interrogations, de la part des observateurs. Les hôtes se bousculent à la porte du mauritanien, à l'exemple, du Général Carter F. Ham, commandant de l’AFRICOM, force militaire américaine pour l’Afrique et du ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, après le raid du 05 juillet, sans visite au Président malien, alors que la zone de combat se situe dans ce pays, dont l'appui logistique a contribué largement, pour une fois, aux opérations.
Les analystes, s'interrogeant sur la prudence affichée d'Amadou Toumani Touré, font valoir l'ambiguité d'une politique qui instrumentaliserait la situation de la zone du nord mali au profit d'un affaiblissement de la rébellion touarègue. Faut-il alorsconsidérer comme anodin que les otages se retrouvent systématiquement au nord Mali et que les négociations se mènent sous l'égide de ce même pays ?
Est-ce le soutien affiché de la France, à l'homme des raids contre l'Aqmi, qui permet à Ould Abdelaziz de prendre de l'amplitude politique ou l'art affiché par ce dernier dans le maniement de la stratégie et du jeu de poker politique qui fait de lui le bon candidat à la hauteur de la partie en train de se jouer dans la zone du Sahel ?
Sans aller jusqu'à confondre les causes et les conséquences, nous dirons que l'effet obtenu en termes de communication ainsi que le nouveau positionnement de la Mauritanie sont les deux faces d'une même stratégie, celle qui consiste pour la France à déconnecter la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélosaharienne de l'emprise de l'Algérie de Bouteflika, d'une part et d'autrepart, après le départ exigé par le Sénégal des troupes françaises, dans la logique de sa nouvelle politique de défense et de sécurité, garder la même capacité d'influence et d'intervention dans cette zone géographique, se repositionnant, de plus, près du Maghreb.
Dans la zone, l'Algérie est pourtant le seul pays à avoir une véritable stratégie contre le terrorisme, qu'elle a déjà beaucoup combattu sur son territoire en en éradiquant les élément, sans pour autant, disons-le, arriver à casser sa matrice idéologique. D'où le déplacement et le renouvellement des artisans de la terreur dans la zone sahélosahariennne. Alors que laFrance semble arriver au bout de son absence de logique directrice dans la gestion des otages, une gestion adoptant jusque là une approche à court terme centrée sur leur seule libération.
Peut-on imaginer un seul instant que la stratégie sécuritaire de la France, face à l'Aqmi, puisse se suffire et se complaire suffisamment longtemps dans ce jeu dont l'illisibilité ne manque de surprendre quiconque connaît la région ? Peut-on croire que Mohamed Ould Abdelaziz pourrait tirer durablement les lauriers d'un jeu où Abdoulaye Wade et Amadou Toumani Touré seraient affaiblis, l'un par une fronde politique interne de grande envergure, l'autre par son incapacité, à la veille de son départ du pouvoir, à engager de véritables reformes, alors que les intérêts et les économies de leurs pays restent très interdépendants ?
Devrons-nous penser alors qu'il s'agit là, de enveloppe apportée par les négociateurs et autres hommes de l'ombre, destinée à cacher à notre vue les millions de dollars qui continueront à engraisser la bête, qui libérera certes ces otages là, mais qui pourra ainsi, demain en acheter d'autres et bien d'autres encore, aux mains des trafiquants de tout acabit ? Qui ira alors expliquer au contribuable français et au citoyen mauritanien, l'intérêt de tous ces jeux d'argent, alors que pour l'un la crise accroit précarité et chômage et que l'autre peine à trouver son pain quotidien ?
Alain Bart pour Ciesma
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