jeudi 22 février 2018

23-02-2018 00:00 - Isselmou Ould Hanefi ● Chers lecteurs : Je partage avec vous la première partie de mon livre autobiographique en cours de finalisation


Isselmou Ould Hanefi ● Chers lecteurs : Je partage avec vous la première partie de mon livre autobiographique en cours de finalisation
SOS ABBERE - Première partie

En 1967, alors que j’avais sept ans, mes parents ont décidé de s’installer dans la ville de Chinguetti, après avoir vécus plusieurs dizaines d’années dans l’Oasis d’ Aberre.

Chinguetti à l’époque, n’était que de belles ruines nostalgiques du passé, symbole d’une histoire, d’une culture, avec une forte ambition à la veille de l’indépendance.

Sept ans à l’époque, nous séparés d’une date clé de l’histoire du Pays, celle de son indépendance de la France coloniale en 1960.

C’était bien avant, que la ville ne soit classée patrimoine mondiale de l’UNESCO, l’Oasis d’Abbere, est située tout juste, à 4 Km, un peu plus à l’est, reliée par un massif cordon dunaire à la ville de Chniguitti.

Une sensibilité culturelle et historique, été de tout temps perceptible entre les deux lieux, qui sont à vrai dire, de hauts berceaux de la culture et de l’histoire du Pays.

L’origine de ce froid, puise sa source dans le fait, qu’Aberre, fut créée au VIIIe siècle contrairement à Chinguetti qui est fondée vers la fin XIIIe, donc bien plus récente.

Néanmoins, les échanges, culturels, sociaux, caravaniers ne se sont jamais interrompus et les relations intercommunautaires sont restées l’une des principales priorités des habitants.

Au moment ou nous vivions à Abbere, vers les années 50 du siècle dernier et même bien avant, c’était une Oasis Calme, avec des milliers de palmiers dattiers quelques familles paisibles.

L’eau été abondante, la moyenne pluviométrique était satisfaisante, on n’est bien loin des années 70, celles de la grande sécheresse qui s’est intensifiées au fil des ans dans le Pays.

A l’âge de sept ans, en 1967, je me rappelle de ce qui faisait la beauté de cette époque, un véritable tapis végétal, des dunes verts de plus 50 mètres qui dominaient les plantations de palmiers, des habitations de fortunes, simples construites en paille, en bois de palmiers et en pierre.

Mais, surtout une génération très particulière, ouverte, tolérante, généreuse, bien organisée et structurée sur des valeurs humaines et sociales fortes.

Ma grand-mère, qui avait dépassée les 70 ans m’aimait à la folie et moi aussi naturellement, j’étais très privilégié, je ne manquais jamais de bonbons ou de biscuits. 

Je dormais dans ses bras, en me berçant comme un prince et en me racontant des contes de fées, pour me faire dormir en douceur, je me sentais très bien avec elle.

Arrivé, à Chinguetti, une nouvelle étape de ma vie se dessinée et un nouveau destin se décidé sans que je ne le sache, normal ! J’étais très jeune et inconscient.

Quelques jours passèrent deux ou trois.. Je sais plus, puis ma mère m’accompagna à l’école, le directeur nous accueille dans un petit bureau sobre, avec quelques craies de différentes couleurs, cassées et éparpillées, des cahiers de devoirs, un ou deux livres de lectures.. Bref.

Après les salutations d’usage, ma mère rentre dans le vif du sujet, « je suis venue pour inscrire mon enfant à l’école », le directeur accepte sans hésitation la demande.

Après les formalités d’inscriptions, Il nous accompagna vers la classe du CP1 ou nous fûmes accueillis par le maitre, qui était visiblement content de m’accepter parmi ses élèves. 

Ma mère à toutes les raisons d’être contente, car elle a réussi sa mission et sa journée été remplie, une fois de retour à la maison, la nouvelle s’est répandue au sein de la famille. 

Il faut quand même noté, quelques traits du caractère très rigoureux de ma mère, qui donnait à l’éducation toute sa signification et son sens.

Elle me corrigeait comme il se doit avec ou sans raison et sur ce coté, elle avait de quoi s’occuper, car je ne manquais aucune occasion pour sécher les cours. 

C’était l’unique prétexte crédible pour justifier mes faiblesses en classe et mon incapacité d’être un élève comme les autres, j’étais turbulent, j’avais de la peine à rester 5 minutes assis.

J’étais en conflit permanent avec le maitre, le surveillant et mes parents, rien à faire, je ne pouvais pas suivre à l’école, pour deux raisons logiques je suis nul et instable.

Au mois de janvier 1968, l’hiver est à nos portes, ma famille décida d’aller en brousse pour quelques mois de vacances profiter de ses chamelles et m’inscrivait à l’internat.

C’était la première fois que je me séparé de ma famille, ma grand–mère a pleurée ce jour là, j’étais triste, la vie est devenue un enfer, que je ne pouvais supporter à cet âge.

Je regardais la vielle Land-Rover qui transportait mes parents, surchargée de passagers s’éloignait, une fumée grise noire se dégagée de l’échappement. Elle était, la seule voiture de transport dans la ville.

