mardi 23 août 2011

Abdallah Ould Breihim, candidat aux futures élections municipales à Nouakchott



‘’Au cours d’élections professionnelles qui se sont tenus récemment, l’Etat ne s’est immiscé dans aucune campagne, ni fait pression pour un candidat, j’en veux pour preuve l’élection de l’ordre des avocats ou la fédération de football que j’ai personnellement vécue de l’intérieur’’

Militant de la première heure de l’opposition, homme d’affaires, self made man,Abdallahi Ould Breihim a décidé il ya quelques mois de soutenir le présidentMohamed Ould Abdel Aziz et de se lancer en politique. Candidat déclaré aux élections législatives et municipales d’octobre prochain à Nouakchott, ce natif du Trarza peut drainer beaucoup d’électeurs autour de sa candidature.

Celui qui n’est ‘’ni fonctionnaire, ni un aspirant aux fonctions publiques ou aux promotions, et donc non motivé par des intérêts personnels’’ se dit plus que jamais convaincu que la classe politique a besoin d’être renouvelée. ’Et ce n’est pas un slogan !’’, assène-t-il.
Le Calame : Vous avez longtemps été un militant du RFD, mais lors de la dernière visite du Président Aziz à Rosso, tout le monde avait remarqué que vous étiez la première personne à qui il avait serré la main ; c’est la première fois que l’on vous voit d’ailleurs accueillir aussi chaleureusement un Chef d’Etat en exercice lors d’une visite…Qu’est-ce qui s’est passé…. ?
Abdallah Ould Breihim : D’abord je remercie Le Calame pour son intérêt pour les acteurs du terrain et pour la nouvelle classe politique qui est entrain d’émerger dans ce pays. Ensuite, c’est vrai que j’avais pendant longtemps soutenu Ahmed Ould Daddah pour une raison très simple, c’est qu’il contestait l’ordre établi dans ce pays depuis plusieurs décennies et voulait le changement.

Mais mon soutien pour lui n’avait rien d’idéologique ni de personnel. Je ne suis pas un spécialiste de la politique politicienne. Je ne suis pas un opposant professionnel non plus.

J’ai toujours pris mes positions politiques librement puisque je ne suis ni un fonctionnaire, ni un aspirant aux fonctions publiques ou aux promotions, et donc je ne suis pas motivé par des intérêts personnels.

Je travaille dans le secteur privé et je gagne bien ma vie. Mon seul objectif, c’était et cela demeure le progrès et le développement de mon pays. C’est tout ce qui m’intéresse. Mais c’est déjà beaucoup de mon point de vue.

Aujourd’hui, je suis convaincu que le Président Aziz incarne ces valeurs et ce projet politique et les a d’ailleurs largement traduits en actes concrets, mesurables, que tout le monde voit et reconnait. C’est sur cette base que je l’ai rejoint et que je le soutiens. Je suis franchement convaincu et attiré par son volontarisme, son courage et son engagement pour vraiment changer les choses.

Je crois aussi qu’il travaille sur la base d’un diagnostic que tout le monde fait mais dont il est le seul à avoir eu la volonté d’en tirer les conséquences : on sait tous que notre mode de gouvernance et de gestion des affaires publiques n’était pas sain, mais on n’a jamais voulu en changer. Aziz a réussi à dépasser ce paradoxe ; c’est ce qui lui permit selon moi de réussir.

Il faut reconnaitre cette réussite et l’appuyer car elle bénéficie à tous les Mauritaniens et à la nation toute entière. En tout cas, c’est ce que moi j’ai décidé de faire. Pour le reste, je ne suis pas un analyste politique, mais un homme d’action.

Je ne vais donc pas me lancer dans une analyse de ce qui n’a pas marché dans tel parti ou pourquoi telle personne n’a pas réussi à convaincre les Mauritaniens ou à emporter leur adhésion…. N’ayant jamais été un politicien ni un apparatchik, les questions de ce type me dépassent en général.

Je constate simplement que beaucoup de cadres politiques de haut niveau dans tous les partis d’opposition actuels ont commencé à repenser la situation de leurs formations pour les changer de fonds en comble ; je constate aussi que beaucoup de jeunes disent haut et fort qu’ils ne se reconnaissent plus dans l’ancienne classe politique des septuagénaires, que nous respectons tous pour leur âge avancé, mais qui doivent reconnaitre tout de même que dans une Mauritanie dont 65 % de la population a moins de 30 ans, le discours politique figé des années 90, porté par les anciennes générations n’est plus audible…. Donc, à la Mauritanie nouvelle, il faut impérativement une classe politique nouvelle…et ce n’est pas seulement un slogan.

