ven, 16/03/2018 - 10:09
Feu Ahmed Salem Ould Sidi, Rahimehou Allah, l’un des vaillants officiers de la Mauritanie, exécuté avec d’autres frères d’armes, à la suite du coup d’Etat contre le régime de Mohamed Khouna Ould Haidalla, a écrit, après avoir appris sa condamnation à mort, l’émouvante lettre que voici (fac-simulé), à son épouse Mané Mint Hbib Ould Ahmed Salem Ould Brahim Salem :
« Ma très chère épouse
Je viens d’apprendre que le recours en grâce a été refusé et je m y attendais. Ainsi, je vais quitter ce monde sans pouvoir, ni te voir, ni voir les enfants.
Sois courageuse comme tu l’as toujours été et occupes-toi de leur éducation. Respecte ma mémoire et n’épouse qu’un homme de ton rang et qui chérira mes enfants comme les aimais chéris moi-même.
Tu leur parleras de ce que j’ai toujours été : honnête, franc, loyal, jovial…etc.…etc. Je ne regrette pas ma vie si ma mort peut être utile à la Mauritanie. Salut à Amar, Aicha, M’Bih et tous les nôtres. Si vous pouvez obtenir mon corps, mettez-le à côté des miens à El Meimoune. Bon courage.
Ton Salem »
Nota : Payez ce que je dois à Mohameden »
(fin de la lettre)
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« La lettre envoyée, par le Lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi, à son épouse, quelques heures avant son exécution. Un document pour l’Histoire qui révèle la valeur exceptionnelle de l’homme devant l’épreuve fatale et la conscience du militaire envers les siens » .
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Le 16 mars 1981, deux commandos dirigés par les Lieutenants-colonels Ahmed Salem Ould Sidi et Mohamed Ould Bah Ould Abdelkader investissent la Présidence, l’immeuble de la Radio Mauritanie et l’Etat-major de l’Armée Nationale, à Nouakchott, en l’absence du Chef de l’État de l’époque, le Lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah, Président du Comité Militaire de Salut National (CMSN), ce jour-là au Nord du pays.
Après quelques heures de combat, les putschistes, très inférieurs en nombre, sont maîtrisés. Une vague de répression s’abat sur le pays et entraîne l’emprisonnement de centaines de mauritaniens, pour la plupart des notables.
Le 25 mars 1981, les deux Lieutenants-colonels et les Lieutenants Niang Mamadou Moustapha et Mohamed Doudou Seck sont exécutés, après le rejet de leurs recourt en grâce. D’autres, en fuite ainsi que les membres de l’aile civile, la veille réunis à Richard-Toll sur l’autre rive du Fleuve Sénégal, écopent de lourdes condamnations, par contumace. Le pouvoir d’ Abdou Diouf les expulse, sans les livrer.
Les survivants de ce premier coup d’état sanglant dans l’histoire du pays rentrent, en Mauritanie, au lendemain de celui, pacifique, du 12/12/1984 qui inaugure l’ère Ould Taya.
Ahmed Salem Ould Sidi, Abdel Kader Ould Bah et avaient été traduits le 24 mars devant un tribunal militaire d’exception. Le procès se déroule dans la caserne de Jreïda, à une vingtaine de kilomètres de Nouakchott. Les avocats des putschistes insisteront sur le courage de Kader durant l’audience. La tête haute, il fera le procès du régime militaire depuis le premier coup d’Etat du 10 juillet 1978.
« La Mauritanie n’a pas de pétrole. Sa seule richesse est sa dignité. Et depuis, cette dignité a été bafouée par les militaires… ». Ce sera une plaidoirie pour l’honneur. La cour n’accorde aucune circonstance atténuante à Kader, Ould Sidi et deux autres officiers.
Le verdict tombe : la mort. Mais les deux hommes bénéficient depuis des années de nombreuses amitiés à l’étranger. Des appels à la clémence sont lancés par plusieurs gouvernements.
Le lendemain de la condamnation, le 25 mars, l’avion de Tarek Aziz, le ministre irakien des affaires étrangères, se pose dans la capitale mauritanienne.
Il est 9 heures du matin. Le chef de la diplomatie irakienne, dont le pays entretient des rapports étroit avec Nouakchott, vient demander leur grâce. « Navré, lui répond le président Haïdalla, ils ont été exécutés à l’aube… ».
La sentence avait été accélérée. Il semble que Haïdalla n’ait pas voulu la mort de Kader et qu’il ait été victime des pressions de son entourage. Cette exécution provoquera néanmoins des vifs remous au sein du CMSN qui ne se réunira plus durant plusieurs mois. En 1984, un nouveau coup d’Etat, mené par Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, actuel chef de l’Etat, éliminera le lieutenant-colonel Haïdalla.
Le souvenir de Kader reste très vif dans la mémoire de la population. Admiré par ses fidèles, respecté par ceux qui l’on combattu, le nom de Mohamed Ould Bah Ould Abdelkader revient sur toutes les lèvres lorsque, de Néma à Nouakchott, au détour de longues conversations, les mauritaniens font et refont l’histoire du pays. Plus que ses exploits, ils insistent sur son sens de l’honneur et de l’amitié. Les amis du chamelier aviateur en sont persuadés : aujourd’hui Kader est au ciel.
Md O Md Lemine
« 16 mars 2015 »
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