C’est une épreuve difficile que j’étais appelé à affronter quoi qu’il advienne, je retourne en pleurant à voix basse à l’internat ou nous étions 25 élèves sous la tutelle d’un géant qui faisait régner l’ordre de gré ou de force.

La première nuit se passe normalement, dés que nous avons diné, nous nous sommes constitués en groupe, pour réviser sous la lumière de vielles lampes à pétroles qui laissaient une épaisse fumée noire nauséabonde , s’échappait de ses verres presque toutes cassées.

Le lendemain après-midi, je suis allé vers un oncle en ville pour me divertir un moment avec ses enfants et mettre de coté, pour quelques instants, mes soucis.

Nous priâmes le maghreb ensemble ( la prière du crépuscule), après quoi, je pris congé de mon oncle et me dirigea dans la nuit noir à l’internat.

J’avais peur, je tremblais sans cesse, les mauvaises langues disaient que les diables contrôlaient cette partie du chemin, qui frôlait l’enceinte des cimetières.

Je n’avais pas de torche, je ne voyais presque rien, ma gorge était sèche, j’avais chaud, et la tête pleine d’imagination, je regardais dans tous les sens, à mon arriver, je constate que la bonne à déposer le couscous dans les plats.

Elle a laissée la marmite, légèrement penchée sur une grande pierre garnie de viande bien cuite, en attendant, qu’elle cherche une grande cuillère pour la repartir équitablement sur les différents plats des élèves.

Comme je suis un élève d’initiative, j’ai pris la marmite, j’ai fait le tour de la maison ou je me suis assis la marmite entre les jambes dans une nuit sombre et glaciale, j’ai mangé comme je ne l ai jamais fait, au moment ou les élèves courraient dans tous les sens à la recherche de leur complément de repas.

C’était agréable, la viande était de grande qualité, bien cuite, bien préparée, j’ai aussi pris soin de boire la sauce, sucer les os, je n’ai rien laissé au hasard.

Aussitôt fini, j’ai regagné les autres dans leur quête vaine pour la marmite, nous nous ressemblons sur instruction du chef qui constata avec regret, qu’il fallait se contenter de manger le couscous ce soir sans viande.

Les cinq groupes se sont repartis à raison de 5 élèves par plat, sauf le mien qui s’est retrouvé à quatre, pour des raisons évidentes je suis parti me coucher.

Tellement j’étais rassasié, que j’ai oublié d’essuyer ma bouche entourée de quelques bribes de viande qui ont vite attirée l’attention de quelques fourmis qui rodaient dans le coin.

Cette absence en pleine nuit d’hiver à un repas aussi copieux même sans viande a quelque peu retenue ou on va dire, interpeler le chef qui peine à comprendre ce coup de maitre.

Il demanda à l’un de ses élèves, ou est Isselmou ? L’élève répond, surpris par cette question qu’il ne trouve trop bête, « il était avec nous tout à l’heure au moment de la recherche ».

Le chef, qui était un gaillard de couleur noir élancée, faisait 2 mètres de long environs, il était au CM2, a pris la lampe et s’est introduit dans la maison à ma recherche.

En réalité, il n’a pas eu beaucoup de peine pour me retrouvé, il a été guidé par mes ronflements qu’ont entendaient de loin amplifier par les murs et portaient par le silence de la nuit.

Il se courba en tenant la lampe, tout en s’approchant de mon visage comme s’il suspectait quelques choses, c’est à ce moment, qu’il remarqua les restes de viande sèche, qui résistaient encore à quelques fourmis visiblement motivées.

La décision était rapide, dure et surprenante, il m’infligeât une gifle surdosée qui ressemblait dans sa force et son impact à une décharge électrique de très haute intensité.

C’est à 400 mètres de l’internat, que je me suis retrouvé bien réveillé et conscient du tort que j’ai porté aux autres par ce geste pour le moins inhabituel, même s’il est assez expressif. 

Après cette claque, il fallait changer de stratégie pour ne pas dire de vie, je ne pouvais revoir notre respectueux chef à l’Internat, de crainte de m’imaginer que cette scène peut se reproduire d’ une manière ou d’ une autre.

Le lendemain, je pris la décision de rentrer chez-moi en brousse quelqu’un soit le prix, de toutes façons je me suis dit, que ma mère ne pouvait mieux faire que le chef à l’internat.

Ma grand-mère qui été très affaiblie, pouvait à peine me saluer, loin de nous les années ou elle avait la force de me protéger, ma mère que je craignais, n’a pas fait de mon retour un grand problème.

Avec le thé, qui est un rituel d’accueil, les journées passaient vite, on le faisait sans arrêt, autour de toutes les discussions possibles et imaginables.

Les randonnées à dos de chameau, notre meilleur allié dans le désert, l’équivalent d’un 4×4 pour ceux qui vivent en ville, nous procurer aussi beaucoup de plaisir. 

Au fur et à mesure que l’hiver s’estompé, les premiers signes du printemps se faisaient sentir, les vacances touchaient à leur fin et la famille reprenait le chemin du retour en ville.

Maintenant, le quotidien et la routine à Chinguetti reprennent leur rythme répétitif et ennuyant tout au moins pour moi, qui faisait la servitude pour la famille.

Après l’échec à l’école, je me suis vu attribué de fait, certaines taches ménagères, qui sont traditionnellement du domaine de responsabilités de mes sœurs.