Qu’est-ce qui vous a concrètement convaincu de soutenir le Président Aziz ?Et comment expliquez-vous ce que vous appelez « sa réussite» ? Et en quoi consiste selon vous cette réussite ?

Vous savez, beaucoup de politiciens en fin de carrière (et chez nous c’est un bon paquet quand même) ont un mal fou à comprendre les ressorts du succès de Mohamed Ould Abdel Aziz auprès des populations pauvres, des couches moyennes et des jeunes. Ils n’arrivent pas à comprendre…Ils sont interloqués. Pourtant c’est beaucoup plus simple que ce que l’on croit.

Voila un Chef d’Etat qui, pour la première fois depuis longtemps dans l’histoire de ce pays, parle le langage de la vérité, qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait, qui donne publiquement des chiffres, qui connait le prix de la miche de pain et la composition du tarif du gasoil ; voila un président qui parle sans tabou des secrets de gestion et qui en rend compte directement à trois millions de personnes…. Voilà un président qui refuse de verser dans la démagogie et les promesses fumeuses…..Cela traduit un souci de la vie des citoyens que nous n’avons peut-être jamais connus ; Soyons honnêtes….

Voila un homme qui est tous les jours sur le pont et qui connait les détails de la vie quotidienne, qui n’est pas dans une tour d’ivoire, qui n’est prisonnier ni des forces de l’argent, ni des féodalités, ni des corporations.

Aucun chef d’Etat avant lui n’a fait preuve d’une telle implication personnelle et d’une telle proximité avec nos préoccupations. Je crois d’ailleurs que l’ère de sultans et des régents de « droit divin » qui vivent en apesanteur flottant au-dessus des nuages est complément finie.

Car avec eux, est finie également l’ère des cours, des courtisans, des chambellans et des vizirs omnipotents C’est vraiment sans regrets, croyez-moi  C’est sans précédent.

Il connait ses dossiers, suit de très près les programmes de son gouvernement et rend compte au peuple de façon directe, sans aucun intermédiaire ; il ne demande qu’à être jugé sur son bilan et qui n’a rien à cacher.

La force d’Aziz est d’avoir saisi et compris parfaitement la phase actuelle que traverse notre pays et les aspirations de son peuple. Les gens de ma génération s’identifient complètement à cet homme, n’en déplaise à la classe politique sclérosée et minoritaire qui le critique pour des raisons purement idéologiques .Je constate d’ailleurs qu’elle est à court d’arguments La dernière sortie médiatique a, je crois, convaincu les quelques sceptiques de sa sincérité et de sa détermination.

Elle a été vécue comme une véritable gifle à ceux qui croyaient que la lutte contre la corruption ou l’investissement dans la sécurité nationale ou le développement étaient de simples slogans de campagne Le Monsieur sait où il va, il sait ce qu’il fait et surtout il sait où il en est…. Je ne crois pas que l’on puisse en dire autant de beaucoup. Je pense que je fais partie de ceux qui sont prêts et préparés à accompagner cette dynamique…Et nous sommes très nombreux dans ce cas

Vous croyez vraiment que le régime actuel va favoriser l’émergence d’une nouvelle classe politique…. ? Est-ce que vous ne prenez pas un peu vos désirs pour des réalités…. ?

Le changement dans la classe politique est une chose normale. C’est un processus naturel, presque biologique. Je crois que le Président a tout simplement fait preuve de réalisme en répétant que le changement de la classe politique est indispensable et inévitable.

Il ne peut pas en être autrement dans un pays qui passe par des transformations considérables. J’ai mentionné la transition démographique qui s’est accomplie dans les dernières années dans notre pays. Mais, même en termes d’action publique, les politiques et les programmes mis en œuvre depuis trois ans environ dans le pays ont introduit des mutations majeures en termes de rationalisation des ressources économiques et humaines, en termes de lutte contre la corruption, en termes de grands projets d’infrastructures, en termes même de rapport à la chose publique et de vision de l’Etat.  Or, les changements en cours ne peuvent être accomplis, accompagnés et sauvegardés que par des gens dotés d’une énergie et d’une capacité d’adaptation remarquable.

On ne peut retrouver ces qualités que chez un personnel politique renouvelé et neuf ; c’est dans ce vivier que se trouvent les nouvelles générations d’acteurs publics, au sein des associations, des coordinations, du secteur privé, de la société civile, des citoyens ordinaires, non compromis par la politique politicienne et la politique du ventre.

