Le 1er avril 2010, vous avez pris la décision incompréhensible de transférer les services consulaires à l'ambassade de Mauritanie en France ! Autant dire la fermeture du Consulat général de Mauritanie enFrance. Ce qui veut dire que,sans aucune forme de procès, les services dont ont quotidiennement affaire les ressortissants mauritaniens vivant sur le sol français ont été purement et simplement désorganisés, désorientant par là même nos compatriotes.
Le 1er août le personnel consulaire a été remercié. Et comment ! Mais force est de constater que notreambassade en France, dans sa configuration actuelle, est devenue source de lourdeur et de désarroi pour nos compatriotes !
N'ayons pas peur des mots ! La fermeture du Consulat est une mauvaise décision, elle pénalise une catégorie bien déterminée de nos compatriotes. Je dis bien pénaliser, ce qui sonne comme une punition. Cette décision est aussi une humiliation qui ne grandit pas le pays aux yeux de ceux qui ont cru à un réel tournant politique.
Le 1er août le personnel consulaire a été remercié. Et comment ! Mais force est de constater que notreambassade en France, dans sa configuration actuelle, est devenue source de lourdeur et de désarroi pour nos compatriotes !
N'ayons pas peur des mots ! La fermeture du Consulat est une mauvaise décision, elle pénalise une catégorie bien déterminée de nos compatriotes. Je dis bien pénaliser, ce qui sonne comme une punition. Cette décision est aussi une humiliation qui ne grandit pas le pays aux yeux de ceux qui ont cru à un réel tournant politique.
Ce sont en majorité des negro-mauritaniens dont le plus grand nombre est Soninké. Que l'on ne me reproche pas de mettre en avant les Soninké parce que j'en suis un. Je n'ai jamais eu ce genre de différenciation à faire. Mauritanien, je suis. Et cela me donne le droit d'investir tout l'espace de mon pays, d'habiter à tout endroit du territoire national. Je parle toutes les langues du pays; j'irai jusqu'à dire que je les parle avec une insolence patriotique.
J'exemplifie par les Soninké du fait qu'ils sont moins au fait de la chose administrative et que, certainement comme tous les autres mauritaniens vivant en France, le moindre besoin à l'ambassade est une journée perdue. Entendons-nous bien, il est ici question de défendre une catégorie de ressortissants mauritaniens vulnérables contre l'humiliation et l'oubli, femmes et hommes négligés alors qu'ils ont droit au plus grand respect en tant que citoyens mauritaniens et du fait de leur contribution indéniable à la vie économique. Ils sont source de devises et de vivacité.
Les Soninké ne disent-ils pas:" Traverse les fleuves pour chercher. Mais une fois que tu as trouvé, n'oublie pas de ramener ta trouvaille à la maison paternelle." Je ne suis pas ici leur héraut, et encore moins leur porte-parole, mais je les entends se plaindre du peu de considération et d'humanité qu'on leur témoigne.
Certains trouveront mon propos exagéré, mais ceux-là ne m'intéressent pas, ce sont les adeptes du passe-droit, ceux qui n'ont jamais eu à perdre une journée entière pour se faire délivrer un document administratif ! Non, je parle de ces humbles citoyens qui ont quitté père et mère souvent un peu âgés, femme et enfants, dans l'espoir hypothétique de se construire un avenir. Mais ici le mot "avenir" se confond avec "manger",c'est partir pour se donner les moyens de nourrir les siens. Ne nous cachons rien, il en va de l'avenir de la Mauritanie!
Ce qui se passe ne concerne pas seulement ces mauritaniens vivant en France, c'est aussi une situation qui doit interpeller tous nos compatriotes, d'abord par refus de l'injustice et ensuite parce que de nombreuses familles à l'intérieur doivent leur dignité sociale à ceux qui sont à l'extérieur.
Naguère la dignité était un comportement, aujourd'hui elle est simplement richesse matérielle et ostentation. Ne sommes- pas tristement devenus, en l'espace d'une vingtaine d'années, une société dans laquelle on méprise le voisin parce qu'il ne possède pas ? Celui qui n'a pas n'est pas. Et pour être, il est important, voir même nécessaire, d'avoir quelqu'un à l'extérieur qui vous sert de faire-valoir.
Ceux qui sont à l'extérieur y sont parce qu'ils étaient privés du minimum qu'un état doit garantir à ses citoyens: le droit à un travail, à un toit etc...Aussi ont-ils décidé d'émigrer! Et l'émigration n'est rien d'autre qu'un déclassement dans son pays d'origine et un espoir de reclassement dans un autre pays. Or j'ai la triste impression que l'état mauritanien ralentit le reclassement d'une catégorie de ses ressortissants.
La première conséquence de la fermeture du Consulat de Mauritanie et d'en transférer les services à l'ambassade est simplement dramatique. Car pour le moindre papier, on est obligé d'attendre une journée entière sans salaire, parce que l'employeur se contrefiche des problèmes d'état civil de son employé. Il y a des ressortissants mauritaniens qui viennent de province et qui sont, honteusement, obligés de rester trois ou quatre jours à Paris simplement pour ajouter le nom du dernier enfant né sur le livret de famille.
Démanteler le Consulat est erreur sur laquelle il est impératif de revenir. Le Consulat est là pour mettre les ressortissants mauritaniens à l'abri de tout tracas administratif, et non le contraire!
Plus préoccupant encore. Il parait qu'il y a une sénatrice des mauritaniens de l'étranger (Europe- amérique), élue par le collége des sénateurs au niveau national. Je dis "il parait" alors que j'aurais dû dire "il paraîtrait", car nous ne voyons pas à quoi elle a servi. Qu'elle soit élue par un collège de sénateurs est en soi une gageure, une anomalie, un déni démocratique. C'est ce qu'on appelle une élection de confort. Le bon sens aurait voulu qu'elle fût élue au suffrage universel, c'est à dire par les mauritaniens de l'étranger.
Qu'a t-elle fait ou dit à propos du démantélement du Consulat? A t'elle retorqué qu'avec un aussi grand nombre de ressortissants en France, il était impensable de ne pas y avoir un Consulat général ? Non !
En tout cas, pas ma connaissance! Les victimes de la disparition du Consulat rumine leur amertume patiemment. Elles se sentent flouées. Mais le moment venu, elle auront l'intelligence rancunière - puisqu'on les a eues une première fois - de réflêchir doublement à bien mettre leur bulletin de vote dans l'urne qu'il faut.
Sakho Mamadou
(Mamadou Boubou Sakho)
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