Je devais puiser l’eau du puits, le transporter à la maison, faire le marché pour l’achat de la viande, des légumes et du riz, pour les besoins du repas et bien sur faire la vaisselle.

En quelques sortes, à 8 ans je suis devenu l’homme de la famille, en première ligne face à la vie, déjà les traits du futur adulte que je serais se faisaient distingués.

Bien qu’avec un tel engagement, je ne suis pas encore au bout de mes peines, le soir quand le diner est servi, je suis strictement surveillé par ma mère qui dose, la quantité de nourriture que je dois prendre.

Mes sœurs, qui sont gavées de jour comme de nuit, doivent manger des quantités de repas supérieures à leurs capacités, fautes de quoi elles seront battues comme des bêtes.

La situation était difficile pour moi, au point de développer une stratégie de nuit, qui me permettait de manger le reliquat du repas conserver jusqu’au petit matin à mes sœurs..

La technique que j’ai utilisée consistait, a porté le voile de l’une de mes sœurs, à une heure tardive de la nuit pour manger le reliquat du repas conservé, pour servir de petit déjeuner à mes sœurs.

Ma mère s’est souvent réveillée et constater la scène, mais trouvé plutôt bien que l’une de ses filles se gavait d’elle-même, c’était pour elle un succès significatif

C’est plus tard dans une discussion de jour entre elles, que l’une de mes sœurs a évoquée le sujet, en se plaignant auprès de ma mère à propos du petit déjeuner.

Ma mère a tout de suite compris qu’il s’agissait de moi, mais pour s’assurer elle se réveilla cette nuit, comme elle le faisait habituellement et s’ approcha, aucun doute c’ était bien moi.

Bien que ce jeu a marché pendant plusieurs nuits, elle a fini par me piégé, la facture a été chèrement payée, depuis je ne me hasarde plus à jouer avec elle dans ce sens.

Par contre, j’avais une dernière carte à jouer dans les moments d’ultime nécessité, c’était ma voix. Comme je chantais bien, je faisais du troc avec les femmes en leur chantant contre un pot de bouillis, un morceau du pain ou des biscuits et chacun de nous trouvé son compte dans cette affaire.

C’est dire qu’a cet âge j’avais le sens du savoir vivre, des affaires, et de la politique, je gagnais pratiquement ma vie des revenus de « ma sueur ».

Je savais que c’était la voie de l’externalité et de l’indépendance des autres, cette attitude m’ a permis d’arracher quelques concessions sur mes horaires de jeu et de liberté sur lesquelles je ne revenais pas à ma mère.

Les jours se suivent et se ressemblent, la vie pour moi, devient de plus en plus abordable et je me découvre de mieux en mieux.

Un bon matin, ma mère m’envoie pour lui acheter du riz au marché, j’avais un petit boubou bleu et surtout un maillot de bain 007 en vogue à l’époque.

C’était, un cadeau que mon grand frère m’a emmené de Nouakchott, lors de sa dernière visite chez-nous à Aberre.

Et, j’aimais tellement soulever le boubou, pour le montrer aux filles bien sur, en premier lieu, mais surtout aux autres, j’éprouvais un énorme plaisir en le faisant.

Sur le chemin du retour à la maison, le riz bien enveloppé dans le petit boubou, une petite 4×2 décapotables pour des touristes français, s’approchait à une très lente vitesse.

Je pouvais distinguer un homme et une jeune femme qui prenaient des photos, ils avaient l’air distrait par la beauté du paysage.

Et la singularité, de plusieurs chameliers qui les entouraient, en leurs proposant des objets d’arts ou tout simplement en leur demandant des cadeaux.

Je posais, mon pied droit sur la défense au bas de la voiture et tiens par ma main droite l’une des barres supérieures de la porte arrière, pour m’amuser, en profitant de cette occasion, peu fréquente chez-nous.

Brusquement, le chauffeur qui n’a pas visiblement fait attention à moi, mettait de la vitesse, ce qui m’obligea, à utiliser mes deux mains laissant le riz se verser.

A ce moment, j’ai vite réalisé la gravité de ce geste et ses conséquences désastreuses au retour à la maison.

La seule solution disponible et logique était de monter dans la voiture et faire le voyage vers je ne sais ou avec ses inconnus, ce qui fut fait.

C’était parti pour la première aventure majeure de ce niveau à cet âge, une fois monté dedans je fus agréablement surpris par la logistique en quantité et en qualité.

Il y avait des biscuits de toutes sortes, des bonbons de différents formats, des chocolats, des boissons, des cigarettes, de l’eau minérale, c’était vraiment irrésistible, pour quelqu’un comme moi qui tombe du ciel.

Le nouvel objectif, je me suis fixé dans ses conditions d’urgence serait, désormais d’éviter le plus longtemps possible d’être repérer, par le couple en voiture.

Le but bien entendu, est de tirer le meilleur profit de ce sésame, qui s’est imposé par la force du hasard, sur mon chemin et auprès duquel, j’ai trouvé un refuge convenable ne serait-ce que pour quelques heures.

3 jours de voyage avec des arrêts de courte durée, étaient suffisants pour arriver à la destination qui semble t-il était Dakar, en particulier Hann un quartier de haut standing.