Concrètement est-ce que vous allez vous engager dans la campagne pour les élections prochaines au sein de la majorité actuelle ?Est-ce que le Président Aziz est prêt à soutenir des gens comme ceux que vous appelez la nouvelle classe politique ?


Si votre question est de savoir si j’appartiens à la génération Aziz, ma réponse est oui, mille fois oui. Si vous voulez dire que le Président Aziz veut voir des gens capables et motivés apporter leur contribution, vous avez raison Je fais partie de ceux qui croient qu’il y a une nouvelle grammaire politique des rapports de pouvoir dans ce pays, et que les jeux sont ouverts.

Il est vrai que c’est grâce au président de la République que les exclus d’hier peuvent penser devenir les élites de demain Je n’ai aucun doute sur le fait que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz est déterminé à redonner le pouvoir au peuple, et que les jeux seront complètement ouverts. C’est dans cet élan que je pense sincèrement que les prochaines élections vont s’inscrire. Elles sont décisives et marqueront un tournant Je n’ai aucun doute là-dessus

Et qu’est-ce qui vous fait croire par exemple qu’un jeune sans fortune et sans appui de l’Etat peut remporter une commune, disons à Nouakchott, voire être élu à la tête de la communauté urbaine ? 
Il me semble que les élites de ce pays n’ont pas encore saisi l’ampleur du changement en cours. Cela explique d’ailleurs le formidable décalage entre le discours un peu désincarné de la vieille classe politique et les populations, en particulier les jeunes actifs. Mais enfin, on a un président jeune et surtout un président très conscient du pouvoir de la jeunesse ; je vous rappelle qu’il a reçu toutes les organisations de la jeunesse, que ces jeunes soient d’ailleurs dans sa mouvance politique ou pas ; je vous rappelle qu’il y a quelques jours seulement, il avait reçu pendant deux heures les représentants des jeunes qui manifestent contre le système depuis février et, à ma connaissance, ils sont très satisfaits du niveau de la discussion avec lui ; ils l’ont dit d’ailleurs dans la presse ; ils ont trouvé enfin quelqu’un qui parle la même langue que nous ; je pense que c’est sans précédent dans notre histoire indépendante.

Nous avons aussi un gouvernement jeune, des dirigeants d’entreprises jeunes Pourquoi accepterions nous d’ailleurs que les vieux routiers usés de la politique politicienne continuent à nous dire comment développer note pays alors que leur Mauritanie à eux n’existe plus depuis longtemps, et ils ne s’en rendent même pas compte.

Mais enfin, voilà des gens qui ont traversé tous les régimes et toutes périodes, qui ont mangé à tous les râteliers et qui sont une minorité démographique, pourquoi ces gens-là aspirent toujours à garder le leadership sur la communauté nationale en nous figeant dans des schémas en déphasage avec la phase actuelle ?

Personnellement je comprends leur échec. On n’est plus dans les années soixante dix ou quatre-vingt; on n’est plus dans l’ère des idéologies vaseuses, mais dans la période de la gestion transparente, du management et de l’obligation de rendre compte, la culture du résultat.

Je crois que la période actuelle est une chance pour la Mauritanie de prendre acte des transformations sociales de notre pays, et cela passe nécessairement par un changement du leadership et de la classe politique. C’est maintenait ou jamais que des gens comme vous et moi devraient prendre leurs responsabilités .Je pense que la candidature de nouvelles personnes, de diverses origines sociales et des nouvelles générations seront la conséquence logique des considérables transformations politiques et sociales en cours dans le pays.

Vous en conviendrez avec moi, l’égalité des chances aux postes électifs existe désormais réellement en Mauritanie. Cela va être la grande nouveauté de ces échéances.

On n’est plus dans l’ère où tout est décidé à l’avance. Tout le monde peut avoir enfin des aspirations légitimes à participer au développement de son pays Si vous avez observé un certain nombre d’élections professionnelles qui se sont tenus récemment vous aurez remarqué que l’Etat ne s’est immiscé dans aucune campagne, ni fait pression pour un candidat, ce qui aurait été impensable il y a seulement trois ou quatre ans ; j’en veux pour preuve l’élection de l’ordre des avocats ou la fédération de football que j’ai personnellement vécue de l’intérieur ; je suis pour ma part persuadé que cette ère de transparence est arrivé et que cet appel à la jeunesse et à l’innovation de la part du Président Aziz va être entendu C’est à nous tous de proposer par exemple des projets municipaux pour nos grandes villes.

