mercredi 17 août 2011

Réaction : Ahmed Jiddou Aly répond à Brahim Ould Sneiba



Sur l’enrôlement, nous partageons la même analyse ! 

Etonnant ! Il est étonnant que, de tous les lecteurs de mon article sur l’opération de recensement en cours, seulBrahim Ould Bakar Ould Sneiba (notre photo) l’a pris au premier degré.

J’avais choisi, pour ne pas ennuyer le lecteur, d’enrober mon plaidoyer dans une figure de style qui, selon Pierre Fontanier« consiste à dire par une raillerie, ou plaisante, ou sérieuse, le contraire de ce qu’on pense, ou de ce qu’on veut faire penser ».

(Fontanier, Les Figures du Discours, Flammarion, Paris, 1977, p.145 et 146). Cette figure de style c’est l’Ironie. Le titre de mon article, « Nous sommes tous des étrangers », le reflète d’ailleurs assez bien.

Mon objectif était, non pas de provoquer un cataclysme dans le pays comme le dit Brahimmais, plus modestement, d’attirer l’attention des responsables politiques sur les dysfonctionnements d’un système mis en place par des fonctionnaires dont le discernement n’est pas l’apanage, ni la vertu première. Au vu des réactions, je crois que cet objectif là a été atteint.

Brahim est plus courageux que moi

Mais ne dit-on pas qu’à quelque chose malheur est bon ? Le fait qu’Ould Sneiba n’ait pas saisi l’objectif que je visais, l’a amené à soutenir ce que j’ai dit - au lieu d’en prendre le contre-pied - en allant bien plus loin dans la critique du gouvernement et des commissions que je ne l’ai fait moi-même. Brahim le dit d’emblée que tout « prête à croire que les C.A.C. (Comités d’Accueil des Citoyens) chargés de l’opération font des erreurs, voire des fautes ».

Pour lui, ces erreurs et ces fautes ne peuvent venir que de « l’incurie de l’administration, aggravée ces dernières décennies par l’échec de l’enseignant scolaire et universitaire ».

Il pense qu’il « n’est pas exclu que parmi les membres des CAC, se trouvent des extrémistes pris d’un sectarisme morbide, ou simplement des novices ». Et il affirme qu’ « il en existe dans toutes les souches sociales, malheureusement ». 
Pour ma part, je n’ai pas voulu heurter la sensibilité du lecteur d’abord, et par respect des membres des commissions ensuite, en utilisant un vocabulaire agressif et méchant comme « extrémistes »« morbide »« novices » et « ridicule ». Et comme mon article visait juste la sensibilisation des décideurs et de l’opinion sur un problème bien précis, « l’incurie de l’administration » et « l’échec scolaire » ne pouvaient pas y être traités.

Je le savais depuis longtemps : Brahim à la barre, même les pauvres « souches sociales » ne pourront échapper. Sur cette question précise de l’enrôlement, l’ADG va l’entendre : il « va falloir » qu’il « monte » – c’est un ordre ! -, « sans tarder, au créneau pour séparer le grain de l’ivraie et rectifier le tir s’il y a des devers malencontreux ou malveillants ».

Et Quand Ould Sneiba donne des ordres, c’est au pas de charge qu’ils sont exécutés ! « En tout état de cause, cet embrouillamini doit s’évanouir. Et rapidement. » Et que ça saute ! Paradoxalement, celui qui est « parti, à bride abattue » n’est pas celui que l’on croit !

On ne peut refaire l’histoire

Dans mon article, je n’ai jamais « remis en cause la Mauritanité de beaucoup de bonnes familles » et même d’une seule. Au contraire ! J’ai juste essayé de montrer la vanité et la futilité de la prétention de certains à vouloir être plus anciennement mauritaniens que d’autres alors que toutes les recherches historiques démontrent le contraire.

J’ai juste rappelé qu’au Sahara, et pas seulement en Mauritanie, la présence de l’élément noir est antérieure à celle de l’élément blanc.

J’ai juste repris ce que disent les traditions orales et écrites de ce pays à propos de la venue massive et récente, certains ont qualifié cela d’invasion, de groupes Hassanes et de familles chérifiennes en Mauritanie. J’ai tout simplement dévoilé les mécanismes mis en place pour exclure du recensement, avant même d’être entamé, plusieurs catégories de nos citoyens.

Je n’ai pas eu besoin pour l’écrire de faire appel à mes connaissances sur les origines hongroises de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (avec un trait d’union et un c au lieu d’un k), ou celles luo et kényanes de Barack Hussein Obama.
(L’érudition de Brahim peut être prise en défaut ; il l’a dit : la perfection n’est pas de ce monde).

