mercredi 18 avril 2012

Aziz- Boydiel: L’autre dialogue (presque) imaginaire


Aziz- Boydiel: L’autre dialogue (presque) imaginaire
image manquanteSans appartenir à la formation UPR, le Premier responsable du parti El Wiam, M. Boydiel Ould Houmeid, est, depuis un certain temps, dans l’orbite du pouvoir. Le courant semble passer en tout cas entre lui et le Général Aziz. Ils se sont vus, pas plus tard qu’il y a deux semaines. Visiblement, Boydiel était sorti satisfait de cette audience et avait dit que les jours à venir verront une évolution significative en matière d’application des résultats du dialogue. Moi, CHANI, je devais comprendre avec retard – comme à mon habitude- qu’il parlait de la validation par le Conseil de Sghair Ould M’Barek de la loi relative à la CENI. Mais je sais aussi que, même si le courant passe, les vues ne sont pas tout à fait identiques. C’est pourquoi, j’ai tenu à franchir toutes les barrières de la sécu présidentielle pour tendre l’oreille et prendre connaissance de quelques détails de leur conversation qui tient lieu d’un autre dialogue. Suivez :

Boydiel : Nous voilà revenus à toi, Messaoud et moi. Mais, détrompe-toi, il faut que tu lâches du lest, cette fois.

Aziz : Mais moi je ne me trompe jamais, je ne me suis jamais trompé !

Boydiel : Ecoute, ne discutons pas amplement de sujets qui fâchent…

Aziz : …Qui fâchent qui ?

Boydiel : Qui peuvent me fâcher ou te fâcher … D’ailleurs, toi tu es déjà fâché maintenant et tu es même toujours fâché. Peux-tu me dire pourquoi tu es irascible, pourquoi tu es toujours habité par cette hargne ?

Aziz : Non, Grand, faut pas dire ça. Tu sais bien que nous, Lebzouga (Maures du Sénégal), notre parler c’est comme ça mais, en réalité, on n’est pas fâché pour un sou, comme certains peuvent le penser.

Boydiel : Moi, même si je n’ai jamais fait l’Almoudo, j’appartiens plus que toi à la communauté Lebzouga. Ça, tu devrais le savoir. Et tous ceux qui me connaissent bien savent qu’autant je ne me laisse pas avoir, autant je ne suis pas nerveux et que même, à ce qu’on me dit, je suis de commerce plutôt agréable.

Aziz : Faut pas te fier à ce que les gens d’ici disent. Ça n’exprime pas nécessairement le fond de leur pensée.

Boydiel : Ah, ça tu le sais ? Je ne savais pas …

Aziz : Tu ne savais pas quoi ? Qu’il n’y a ici que des fumiers et des chasseurs de sous et que c’est seule l’opposition radicale qui dit ce qu’elle pense ?

Boidjel : Non, pas l’opposition seule. Il y a le président Messaoud et moi qui disons aussi ce que nous pensons.

Aziz : Et moi ? Est-ce que tu ne trouves pas que je dis ce que je pense ?

Boydiel : Oh, non ! Je ne dis pas ça comme ça mais j’ai toujours remarqué que tu te fais prier pour respecter les engagements que tu prends.

Aziz : Quels engagements ai-je pris et que je n’ai pas respectés ?

Boydiel : Ils sont légion. Mais je vous dis, en vrac, les Accords de Dakar, le respect des échéances électorales, les marchés de gré à gré, la Route Tiguend-Méderdra, la baisse des prix et la nomination à la tête des médias officiels de Directeurs Généraux qui soient compétents, honnêtes et responsables..etc.

Aziz : Ben, toi, comme les gens de l’opposition, tu es toujours collé aux Accords de Dakar… Boydiel : Non, moi je tiens tout simplement au respect des engagements.

Aziz : En tout cas, les engagements avec toi et Messaoud seront respectés. Tu as vu qu’au Conseil constitutionnel, ils viennent de valider les textes, comme je le leur ai dit.

Boydiel : Mais vous n’avez pas à le leur dire ! En Démocratie, les institutions doivent fonctionner en toute liberté, en toute autonomie.

Aziz : Mais, ici, ce sont tous des voyous, il n’y a que moi qui leur dis de faire et si je ne le dis pas, rien ne se fait.

Boydiel : Ah, c’est pourquoi presque rien n’est fait dans le pays. Parce que vous, vous avez beau être le président, vous avez beau être Aziz, vous ne pourrez jamais être partout et faire marcher tout seul toute une Administration. A moins que vous n’ayez le don de l’ubiquité.

Aziz : Ah, encore vous les civils avec les gros mots… que veut dire ‘’ibiscuité’’ ?

Boydiel : …Rires.. Mais, Président, n’oubliez pas que vous avez mis votre tenue militaire au placard !