J’ai compris par la suite, que l’équipage du véhicule avait pris les dispositions logistiques nécessaires pour toute la durée du voyage à Chinguetti.

Ce qui explique, le peu d’engouement qu’ils accordaient à l’arrière de la voiture, en aucun moment, je n’ai constaté qu’ils avaient un quelconque besoin de ce coté.

Après avoir garé le véhicule dans le garage, le Monsieur qui s’appelait Mike, transportait quelques sacs à la maison, sa femme avançait tranquillement dans ma direction.

Au moment ou nos regards se sont croisés, la femme a lancé un véritable cri de cœur, son mari, sous le choc, revient en courant stupéfait, tout étonné, me fixer avec des yeux rouges par la fatigue du voyage.

C’était une scène de grande désolation, le couple s’est retiré pour quelques instants, le temps de se concerter probablement, avant de revenir plus détendu, la dame me fit signe de la main de descendre.

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle me prend la main et m’accompagna à la douche ou elle me montre comment il fallait faire pour prendre un bain chaud.

J’ai pris une douche en règle, pour la première fois, tout était à ma disposition, le savon, le shampoing, l’eau chaude, la serviette, enfin brefs… Tout est là. 

Encore plus curieux et agréablement surprenant, à ma sortie du bain, une valise pleine d’habits de classe m’attendait, du jamais vu pendant mes 8 ans d’existence.

Je m’habille vite comme le fils d’un aristocrate de la haute bourgeoisie anglaise, la dame dont j’ai malheureusement oublié le nom, m’a demandée de s’asseoir à ses cotés.

Ce qui fut fait, alors que le Monsieur nous servait du café, je suppose que je pris pour la fois, des omelettes rapides et un diner léger ont clôturés notre soirée d’arrivée.

Les mois se sont vite passés, je suis resté une année, avec cette famille, la femme m’apprenait tous les jours le français, je faisais de la promenade de temps à autre avec eux.

Je ne me suis jamais senti mal à l’aise, curieusement, je n’avais pas non plus la nostalgie de ma famille (de ma vraie), je pensé que cette vie pouvait continuer, dans tous les cas elle me convenait.

Un bon matin de juin, le couple se réunit, ordre du jour, remettre cet enfant à sa famille, c’est ce qu’ils me diront, bien après, nous quittâmes Dakar tôt le matin en direction de Nouakchott.

Nous fûmes arrêtés pour déjeuner à Rosso Mauritanie, chez un ami à la famille qui m’accompagne, mon histoire été le principal sujet de discussion, durant cette étape.

L’après midi aux alentours de 17 heures, nous prîmes la route pour Nouakchott ou nous arrivâmes devant l’ hotel Park vers 20 heures,. 

Je savais, que mon grand frère vivait à Nouakchott, qu’il travaillait même et qu’il était dans de bonnes conditions sociales et économiques. 

Seulement, je ne le connaissais pas, non plus ses repères en ville m’échappaient, nous nous vîmes quelques rares fois à Chinguitti à peine je peux distinguer son visage, si je le vois.

La famille, qui m’emmena, s’excusa auprès de moi, me remet ma valise, avec quelques francs, je ne sais plus trop combien, nous nous embrassâmes larmes aux yeux, avant de se séparer à jamais.

A l’époque, Nouakchott été une petite ville ou tout le monde se connaissait, je me dirigeai au carrefour du marché ma valise sur le dos, impressionné par les quelques immeubles qui ont fraichement poussés à gauche ou à droite de l’avenue Gamal Abd El Nasser.

Arrivé à la hauteur des logements de la BMD, j’ai croisé un jeune à peu prés du même âge que moi, je l’ai interpelé en le saluant et en le demandant s’il connaissait mon grand frère.

Il m’affirma qu’il habitait dans une maison non loin de ses parents, nous partîmes ensemble dés notre arrivés, nous fumes accueillis par un vieillard riant d’une voix forte, « qui êtes vous ? ».

Je me présentais et demandais à voir mon grand frère, le vieillard changeait systématiquement de ton et d’approche à mon égard. 

Il s’approcha de moi avec un sourire très large et une affection presque de père en me posant des questions relatives à ma longue absence et à ma santé.

J’ai déduit de ce premier contact que mon grand frère est quelqu’un d’une certaine considération et ceci m’a vite rassuré.

Nous entrâmes dans la maison, le vieillard communique l’information à la famille et tout le monde m’a très bien accueilli avec un mélange de joie d’étonnement.

Il était 20h passé de quelques minutes, soudain un jeune homme très élégant aux allures de grand patron très bien habillé rentra dans le salon.

J’ai compris, à travers le respect avec lequel la famille l’avait reçu et tous ses regards braqué sur moi qui me mettait d’ailleurs mal à l’aise, qu’il s’agissait peut être de mon Grand frère.

Il avança vers moi me portait dans ses bras, des larmes pleins les yeux, visiblement très ému et commença à m’embrasser, tout en me posant des questions du genre « Ou tu étais pendant tous ce temps ? Avec qui ? Comment tu vivais ect.. ?)

C’était un moment très émouvant, j’ai versé quelques larmes de joie et de peine et j’ ai réalisé l’ ampleur et la gravité de cette absence.