Mes connaissances en archéologie, si tant est qu’elles existent, ne m’ont été d’aucun secours pour rappeler que le Toro, le Lao, le Bosséa et le Yirlabé Hebbiyabé, petits états de la Confédération du Royaume toucouleur de Oumar Seydou Tall, plus connu sous le nom d’El Haj Oumar, à cheval sur le fleuve Sénégal, appartenaient pour partie déjà à la colonie deMauritanie avant le rattachement de la région d’origine de Brahim Ould Bacar Ould Sneibaet Ahmed Jiddou ALY (le Hodh).

J’ai écrit tout cela pendant qu’il est encore temps et parce que c’est maintenant qu’il faut agir. J’ai écrit tout cela sans autre but que d’attirer l’attention des décideurs sur le fait que, personnellement, je n’ai pas compris s’il s’agit d’un enrôlement ou d’un recensement, les deux opérations étant totalement différentes. Ce qui se fait maintenant n’est en tout cas ni l’un ni l’autre. Brahim, avec son imagination débordante, voudrait proposer un nouveau concept d’ « immunité patriotique » pour certaines catégories de nos citoyens.

Najjar ou Chaperon n’ont pas besoin de faveurs. Juste d’égalité. A quoi a-t-il servi à Sow Amadou dit Chaperon que Brahim versât des larmes de crocodile vingt deux ans après sa déportation ? A rien !

Enfin, pour ma gouverne…

Puisque Brahim et moi sommes d’accord sur l’essentiel en ce qui concerne le recensement ou l’enrôlement, le contentieux ne peut être qu’ailleurs. La phrase qui a provoqué l’ire d’Ould Sneiba n’accuse évidemment pas tous les Arabes d’être venus dans le but de piller.

Mais elle dit très clairement que parmi eux il y a des pillards. Les exemples abondent sur cette dernière catégorie dans la tradition orale et écrite du pays. Brahim le reconnaît lui-même en écrivant que « tout le monde, y compris les zawaya, ont fait usage de la force militaire… ».
Non, Brahim, je ne vous ai jamais reproché votre immense culture. Par contre j’accepte vous avoir dit à plusieurs reprises – en vain d’ailleurs – d’adopter un style plus sobre, plus dépouillé, avec moins de digressions qui font perdre au lecteur le sujet principal que vous traitez.

J’avoue – là aussi sans résultat – vous avoir dit que vous n’étiez pas obligé de faire étalage de toutes vos connaissances à chaque fois que vous écrivez un article.

La lecture de vos papiers laisse une impression de pédantisme que les lecteurs ont vite fait de déceler. Relisez les Caractères de la Bruyère, cela vous sera utile. Brahim a besoin de reconnaissance immédiate. Mohamed Fall Ould Oumère a attendu 21 ans avant d’acquérir un peu de notoriété. Alors, patience !

Non, l’abandon du « Ould » n’est pas le signe d’un nouvel état civil, ni d’un snobisme quelconque. C’est juste l’application d’une réforme initiée par Khattar Ould Cheikh Ahmed et dont l’étude a été réalisée par Mohamed Lemine Ould Guig. Les cartes nationales d’identité établies à partir de 2000 ne comportent pas cet élément « Ould ». Celle de Brahim comme toutes les autres.

Deux petites choses encore et j’en ai terminé. La première est que vous avez utilisé, sans citer son auteur, une formule que le Général Charles de Gaulle a dite dans un discours à la nation française le 23 avril 1961 lors du coup d’état des généraux Maurice Challe, Raoul Salan, Edmond Jouhaud et André Zeller à AlgerDe Gaulle avait dit : « Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite.

Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques »
. Vous l’avez paraphrasé en écrivant « …ce travail a une apparence : la mise en place d’un numéro national pour établir les documents numérisés ; il a une réalité : le pouvoir procède à une remise en cause de la Mauritanité d’une partie de la population ». Il aurait été plus honnête que Brahim Ould Bacar Ould Sneiba précisât qu’il faisait un emprunt à ce vieux monsieur qui n’est plus de ce monde.

La deuxième et dernière chose est un aveu. En écrivant que « c’est bien d’avoir des parents par alliance ayant des têtes pleines, et soi même une tête bien faite. Ca marche ! »Brahiminsinue que je n’ai pas pu écrire tout seul mon article. Eh bien, je l’avoue : je n’ai jamais pu écrire un seul article de ma vie.

J’avais toujours la chance d’avoir à mes côtés des « nègres » : à Al Bayane, c’était Hindou etOumère ; à Al AkhbarAmal et Moussa ; aujourd’hui mes parents par alliance ; et à Al Mourabit, c’était Brahim peut-être?

Ahmed Jiddou ALY




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