mardi 19 juin 2012

Mauritanie : Ould Aziz écarte la solution militaire au Mali.


Alors que des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine seraient attendus prochainement à Nouakchott, l’ONU ne serait plus opposée à donner son feu vert à la force africaine d’intervention au Mali pour bouter dehors les touaregs du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine et leurs alliés d’Aqmi. 

Cette offensive diplomatique intervient au lendemain de la visite du premier ministre malien Modibo Diarra à Nouakchott au cours de laquelle il a été reçu par son homologue mauritanien Ould Laghdaf avant de s’entretenir avec le président Ould Aziz.

A l’issue des entretiens Nouakchott écarte toute intervention militaire au Mali. Le chef de l’Etat privilégiant ainsi le dialogue et la prudence pour éviter de se sentir en porte à faux par rapport à ses engagements et soutiens à ses amis touaregs.

Nouakchott capitale de la médiation sur la crise malienne. En tout cas ce sont les signaux émis cette semaine par les autorités de Nouakchott avec la visite de Modibo Diarra dans la capitale mauritanienne. Malgré les secrets qui entourent les pourparlers, les observateurs ne sont pas dupes des résultats mitigés de ce premier face à face du premier ministre intérimaire malien avec son homologue mauritanien Ould Laghdaf avant l’entretien décisif avec le président mauritanien.

En mettant à la disposition du Mali un conseiller militaire Ould Aziz avance tranquillement un pion pour montrer sa réticence quant à l’utilisation de la force pour bouter dehors du Nord duMali les touaregs du MNLA et les islamistes du groupe Ansar Dine et ses alliés de l’AQMI.

Cette prise de position participe de cette tactique à privilégier la négociation à l’approche des décisions au plus haut niveau des Nations-Unies qui avaient refusé dans un premier temps à s’aligner sur l’UA et la Cedeao mais aujourd’hui à donner son feu vert à la force africaine d’intervention sous réserve que les dirigeants africains eux-mêmes ne tergiversent pas et donnent toutes les chances de succès aux 3300 soldats qui seront déployés à Bamako. 

Ce qui est sûr c’est que le premier ministre malien s’attendait à avoir un soutien logistique deNouakchott pour préparer la guerre parce que dans les semaines à venir le Mali pourrait être fixé sur la possibilité de passer à l’action en accord bien entendu avec toutes les autres parties voisines l’Algérie et le Niger. Et même le Burkina Faso victime de dommages collatéraux avec l’afflux de réfugiés maliens.

Dans cet imbroglio les observateurs soupçonnent le président mauritanien de vouloir le beurre et l’argent du beurre. Aujourd’hui avec ses multiples réseaux dans le Sahara et pays voisins,Ould Aziz est entrain de narguer les autorités maliennes et au-delà la Cedeao dont il n’est pas membre en soutenant ouvertement les belligérants ou envahisseurs du Mali. Ce qui lui permet de jouer le médiateur invétéré dans cette crise qui commence à perdurer.

La prochaine venue à Nouakchott des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine s’inscrit dans ce cadre mais suscite des interrogations quant à la connexion des touaregs et terroristes islamiques dont les premières tentatives de fusion avaient échoué. Ce genre de rencontre dans la capitale mauritanienne est en contradiction avec la logique d’un pays africain et arabe et islamique souverain et soucieux du bon voisinage.

Le dialogue avec des indépendantistes est encore plus admissible qu’avec des terroristes. Cela suffit pour semer le doute sur le sérieux des intentions du président mauritanien. Pour le moment le grand perdant c’est le Mali qui a perdu une grande partie de son territoire et la crédibilité politique malgré un retour à la normale.

Bamako attend beaucoup de Nouakchott plus que de l’écoute et non de cet habillage politique qui pourrait conduire à des couacs diplomatiques au premier coup de feu des soldats africains. Tous ces ballets diplomatiques ne sont pas de nature à favoriser une discussion sereine dans la mesure où le médiateur Aziz a choisi son camp depuis très longtemps.

Le moment est venu de passer à une phase plus constructive de la préparation de la force africaine de la CEDEAO. Autrement dit Ould Aziz devra s’atteler à être plus à l’écoute du peuple malien et s’attacher au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le chef de l’Etat mauritanien devra convaincre surtout ses amis touaregs duMNLA de l’intérêt pour le pays d’un tel compromis. L’Azawad doit en faire en retour.

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