Il semble que ma famille, mon grand frère en premier, a cru que j’étais mort dans des circonstances obscures ou violentes.

Un communique, a été diffusé à la radio dans l’émission de 22 heures « El beleghattes Wa El Itisssalatte et Echebiye » à ma mère et les autres à Chinguitti, annonçant mon retour du Sénégal.

Le lendemain à pareille heure, ma mère est arrivée de Chinguitti, quelque peu irritée par ce que j’ai fait, mais à la fois enjoué et triste de m’avoir retrouvé sain et sauf.

Des interminables questions sur ce qu’était ma vie au Sénégal, alimentaient les discussions pendant plusieurs jours et même plusieurs mois.

Avant que le temps ne cicatrise cette plaie, ma mère avait pris le chemin du retour à Chinguetti, laissant à mon grand frère la responsabilité de poursuivre mon éducation.

Les jours passent et repassent, faisant naitre un combat d’une autre nature et de différentes dimensions avec mon grand frère qui n’a ménagé aucun effort pour m’aider à redresser ma vie vainement.

Je me suis fais de nouveaux amis, avec lesquels, je m’entendais bien trop bien même, j’étais en phase avec la mode de mes années et ma génération, je portait des tailles hautes, des tailles Alberts ou des pattes d’ éléphants.

Je dansais, partout en boite, dans les rues, dans les couloirs du Cinéma El Mouna ou l’Oasis, quelques rares fois au Cinéma Sahara du Ksar.

C’était la fièvre des années 70, pas question d’aller à l’école, c’est une perte de temps, la priorité était à la vie rien de plus, je fumais beaucoup pour mon âgé, je veillais excessivement, c’était l’insouciance par excellence..

Les faits marquants et loisirs de notre génération en ces années de ferveur étaient simples et naturels, la musique, le cinéma, la mode vestimentaire, les cigarettes, les veillées nocturnes, les sorties à la plage ect…

L’Orchestre d’ Eh Nana à l’époque était en vogue, ils faisaient des soirées très chaudes dans la nouvelle maison des jeunes qui venait d’être construite par les chinois.

J’habitais à deux pas de leur maison à la Medina 3, tout juste, derrière le grand marché de la capitale coté ouest, je connaissais toute leur famille et je passais la plus part de mon temps avec eux.

Même si j’étais, aussi très familier avec Mohamed Ould Abeih dont le père Abeih paix sur son âme était le gardien de la SOGECO, Sidi ould sidha et ses cousins chemes Edine et son frère salem qui habitaient derrière l’AMVT.

Ce sont, les lieux privilégiés pour nos veillées nocturnes, ont se partageant les taches Sidi s’occupait habituellement d’emmener le charbon, d’allumer le fourneau et de faire le thé.

Pendant que moi j’achetais le pain au four Hajjar, chercher la menthe à la boutique et Mohamed ould abeih nous racontait des histoires et nous faisait des grimaces pour nous faire rire.

Il avait, un sens inné de la comédie et voyait le plus souvent les choses en général, de leur coté comique avec une mise en scène, qui lui est propre et cela nous amusait énormément.

Parfois, pour changer, nous allons vers feu Sid’Ahmed Ould Sidha ou encore Bouna Ould Ahmed Youra que leurs âmes reposent en paix.

Les nuits, se passent régulièrement de la sorte et le jour, nous faisons un effroyable abatis d’oiseaux, nous dormons presque 13 heures d’affilées et ainsi de suite.

L’exubérance d’acteurs hindous de l’époque, comme Amith Abachan, Hema Malini Shach Kapoor, d’autres américains, comme Terrence Hill, Bud spencer, Guilliano Gema ect influençait fortement notre culture, notre mode pensée et de vivre.

Au point, que des filles parmi nos amies ont été découvertes dans des contenairs, sur des bateaux en partance pour l’Inde, par amour excessive à l’un ou l’autre de ses acteurs.

Dans ce cadre, les dimanches étaient minutieusement préparés et attendus avec beaucoup d’impatience et d’intérêt, les garçons jouaient au pile et face pour compléter le prix de la matinée à l’Oasis ou à el MOUNA en fonction du film qui les intéressent.

Les filles se faisaient belles, pour trouver le moyen le plus court de suivre leur film préféré de l’un ou l’autre des cinémas.

Le temps passe, nous nous approchons au fur et à mesure des années 70, fortement marquées par l’euphorie de l’indépendance, les exploits économiques et les problèmes identitaires.

Il est vrai qu’en 1967, des heurts ont éclatés à Nouakchott, entre les communautés d’origines arabes et africaines.

Nous étions trop jeunes, pour comprendre la portée et le sens réel de ses affrontements, qui ont constitués le premier choc inter communautaire de la Mauritanie post indépendante.

De grandes décisions de souveraineté ont été prises par feu Moctar Ould Daddah, notamment la création de l’OUGUIYA en Octobre 73 et la nationalisation de la MIFERMA le 28 novembre 74, ont pesées sur le changement des mentalités de notre génération.

La cohabitation très mal préparée entre nos différentes communautés, ne se portait pas trop bien et chacune des communautés arabes et africaines a mise en place ses propres mécanismes de contestation.

