mercredi 21 novembre 2018

21-11-2018 12:33 - Études à l’étranger : la France augmente les coûts de ses diplômes


Études à l’étranger : la France augmente les coûts de ses diplômes
Jeune Afrique - En annonçant l’augmentation des coûts des formations dans le public pour les étudiants étrangers, le Premier ministre français vient d’assumer le choix d’une stratégie d’écrémage par le seul critère financier. 

La France opère un changement de cap radical dans sa stratégie d’attraction des étudiants étrangers. Son gouvernement a annoncé lundi 19 novembre que les frais de scolarité dans les universités et écoles publiques allaient augmenter pour les étudiants extra-européens dès la rentrée 2019. Un choix qui semble être en cohérence avec la politique d’immigration choisie par le président Emmanuel Macron

Jusqu’ici, les étudiants étrangers payaient les mêmes droits que les Français, soit 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat. 

À partir de la rentrée 2019, ils devront s’acquitter de 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat, soit « un tiers du coût réel » d’un étudiant étranger pour les finances publiques, a indiqué le Premier ministre français Édouard Philippe, dans une allocution tenue lors des Rencontres universitaires de la Francophonie. 

« Coup de massue »

Critiquée en France par les principaux syndicats étudiants, cette décision surprend également le continent : « L’annonce a été reçue ici comme un coup de massue, tant dans les milieux étudiants que chez les professionnels de l’enseignement supérieur, indique une experte de l’enseignement supérieur panafricain, basée à Dakar. Elle est d’autant plus surprenante qu’elle est contradictoire avec la politique actuelle », poursuit-elle.
En tout, 15 000 bourses seront accordées sur la période 2019-2027

Dans son allocution consistant à exposer la nouvelle stratégie française d’attractivité des étudiants internationaux, Édouard Philippe a en effet affirmé vouloir attirer plus d’étudiants étrangers : « Notre objectif est d’atteindre 500 000 étudiants en mobilité à l’horizon 2027 », a-t-il indiqué. 

Présentation de la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux par @EPhilippePM https://t.co/nDvnTROCil

— Gouvernement (@gouvernementFR) November 19, 2018

Outre la modernisation des conditions d’accueil et d’accompagnement, la hausse des frais de scolarité doit aussi permettre d’augmenter le nombre de bourses et les exonérations de droits. En tout, 15 000 bourses seront accordées sur la période 2019-2027 : 7 000 seront attribuées par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et 6 000 par les universités. À ce nombre s’ajoutent 8 000 exonérations de frais de scolarité.

Avec cette décision, la France tourne le dos à l’Afrique, soit 45 % de ses étudiants étrangers 

Opportunité pour les écoles africaines ?

Pour Pape Madické Diop, PDG de l’école de commerce BEM Dakar, la méthode qui semble vouloir préserver l’égalité des chances, manque de cohérence : « Si je ne raisonnais qu’à mon niveau, je me dirais que c’est une opportunité de capter davantage d’étudiants. Mais dans ce cas, il faudrait un alignement de la politique et permettre aux formations françaises implantées sur le continent et reconnues par l’Hexagone, d’être éligibles aux bourses. Cela permettrait à des écoles comme la nôtre, qui pratiquent des prix élevés, d’accueillir un plus grand nombre d’étudiants ».

À mesure qu’elle se structure, l’offre francophone au Maghreb et en Afrique de l’Ouest progresse en qualité. Mais le secteur public, bien souvent surpeuplé, peine aussi à se réformer et proposer des filières en adéquation avec les besoins des entreprises.

Dans ce contexte, rien ne dit que le revirement français se traduise par une rétention des jeunes bacheliers sur le continent. « Avec cette décision, la France tourne le dos à l’Afrique, soit 45 % de ses étudiants étrangers. Elle perdra de son influence au profit du continent mais aussi de ses voisins comme l’Espagne, la Belgique, ou l’Allemagne et de pays comme la Turquie ou la Chine », conclut l’experte en enseignement supérieur.

Par Quentin Velluet





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Source : Jeune Afrique

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