Aziz : Ah, ça, en réalité, je l’oublie toujours, je te le concède mais c’est parce que c’est moi-même qui m’occupe aussi des questions de défense et de sécurité.

Boydiel : C’est ce que je viens de te dire, Président : tu ne peux être tout à la fois : Président, Ministre, Trésorier, Directeur, Officier, Commerçant, Industriel, Assureur, Douanier, Médecin, enseignant, Policier.

Aziz : Moi, je ne veux pas être tout ça. Moi, je veux être Président et rien que ça.

Boydiel : Mais on peut être Président et laisser aux autres leurs prérogatives…

Aziz : Justement, faut pas les leur laisser, ils ne feront rien de bon et ils dilapideront les sous dont ils ne vous laisseront rien.

Boydiel : Au fait, comme vous concentrez tout entre vos mains, est ce que vous osez dire qu’il n’y a plus maintenant de détournements de fonds publics ?

Aziz : En tout cas, s’il y en a, c’est très limité.

Boydiel : Et l’argent qu’on détournait, où est ce qu’il est allé ? En tout cas, les citoyens n’ont pas senti que la collectivité nationale a recouvré des fonds qui lui étaient subtilisés ; il n’y a rien eu de plus que ce qu’il y avait. Sauf si vous voulez me dire que cet argent est tout simplement allé dans de nouvelles poches plus réduites numériquement mais tout aussi plus boulimiques. Ce qui donne sensiblement le même résultat qu’auparavant !

Aziz : Mais non, voyez les slogans que scandent les populations à chaque occasion, durant mes déplacements à Nouakchott et à l’intérieur ! Dans leur immense majorité, les gens sont contents de moi et de ce que je fais pour eux et ils me l’expriment. Il fallait voir les banderoles que je leur ai interdit de déployer durant les meetings. Les pauvres, ils ne vont plus exprimer leur satisfecit !

Boydiel : Mais vous venez de me dire que ce que les gens d’ici disent ne reflète pas nécessairement ce qu’ils pensent… Voyons, soyez cohérents !

Aziz : C’est vrai, mais moi quand je vois tous ces gens et tout le bien qu’ils disent de moi, je me dis toujours que ça doit être vrai… au moins en partie, que je suis puissant, populaire et que les voix dissonantes de l’opposition ne sont rien d’autre qu’un moyen perfide visant à me ravir mon fauteuil, qui est fait pour moi, qui est le mien et qui ne peut jamais m’être subtilisé par des personnes souffrant d’arthroses. C’est même pourquoi j’ai souvent eu à épingler très méchamment les dirigeants de l’opposition.

Boydiel : Vous n’avez pas raison.

Aziz : Comment ça, pas raison ?

Boydiel : Ce n’est pas présidentiel de s’en prendre à l’opposition et c’est encore moins démocratique !

Aziz : Oui, on me l’a dit. C’est pourquoi, après Nouadhibou, je suis allé à Rosso où je n’ai parlé, ni de l’opposition, ni des officiers qui ont des choses à se reprocher dans le cadre des évènements de 89. Et je trouve que c’est une bonne chose de ramasser ces gens, une fois, pour les remettre à leur place et, parfois, de les ignorer … ‘’présidentiellement’’.

Boydiel : Mais où en est-on, nous autres, Messaoud et moi ? On ne peut s’empêcher de remarquer que, de temps en temps, vous laissez entendre que le Dialogue, qui nous a réunis, gagnerait à être repris avec une plus large participation.

Aziz : Ah, non, non, non et non. Messaoud et toi, vous êtes des nôtres et plus rien ne sera plus fait ici sans vous et vous aurez immanquablement votre part.

Boidjel : Mais nous, nous voulons quelque chose pour le pays, pour tout le monde…

Aziz : Ne me parlez pas de tout le monde. Parlez-moi seulement de vous, de vos problèmes, de ce qui vous préoccupe et vous verrez ce que je ferai pour vous.

Boydiel : Nous, on n’a pas de problèmes en dehors de ceux posés au pays.

Aziz : Rassurez-vous, pendant que Sarko et moi sommes là, il n’y aura pas de problèmes.

Boydiel : Sarko, c’est pas sûr qu’il sera élu et puis il n’est en rien concerné ici. Et toi tu es appelé à ne jamais oublier que ce qui a été fait pour les municipales et les législatives ne pourra en aucun cas être appliqué à l’élection présidentielle. Cette échéance là ne saurait être retardée.

Aziz : Ah bon ? Mais pourquoi ?

Boydiel : Ce serait très osé, les gens n’accepteront pas. Voyez le cas du Mali, de Bissau et surtout voyez le dénuement total dans lequel se trouve le peuple à l’heure actuelle. Vous ne pourrez jamais ignorer ça. A bon entendeur…..

CHANI 

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