Ainsi, les Kadihines, le MND, plus récemment les FLAM, les Baathistes, les mouvements syndicaux et politiques se mettent en marchent, dans une lutte des classes, de contradiction idéologiques et identitaires sans précédent dans le tout jeune Etat, fraichement « indépendant ».

La Mauritanie, de ses années, avait une grande ambition, de grands moyens, le contexte mondial, lui permettait de se relever et se hisser à un niveau de développement économique et social appréciable. 

Mais, son sort en a décidé autrement, la guerre du Sahara a été accélérée, par les accords de Madrid, signés le 14 novembre 1975 par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie.

Ils, ont établi les conditions du retrait espagnol du Sahara occidental, et la partition du territoire entre le Maroc et la Mauritanie. Ils sont ratifiés par le parlement espagnol (Cortès) le 18 novembre 1975.

Mais, la Mauritanie qui a a été entrainée dans cette guerre sans aucune préparation avait en 76 une armée de 3000 hommes avec des fusils simples : MAS-36.

Entre 1976 et 1978 le budget de la défense a passé à 60% du budget national et les effectifs de nos troupes ont été multipliés par cinq.

En 1979, le Front Polisario contraint la Mauritanie à accepter un accord de paix. Le Maroc et le Polisario signent un accord de cessez-le-feu en 1991, préalable à un référendum d’autodétermination.

Ce référendum n’a toujours pas eu lieu ; Ce conflit aurait causé la mort de plus de 16 000 personnes et la Mauritanie était la principale perdante, point de vue perte humaine et logistique.

Cette défaite cuisante de notre Pays dans ce conflit, nous a couté très chère, non seulement parce que nos morts l’ont été pour presque rien, nos moyens militaires, financiers et politiques sont partis en fumée, mais surtout parce que notre amour propre et notre intégrité morale ont étaient fortement entachées.

Personnellement de ma génération je n’ai jamais compris à ce jour, a qui profitait notre retrait de la partition qui nous est revenue de droit dans l’accord tripartie de Madrid ?

Et, Pourquoi le Maroc a jugé plus facile de fixer son drapeau à la place du notre ? Plutôt que de nous aider à se maintenir comme, le stipulait l’accord de défense commun signait entre les deux alliés.

En décembre, alors que la guerre est déjà une triste et amère réalité, la propagande d’Etat a commencé pour la mobilisation nationale en faveur d’un recrutement massif dans l’armée.

J’avais quatorze ans, mais d’un certain niveau d’instruction à l’époque qui me permettait d’être recruter comme élève officier.

Je suis parti moi-même à l’Etat-major, pour exprimer ma volonté d’aller au front pour apporter ma modeste contribution à la défense du Pays contre la menace du front Polisario.

Les tests médicaux et psychotechniques, m’ont qualifiés apte à cette mission et le bureau chargé du recrutement de l’Etat-major national, m’a donné l’assurance d’être bientôt appelé à suivre une formation d’élève officier d’active à l’école militaire d’interarmes d’Atar (L’EMIA)

En attendant, je me suis retrouvé dans une brigade de 30 recrus, la tête en boule à zéro, habillé en tenue courte bleue.

nous avons quittés l’Etat-major national aux alentours de minuit, entassés, comme du bétails dans un camion 1924,qui a roulé toute la nuit, à 6 heures du matin, nous arrivâmes au centre d’instruction de Nbeika 300 Km à l’est de la Capitale dans la wilaya (région) du Tagan.

Cette formation accélérée a durée 45 jours, sur les règles de base de la discipline militaire, le maniement des armes à feu et les consignes de notre mission sur la ligne de front.

Elle a été particulièrement dure, mais nous a été d’une grande utilité, surtout qu’elle nous a donné une vision précise de l’armée, sa discipline, sa rigueur et ses bienfaits.

J’avais très bien apprécié ce stage, et j’étais pressé d’être un vrai professionnel du commandement, c’est donc l’occasion ou jamais pour moi d’être un guerrier, un vrai soldat de métier.

Vu mon jeune âge, je n’avais pas encore cette faculté d’appréciation et de bonne compréhension par avance des choses assez développée.

Si non, j’aurais vite compris que la formation d’officier promise par le bureau de recrutement de l’Etat-major national, n’était qu’un leur et que je suis en stage en qualité, de soldat de 2éme classe préparé pour aller au front, pour servir d’urgence de bois de feu.

Pourtant, j’étais d’ un niveau littéraire bien au dessus de la moyenne en son temps, au point que je faisais le courrier pour mes supérieurs et constitué un recours incontournable pour les hommes de troupes.

La formation vient de toucher à sa fin, nous avons eu quartier libre pour deux heures de temps, dans cette petite localité, de quelques dizaines de familles à peine.

Seulement, c’était vers le mois juillet, au bon niveau de la saison de la cueillette des dattes, communément appelée chez-nous « El Gueitene ».

Nbeika est située en bordure de la principale route non encore goudronnée à l’époque qui relie Nouakchott à Tidjikja, et ses nuits étaient très animées, soit par des passagers en transit soit par des vacanciers en quête de découverte.

Vers 23 Heures, nous entendîmes les bruits du clairon, nous nous dépêchons pour regagner la base, très vite, le rang est bien aligné et chacun prend sa position qu’il récite par cœur.

