A Son Excellence le Président de la République Islamique de laMauritanie.
Nous, les organisations soussignées qui travaillent sur les questions de droits de l’homme en Mauritanie, sommes extrêmement préoccupées par le traitement et les charges à l’encontre de Biram Dah Abeid et six de ses collègues de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste(IRA-Mauritanie) et demandons leur libération immédiate et sans conditions.
La réponse à l’acte de ces membres de l’IRA du 29 avril dernier (l’autodafé de certains écrits juridiques malékites, controversés pour leur apparente justification du système d’esclavage par ascendance) a été, certes, excessive et disproportionnée. L’arrestation des intéressés aurait été violente et ils ont été détenus au secret pendant plusieurs semaines.
Le Président de la République a répondu à l’acte par un démenti public de l’existence de l’esclavage et les manifestations contre l’IRA auraient été encouragées par le gouvernement : évidemment une tentative d’exploiter l’incident pour discréditer les griefs légitimes de tous ceux qui s’opposent à l’esclavage et de détourner l’attention des autres revendications des citoyens de la Mauritanie, telles que la réforme démocratique.
Les accusations éventuellement retenues à l’encontre des membres de l’IRA, comportant, entre autres, l’accusation du terrorisme, ainsi que l’apostasie à l’encontre de Biram Dah Abeid, sont évidemment très graves et peuvent provoquer des peines extrêmement sévères, y compris la peine de mort. Pourtant, ces charges, à notre avis, n’ont pas de rapport avec l’acte et les dommages causés. Enfin, les détenus ont été traduits devant le Parquet à 2h du matin le 8 juin en l’absence de leurs avocats, ce qui constitue une violation au droit de la défense.
Nous ne préconisons pas l’autodafé de ce genre d’écrits, comme il est important que les défenseurs des droits de l’homme montrent du respect pour les croyances des autres, même s’ils remettent en question la validité de certaines interprétations de ces croyances. Cependant, nous estimons également que le droit à la liberté d’expression doit être soutenu, même lorsque cette expression offense.
En plus, nous notons que l’IRA a publié ses excuses pour cet acte et pour l’offense causée aux croyants. Ces membres de l’IRA cherchaient, essentiellement, à manifester leur opposition à l’approbation de l’esclavage dans ces écrits, soulignant ainsi leur conviction que la pratique de l’esclavage est, en réalité, contraire à l’Islam.
L’esclavage et ses séquelles (par exemple, les multiples formes de discrimination, d’exploitation et de vulnérabilité que confrontent et affrontent les personnes d’origine ou de condition servile) demeurent des réalités incontestables en Mauritanie. Anti-Slavery International et certaines organisations mauritaniennes, y compris l’IRA, travaillent pour mettre fin aux pratiques esclavagistes, et ainsi entrent régulièrement en contact avec des victimes de l’esclavage et des injustices liées à l’esclavage.
Certes, le contexte de cet acte controversé n’est autre que la pratique généralisée de l’esclavage et l’impunité presqu’absolue pour les auteurs de tels crimes. En effet, la réaction rapide des autorités et ses condamnations publiques par la suite sont en opposition totale avec l’indifférence et l’inaction que rencontrent régulièrement les militants lorsqu’ils portent des cas d’esclavage à l’attention de la police, des autres administrations publiques et/ou du système judiciaire. Les militants ont souvent été obligés d’organiser des « sit-ins » devant les commissariats pour veiller à ce que les mesures requises soient prises.
Nous, les organisations soussignées, demandons au gouvernement mauritanien d’ordonner immédiatement la libération sans conditions des membres de l’IRA. Nous demandons aussi la cessation de la campagne actuelle tendant à exploiter cet incident pour quelque prétendu gain politique quel qu’il soit. Anti-Slavery et ses partenaires estiment plutôt que le gouvernement de la République Islamique de Mauritanie devrait prendre ses responsabilités, en privilégiant l’établissement de la paix et de la cohésion sociale et l’éradication de l’esclavage, répondant ainsi aux préoccupations et aux besoins prioritaires de ses citoyens.
Sincèrement,
Le 13.juin 2012
Les signataires :
- Anti-Slavery International
- Action Femmes Chefs de Familles (Mauritanie)
- Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (Mauritanie)
- GARI (Mali)
- Open Society Foundations
- The Institute for Human Rights and Development in Africa
- Society for Threatened Peoples
- SOS-Esclaves (Mauritanie)
- Association Temedt (Mali)
- Association Timidria (Niger)
Nous, les organisations soussignées qui travaillent sur les questions de droits de l’homme en Mauritanie, sommes extrêmement préoccupées par le traitement et les charges à l’encontre de Biram Dah Abeid et six de ses collègues de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste(IRA-Mauritanie) et demandons leur libération immédiate et sans conditions.