Ces projets doivent être en rupture complète avec le ronronnement habituel et la gestion purement administrative à laquelle on assiste dans les mairies depuis trois décennies

Quelle est la bataille municipale qui vous semble la plus décisive et qui vous tient le plus à cœur en tant que citoyen… ? 

Je pense que toutes les batailles municipales et législatives sont importantes et décisives. Mais moi je suis de Nouakchott, je connais parfaitement notre capitale où j’ai grandi, que j’ai vu se développer, que je n’ai jamais quittée; je travaille dans le secteur privé depuis l’adolescence, j’observe les évolutions sociales sur le terrain, tous les jours, je vis, je travaille au quotidien et je discute avec les manœuvres, les chauffeurs, les sportifs, les entrepreneurs, les artisans, les familles pauvres, je vis parmi eux, dans leurs quartiers

Les véritables acteurs de la ville sont ignorés par des maires parachutés, souvent déjà enrichis, pour lesquels la mairie est une sorte de retraite dorée ; la mairie n’est pas une sinécure offerte à un notable souvent véreux ou incompétent voire les deux ; souvent nos maires n’ont jamais visité des villes étrangères et ne connaissent rien à la gestion ; les maires en place depuis des décennies sont, à quelques rares exceptions, des gens complètement blasés, en fin de carrière, qui ne rêvent plus, ne croient plus ni au changement où l’amélioration des conditions des gens.

En même temps, quand on se promène dans les villes de notre pays en général, quel triste spectacle quand même ; on n’a pas l’impression qu’il y a une autorité municipale ; l’essentiel des services est fait sur le budget de l’Etat quand même ; quel est l’apport des mairies ? On se le demande?


La vérité c’est que les mairies n’ont jamais voulu jour leurs rôles, elles ont toujours voulu vivre sur le dos des citoyens, les rançonner. Vous parlez à n‘importe qui dans la rue de la mairie, il pense que vous allez le taxer sans contrepartie ; c’est ça al-baladiyya dans notre pays, des taxes sans contrepartie pour les contribuables pressurisés à n’importe quelle occasion.

Qui pense au maire quand il y a un incendie, un crime, une menace sur la sécurité, un cas social, qui pense à lui quand il s’agit de financer une petite activité génératrice de revenus, de lancer une initiative populaire, de dégager une rue .

ll faut que ca change .Le prochain maire doit être élu sur la base d’un programme précis et mesurable, que l’on peut suivre, qui a une traçabilité, qui sera chiffré Cela ne doit pas être un catalogue de bonnes intentions copié sur une pièce d’archives qu’on jettera une fois élu Le Président de la Communauté urbaine doit être là pour travailler, pas pour prendre sa retraite

Il doit avoir des idées plein la tête et savoir la manière de les réaliser. La volonté doit être là, les moyens suivent toujours la volonté, tout le monde le sait

On voit beaucoup de monde s’activer pour les élections mais personne n’est sûr qu’elles vont avoir lieu dans les délais, surtout en cas d’accord sur le dialogue

On verra. Mais je vous rappelle que Le Président a dit qu’il n’y aura pas de vide constitutionnel. Le collège électoral a été convoqué Je suis surpris de voir que ce sont ceux qui se prétendent démocrates et qui disent respecter la légalité constitutionnelle qui demandent, qui rêvent en fait d’un vide juridique, c’est presque cocasse, surréaliste

On se demande pour quelles raisons profondes ceux qui plaident pour le report sans raison, qui sont d’ailleurs curieusement les détenteurs des mandats actuels, sont si cramponnés à cette exigence… si ce n’est pas une manœuvre dilatoire, ça y rassemble fort

Je crains d’ailleurs que tout ce tintamarre sur le dialogue ne soit une façon de gagner du temps sur les échéances que tout le monde redoute et que les Mauritaniens appellent de leurs vœux .pour enfin mettre à la porte des gens qui ne les représentent plus Maintenant, si les élections devaient être reportées, elles ne seront pas pour autant annulées ou reportées indéfiniment

J’en profite en tout cas pour appeler les jeunes, les entrepreneurs de toutes les couches sociales, les femmes, les travailleurs, les vraies gens, les forces vives de ce pays et les habitants de Nouakchott en particulier ; j’appelle tout ce monde à saisir cette occasion pour se mobiliser autour de nouvelles candidatures

Les élections auront lieu quoi qu’il arrive et je crois que c’est une occasion pour nous tous de renouveler notre classe politique et prendre notre destin en main, maintenant que les conditions politiques et la liberté de choix sont entièrement réunies

Propos recueillis par AOC






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