La nouvelle est tombée, nous partons ce soir pour Nouakchott, dans les mêmes conditions d’arrivées, en moins de dix minutes, tous le monde est en place dans le camion.

Le voyage, qui était ennuyant et fatiguant s’est poursuivit sans arrêt, jusqu’à cinq heures du matin, le camion gare à l’intérieur de l’espace réservé à l’armée de l’air à l’aéroport de Nouakchott, plus connu sous l’acronyme du « GARIM ».

Nous descendîmes dans l’ordre en silence, le temps pour l’équipe d’encadrement et de vérification de contrôler le moral des hommes et leurs équipements.

Cette opération a durée une heure environs, vers six heures du matin, du pain et du café nous ont été distribués pour le petit déjeuner.

Et à six heures et demi, ordre a été donné d’embarquer dans un vieux Buffalo appartenant à l’armée nationale, direction Awsred au sahara réunifiée (c’était la terminologie officielle autorisée à cette époque).

Aoussred est une ville de plus de 15000 habitants en 2004, située à 300 km à l’ouest de Zouerate, elle constituée après Dakhla, la deuxième agglomération importante annexée par la Mauritanie. 

Lorsque nous fumes arrivés à Awssered, vers 11h, nous fumes accueillis à la passerelle de l’avion par le commandant du 3 éme secteur, le commandant Med Salem ould Lekhal.

La passation d’armes a été vite faite et notre brigade a été mise à la disposition de l’escadron d’éclairage et de commandement 7éme EDC, sous la direction du Capitaine Sidiya Ould Yehye.

Cette unité été composée à notre prise de service de 120 hommes, notre effectif a porté le nombre total des troupes à 150, la guerre avait commencée 6 mois plutôt, nous étions parmi les premiers à servir dans cette ville.

Aoussred est réputée difficile, entourée par une chaine de montagne de toutes parts et son accès n’est possible que par le coté est seulement.

Des attaques quasi incessantes menées par des petites unités légères du front polisario, qui avait l’avantage de la connaissance du terrain et la justesse de la cause, perturbés le moral de nos troupes et déstabilisées les plans et les stratégies de notre commandement.

Pour réduire la menace liée à notre méconnaissance du terrain, trois unités faisaient toutes les quarante huit heures des opérations de reconnaissances dans un rayon de 300 Km, en complément des avions de l’armée qui survolaient cet espace de manière ponctuelle. 

Personnellement, j’ai été affecté dés ma prise de service au véhicule de commandement pour m’occuper de la transmission.

Nous sommes tous le temps en mission de reconnaissance ou de combat, en plus des services de liaisons qu’on effectués entre les différentes villes comme Zoueratte, Tchela, Argoub et même Dakhla.

Mais, les déplacements les plus fréquents sont vers Zoueratte, pour assurer la régularité de l’approvisionnement en eau potable de la Ville D’ Aoussered , en logistique et parfois pour réparer des pièce d’ artillerie. (des 105mm, des mortiers ect..)

On eu plusieurs dizaines d’accrochages avec des pertes en vies humaines parfois très lourdes, comme l’embuscade qui nous a été tendue à Eguleibatte leguelei et qui nous a couté plus 50 hommes, sans compter les dégâts matériels.

Les accrochages, d’ Inegjir, de Tchella, de Zouratte , à Aousserd, ceux de la voie ferrée, reliant Zouerate à Nouadhibou, Argoub, même à Nouakchott ou nous avons prêté main forte lors de l’ attaque du front polisario.

Trois grandes batailles militaires m’ont spécialement marquées par leurs violences, celles d’Egueleibatte Leguelei, de Zouerate et de Inegjir :

Celle D’Ineggir par exemple a commencé au moment nous apprîmes à notre retour à Awssered, vers 20 heures, après quarante heure de reconnaissance, dans une nuit glaciale, qu’un groupe du Polisario venait d’attaquer le train minéralier du coté d’ Inal,causant des dégâts importants et qu’il s’ est dirigé dans cette direction.

Ineggir, c’est une chaine de Montagne séparée, par de très longs terrains plats à quelques kilométre de la frontière algérienne (50 ou 60 Km environs).

Notre commandement, reçoit l’ordre de faire le maximum pour intercepter, les assaillants dans cette zone qui était à 250 Km de nous.

Fatigué, nous n’avons pas eu le temps de nous ravitailler en eau surtout et en logistique diverse, les véhicules roulaient délibérément à une vitesse excessive.

A cette allure, quelques pièces d’artilleries lourdes éprouvaient de grandes difficultés d’accompagnement, ce détachement été dirigé par le capitaine Breika Ould Mbareck.

Vers quatre heures du matin, nous arrêtâmes au pied d’un guelb (colline) à quelques Km de notre point de destination, pour que les soldats puissent gagner deux heures de sommeil.

En s’arrêtant, nous n’avons pas pris le temps, je suppose de faire un éclairage suffisant autour du Guelb à cause de la fatigue et de l’angoisse.

C’était une erreur stratégique fatale en effet, les troupes de l’ennemie était déjà postées de l’autre coté de ce Guelb et’ n’ont visiblement eu aucun problème pour nous repérer.

