dimanche 15 juillet 2012

Crash du dernier transporteur de troupes Y12 à Nouakchott


Quelle qualité de maintenance de notre Armée de l’Air ? 

L’armée mauritanienne et le peuple tout entier sont endeuillés par le terrible accident d’avion survenu jeudi matin à Nouakchottoù un avion militaire s’est écrasé à l’aéroport après que le pilote ait évité de justesse de s’abattre sur le quartier populeux de Haye Saken situé à quelques mètres seulement de la piste d’atterrissage.

L’ensemble des sept personnes (3 officiers de l’armée et 4 civils) qui étaient dans l’appareil ont trouvé la mort dans ce crash.

En août dernier, c’était un Tucano, un avion de reconnaissance appartenant à l’EMIA d’Atar, qui s’écrasait près de Chinguitti quelques minutes après son décollage, tuant son pilote.

L’appareil s’est abattu juste après le décollage 

Selon plusieurs témoins oculaires, notamment du quartier Haye Saken qui ont témoigné au pilote le courage d’essayer plus d’une fois s’éloigner des zones habitées pour s’écraser dans l’enceinte aéroportuaire, l’avion de transport militaire a pris feu quelques fractions de minutes après son décollage. «Les pompiers de l’ASECNA, qui opèrent sur l’aéroport de Nouakchott, auraient pu, en arrivant dans moins de 3 mn sur les lieux du drame, sauver plus de 70% des passagers, mais ils ne purent atteindre l’avion que trop tard faute de vents, ce qui ne laissait que très peu de chance aux passagers de l’avion», nous indiquera, plus tard, un professionnel.

Et même si, les causes réelles de ce tragique accident ne sont pas encore connues et qu’une enquête a déjà été ouverte pour les connaître, l’on s’oriente de plus en plus vers la thèse de la fuite au niveau du réservoir, l’incendie s’étant déclaré dans l’un des moteurs de l’aéronef, et le pilote Ahmed Ould Iyahi a été vu faisant plusieurs tentatives de redressement de l’appareil.

Ainsi, l’état-major mauritanien privilégie la thèse de l’accident. «L’avion s’est abattu juste après le décollage dans l’enceinte de l’aéroport de Nouakchott», a expliqué le colonel Teyib, porte-parole de l’état-major.

Dans le Communiqué rendu public par le Ministère de la Défense nationale le lendemain (voir encadré) où il «adresse ses condoléances les plus émues aux familles des défunts et implore le Tout Puissant de leur offrir Son Paradis en refuge», l’on apprendra que le crash s’est produit précisément à 7h 45 minutes et que parmi les sept personnes se trouvant à bord, il y avait trois militaires, deux douaniers et deux employés d’une société de gardiennage.

Le pilote Ahmed Ould Iyahi, âgé de 24 ans, était connu pour son sérieux et sa compétence et il connaissait parfaitement cet appareil très usagé qu’il pilotait pour des missions de l’Armée. Informé avec regret de l’accident de l’avion et des pertes humaines, le Président Aziz arrive sur les lieux, accompagné du général chef d’état-major de l’Armée nationale, Ould Ghazwani. Dans le courant de la journée, le Conseil des ministres a adressé ses vives condoléances aux familles des défunts.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, l’accident s’était produit en l’absence des principaux responsables, notamment le Ministre de l’Equipement et des Transports, le représentant de l’ASECNA en Mauritanie, le Directeur général de l’ANAC lesquels étaient à Dakar pour participer à une réunion annuelle statutaire de l’ASECNA (Conseil d’administration et Comité des Ministres).

Le dernier des Yankee chinois

L’avion est un Yankee 12, un petit transporteur militaire bi-moteur de fabrication chinoise, immatriculé 5T - MAD. Cette catastrophe qui fait perdre encore à notre pays certains de ces vaillants militaires repose donc la fiabilité des avions militaires chinois, qui n’en sont pas à leur première catastrophe en Mauritanie, l’avion crashé étant le dernier des trois avions de transport de troupes de fabrication chinoise (deux Y12 et un Y7) achetés en chine dans le milieu des années 90. L’on se souvient que le premier Y12 a crashé à Nouadhibou, à peine huit mois après sa livraison, avant d’être suivi par le Y7 qui a crashé à Néma le 12 mai 1998, faisant 39 morts sur 42 passagers.