La réponse à l’acte de ces membres de l’IRA du 29 avril dernier (l’autodafé de certains écrits juridiques malékites, controversés pour leur apparente justification du système d’esclavage par ascendance) a été, certes, excessive et disproportionnée. L’arrestation des intéressés aurait été violente et ils ont été détenus au secret pendant plusieurs semaines.
Le Président de la République a répondu à l’acte par un démenti public de l’existence de l’esclavage et les manifestations contre l’IRA auraient été encouragées par le gouvernement : évidemment une tentative d’exploiter l’incident pour discréditer les griefs légitimes de tous ceux qui s’opposent à l’esclavage et de détourner l’attention des autres revendications des citoyens de la Mauritanie, telles que la réforme démocratique.
Les accusations éventuellement retenues à l’encontre des membres de l’IRA, comportant, entre autres, l’accusation du terrorisme, ainsi que l’apostasie à l’encontre de Biram Dah Abeid, sont évidemment très graves et peuvent provoquer des peines extrêmement sévères, y compris la peine de mort. Pourtant, ces charges, à notre avis, n’ont pas de rapport avec l’acte et les dommages causés. Enfin, les détenus ont été traduits devant le Parquet à 2h du matin le 8 juin en l’absence de leurs avocats, ce qui constitue une violation au droit de la défense.
Nous ne préconisons pas l’autodafé de ce genre d’écrits, comme il est important que les défenseurs des droits de l’homme montrent du respect pour les croyances des autres, même s’ils remettent en question la validité de certaines interprétations de ces croyances. Cependant, nous estimons également que le droit à la liberté d’expression doit être soutenu, même lorsque cette expression offense.
En plus, nous notons que l’IRA a publié ses excuses pour cet acte et pour l’offense causée aux croyants. Ces membres de l’IRA cherchaient, essentiellement, à manifester leur opposition à l’approbation de l’esclavage dans ces écrits, soulignant ainsi leur conviction que la pratique de l’esclavage est, en réalité, contraire à l’Islam.
L’esclavage et ses séquelles (par exemple, les multiples formes de discrimination, d’exploitation et de vulnérabilité que confrontent et affrontent les personnes d’origine ou de condition servile) demeurent des réalités incontestables en Mauritanie. Anti-Slavery International et certaines organisations mauritaniennes, y compris l’IRA, travaillent pour mettre fin aux pratiques esclavagistes, et ainsi entrent régulièrement en contact avec des victimes de l’esclavage et des injustices liées à l’esclavage.
Certes, le contexte de cet acte controversé n’est autre que la pratique généralisée de l’esclavage et l’impunité presqu’absolue pour les auteurs de tels crimes. En effet, la réaction rapide des autorités et ses condamnations publiques par la suite sont en opposition totale avec l’indifférence et l’inaction que rencontrent régulièrement les militants lorsqu’ils portent des cas d’esclavage à l’attention de la police, des autres administrations publiques et/ou du système judiciaire. Les militants ont souvent été obligés d’organiser des « sit-ins » devant les commissariats pour veiller à ce que les mesures requises soient prises.
Nous, les organisations soussignées, demandons au gouvernement mauritanien d’ordonner immédiatement la libération sans conditions des membres de l’IRA. Nous demandons aussi la cessation de la campagne actuelle tendant à exploiter cet incident pour quelque prétendu gain politique quel qu’il soit. Anti-Slavery et ses partenaires estiment plutôt que le gouvernement de la République Islamique de Mauritanie devrait prendre ses responsabilités, en privilégiant l’établissement de la paix et de la cohésion sociale et l’éradication de l’esclavage, répondant ainsi aux préoccupations et aux besoins prioritaires de ses citoyens.
Sincèrement,
Le 13.juin 2012
Les signataires :
- Anti-Slavery International
- Action Femmes Chefs de Familles (Mauritanie)
- Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (Mauritanie)
- GARI (Mali)
- Open Society Foundations
- The Institute for Human Rights and Development in Africa
- Society for Threatened Peoples
- SOS-Esclaves (Mauritanie)
- Association Temedt (Mali)
- Association Timidria (Niger)
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