Ainsi, un détachement de 10 véhicules ennemie à pris de l’avance de deux kilomètres, par rapport au reste de la colonne, nous donnant l’impression qu’il ne s’agissait que d’un petit groupe de quatre à cinq véhicules, qu’il fallait vite encerclé et neutralisé.

En contournant le Guelb vers six heures du matin, nous constatons les cinq véhicules qui faisaient mouvement devant nous.

L’ordre fut donné de les encerclés, en le faisant, nous sommes malheureusement rentré dans leur embuscade sans en être conscient.

Nous avons procédé de la même manière qu’eux, en laissant cinq véhicules nous devancés à toute allure pour débarquer nos troupes au seul point de passage vers lequel il se dirigé.

Alors que dans les faits, nos soldats qui dépasser la quarantaine ont été sacrifiés entre deux feux ennemies.

Ceux qui viennent les voir de devant, pour lesquels il était censé bloquer le passage et ceux qui sont derrière eux qui attendaient depuis l’aube ce moment avec impatience.

Nous avons passés toutes la journée à négocier avec les armes, le prix à payer par nos en hommes pris en tenaille par les combattants du polisario.

Hélas ! Nous n’avons pas pu les sauver, au crépuscule à la prière du maghreb, le bilan était lourd, une dizaine de blessés, 20 soldats ont été capturés et les autres enterrés sur place.

La colonne de rebelle profitant de la nuit a continuée son chemin sans être inquiéter, vers 22 heures, nous primes le chemin du retour à la base d’Awssered.

Une semaine, après dans des conditions similaires, de retour d’une opération de reconnaissance routinière, alors que nous étions en plein centre de Guelibatte leglei, nous sommes pris entre trois feux ennemis venant de poste placés du haut des trois collines.

Des tirs croisés et nourris de toutes parts, nous faisaient sentir la pression que voulait nous transmettre ses vrais professionnels, d’armement et de stratégies de guerre.

Egueleibatte Leguelei, sont situés à 40 Km seulement de la base d’Awsserd, c’est dire que les renforts s’ils étaient venus à temps pouvaient limités nos dégâts.

Dans moins de deux heures les carottes sont cuites désormais, nous avons enregistrés une défaite cuisante, le premier bilan faisait état de plus de soixante soldats entre morts, capturés et blessés.

C’est une heure ou deux après ce carnage que les renforts sont venus, appuyer par une couverture aérienne de jaguars français et se sont lancés à la poursuite des rebelles.

De retour à la base démoraliser et exténués de fatigue le reste de nos hommes se préparait pour aller à Zouerate dans une mission mensuelle ordinaire d’approvisionnement.

Quelques jours passèrent et nous primes la direction de Zouerate, arrivés dans la ville nous bivouaquons dans la clôture de ould Behanasse à coté de l’aéroport comme d’ habitude.

Trois jours ont passés rapidement et rendez-vous a été donné le quatrième jour à 22heures la nuit pour embarquer vers Awsserd.

Nous avons finalement accusés un retard de 6 heures de temps et à 4 heures du matin les hommes sont à bords de leurs véhicules au Gand complet.

Au moment, ou le véhicule du commandement dans lequel j’étais sortait de la clôture, des tirs nourris et de fortes détonations retentissent du coté de la mairie et de la cité des agents cadres.

Une avons été saisis de panique nous saisi, c’était la dernière chose à laquelle nous nous attendions, une attaque du Polisario de l’intérieur de la ville de Zouerate, la capitale minière du Pays était difficilement imaginable.

Après des échanges rapides entre des unités qui menées des opérations de reconnaissance dans les environs de Zouerate et des autres qui ont fait mouvement de bir Mogrein, nous nous sommes scindés en deux groupe ;

Une unité par groupe, la notre (c’est-à-dire la 7éme EDC), s’est dirigée vers la mairie et la cité des agents cadres, la 11 éme EDC, a fait mouvement dans le sens de l’aéroport, pour tenter de couper l’ennemi de ses bases arrières.

Des combats d’une rare violence ont lieu, tout le reste de la nuit et pratiquement toute la matinée, ce n’est que vers midi que nous avons réussi à les déloger de la ville.

A quatorze heures, toutes les autorités politiques et militaires, y compris le Président de la République, sont venues sur le terrain pour remonter le moral des troupes.

Maintenant que les rebelles ont quittés la ville, les unités venant de Bir Mogrein est celles de zouerate, appuyer par les jaguars français ont poursuivi l’ennemi.

C’est en ce moment, que nous avons repris le chemin du retour à Awsserd vers lequel nous arrivâmes à 2 heures de matin.

Une semaine plus tard, j’ai été mis à la disposition du chef de secrétariat, un excellent sous-officier de la gendarmerie, appelé Fall Ahmed avec lequel, je suis resté quelques mois avant d’être affecté à Tidjikja. 

Bien qu’ayant participé à plus d’une vingtaine d’accrochages, je n’ai jamais été blessé et j’ai été affecté d’ Awssered à Tidjikja en 1978 peu avant le coup d’ Etat.

Au moment de mon affectation, mon escadron jadis, composé de 150 hommes à mon arrivée, ne comptait plus que 70 à peine à mon départ, tous morts, capturés ou blessés. 

Isselmou Ould Hanefi 


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Source : SOS ABBERE
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