De même que la catastrophe d’aujourd’hui doit nous interpeller sur le niveau de la maintenance de l’armée de l’air et sur la qualité de cette maintenance, un autre petit avion militaire de reconnaissance (un Tucano appartenant à l’Ecole militaire Inter Armes -EMIA- d’Atar) s’étant écrasé, le 21 août dernier aux environs de la ville historique de Chinguetti (600 kilomètres au Nord de Nouakchott), après que son moteur ait pris feu après le décollage, entraînant la mort de son pilote, le lieutenant El Boukhary Ould Mohamed Laghdaf.

Tout comme cette catastrophe d’aujourd'hui doit interpeller sur ce que fait l’armée dans le transport civil. N’est-elle pas, en principe, non autorisée à en faire? Surtout que la sécurisation de cette cargaison d’or acheminée chaque semaine, de Tasiast vers l’aéroport de Nouakchott, pour reprendre le vol d’Air France le soir, est du ressort d’une société suisse contractuelle avec Tasiast.

Cela d'autant plus que, si le yankee 12 est sous régime civil (l’armée ayant créé une société ou structure morale civile), il doit alors obéir aux règles internationales de l’aviation civile en termes de navigation, de la qualification du personnel, de leur licence et des règles d'exploitation de l’avion ? Par contre s’il est sous régime militaire, comme il en a l’air, c’est l’institution militaire, donc l’Etat, qui l’assure. Voilà pourquoi, l’on est en droit de se demander que vient faire alors l’armée mauritanienne dans cette chaine et surtout comment va réagir l’assurance qui, en principe, ne connait pas le transporteur militaire ?

Le transport aérien en Mauritanie, une problématique

Par ailleurs, cet accident de l’avion militaire pose la problématique du transport aérien enMauritanie. Qui peut postuler pour avoir un agrément transport ? Est-ce que l’armée est éligible à faire du transport civil ? Est-ce que les pilotes militaires sont habiletés à faire du transport civil ?

L’on savait certes que l’ANAC a arrêté les opérateurs civils de transport aérien au profit des compagnies minières, pour donner à l’armée l’opportunité de bénéficier de ce juteux contrat. D’ailleurs de mauvaises langues affirment que des responsables de l’armée de l’air privilégieraient certaines sociétés de gardiennage influentes dans le secteur minier, telle la compagnie de sécurité MCS.

C’est dire que l’enquête qui «sera ouverte pour déterminer les causes de cet accident» ou la Commission d’enquête nationale indépendante qui doit être mise en place doit toute cette situation, pour savoir où se situent les responsabilités entre l’ANAC en tant qu’Autorité Nationale, l’ASECNATasiast et l’Armée de l’Air.

Mohamed Ould Khattatt / B.G


Communiqué du Ministère de la Défense Nationale

«Un aéronef de transport militaire appartenant à nos forces aériennes s’est écrasé à son décollage de l’aéroport de Nouakchott ce matin, 12 juillet aux environs de 7h 45 minutes. L’avion en question devait effectuer une mission de routine au profit de la société Tasiast. Tous les passagers et membres d’équipage au nombre de 7 (3 militaires et 4 civils) ont perdu la vie.

Il s’agit de:

- Capitaine El Hacen Ould Cheikhany

- Sous-lieutenant Ahmed Ould Mohamed Salem Ould Iyahi - Sergent Ahmed Salem Ould Boukhary

Deux douaniers

- Brigadier M’bareck Ould Bouna

- Préposé Mohamed Ould Mohamedou

En plus de 2 agents de sécurité affiliés à une société de sécurité travaillant pour le compte de Tasiast:

- Henoun Ould Mohamed Ould Sid'Ahmed

- Ely Cheikh Ould Regad

Une enquête sera ouverte pour déterminer les causes de cet accident. Suite à cet accident tragique, le Ministère de la Défense nationale adresse ses condoléances les plus émues aux familles des défunts et implore le Tout Puissant de leur offrir Son Paradis en refuge. Puisse Allah donner courage à leurs familles pour supporter cette affliction. «Nous appartenons à Allah et c’est à Lui que nous reviendrons».







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