lundi 15 août 2011

Messaoud Ould Boulkheir : 'Mon opposition n'est pas aveugle, mais une opposition sérieuse...



...œuvrant pour la construction de notre patrie ". 

Président de l’Assemblée nationale, et de l’APP, Messaoud Ould Boulkheir est au coeur de plusieurs sujets politiques sensibles: Les échéances électorales en vue, le dialogue politique, en passant par les rapports de l’APP avec les autres partis de la COD qui ne partagent pas nécessairement son appréciation de la situation. Dans cet entretien accordé à Noorinfo, Messaoud Ould Boulkheir donne son point de vue.

Pourquoi tenez-vous, l’opposant endurci, à entrer aujourd’hui en dialogue avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz que vous aviez qualifié auparavant de "corrompu"? 

J’ai eu à exprimer publiquement ma conviction que le règlement des problèmes ne peut se faire qu'à travers un dialogue sérieux et franc entre les protagonistes politiques. Ma détermination à engager le dialogue avec Mohamed Ould Abdel Aziz n’est pas gratuite, mais plutôt pour renforcer la démocratie dans ce pays, pour le respect de ses principes dont figure en bonne place le principe de l’alternance au pouvoir, la construction d’un état de droit, de justice et d’égalité, la préservation de l’intérêt suprême de la Nation, de sa sécurité et celle de ses habitants. C’est cela que me dictent ma conviction et l’orientation de mon parti.

Mon opposition n’est pas un acte aveugle, mais plutôt une opposition sérieuse œuvrant pour la construction de notre patrie qui souffre de problèmes économiques et sociaux résultant de politiques unilatérales. Je suis un citoyen, et de ce fait, j’ai le devoir de participer comme opposant à la construction de mon pays et à la préservation du bon fonctionnement de ses institutions.

D’autre part, et puisque je suis démocrate, je ne peux accepter comme moyen unique d’accéder au pouvoir, que les urnes. Je souligne ici ma surprise quant aux propos de certains sur ma position qui ne vise en fait que la participation à une voie à même de nous aider tous à sortir de la crise actuelle, et de nous éviter les dérives qui peuvent nous enfoncer dans le chaos. Ceux-ci oublient qu’ils risquent de ramener le pays vers le carré des coups d’Etats d’antan.

Quant aux résultats escomptés de tout ça, c’est l’intérêt suprême de la Nation Mauritanienne. Je collaborerai avec tous ceux qui militent dans ce sens jusqu’à preuve du contraire.

Participerez-vous aux législatives si elles sont maintenues aux dates actuelles? 

L’organisation de toute élection, qu’elle soit communale, législative ou présidentielle, requiert une préparation préalable particulière tel que l’existence d’une pièce d’identité nationale non falsifiable et valide pour tous les mauritaniens, l’inscription sur les listes électorales d’un commun accord des partenaires, création d’une commission électorale indépendante qui veillera à la transparence des élections. Quant à la participation ou non, cela concerne le parti et il l’annoncera le moment venu. Mais je pense personnellement que le maintien des élections à cette date ne milite pas en faveur de ce que nous menons, surtout que tout le monde demande le report.

Quels sont vos rapports avec la COD surtout avec le camp du refus de vos hypothèses, comme le RFD et l’UFP?

Les rapports qui nous lient avec les autres membres de la COD sont des rapports de respect réciproque tant pour ceux qui partagent notre vision des choses ou des autres, car je crois aux divergences de point de vue. Chacun a le droit d’avoir son choix, ce qui nous intéresse est que la position que nous avions prise ne va pas à l’encontre de l’intérêt de la nation Mauritanienne. Et puisque nous avons respecté l’avis de chacun, y compris ceux qui ont appuyé les coups d’état militaires contre la légalité constitutionnelle, et ont préféré les sentiers non démocratiques de changement de régime, ceux qui ont soutenu la révolution suspecte du mimétisme sur la base de considérations tribales ou régionales, ceux qui avaient mis les barrages devant le dialogue ; ceux-là devront respecter notre point de vue et doivent arrêter les campagnes menées contre moi personnellement et le parti que je préside.

La coordination qui nous unit prend ses décisions à l’unanimité, mais cela n’empêche pas chacun d’avoir son point de vue. Ceux qui bloquent le dialogue n’avaient pas le courage de prendre une position personnelle mais insistent sur la nécessité de prendre une position consensuelle. Mais nous, nous avons eu la chance de prendre par le passé une position pareille. Lorsque Ould Taya a appelé au dialogue politique tout le monde dans l’opposition avait répondu présent sauf nous...

Je ne cours pas derrière la célébrité et je ne milite avec personne pour ça. Mais mon amour pour la Mauritanie fait que je tiens toujours à tout ce qui peut apporter le bien et le bonheur à ses fils. Je me tiens contre tout acte ou parole susceptible de perturber notre unité nationale ou notre développement.

Vous avez attaqué la jeunesse du 25 février que vous avez considéré comme une menace pour la paix sociale. Comment un révolutionnaire peut-il critiquer des révolutionnaires?

C’est faux ! Je n’ai pas attaqué la jeunesse du 25 février, car en fin de compte chaque personne a son avis qu’il est libre de prendre, mais j’ai dit que je suis contre les révolutions qui entrainent la violence et la destruction, et cela a toujours été mon point de vue. J’avais dit cela parce que notre pays est très fragile pour devoir supporter une révolution et ses conséquences. J’ai eu à rencontrer ces jeunes au siège de notre parti. J’ai eu à leur expliquer mon point de vue et celui de mon parti, notre alignement du côté des opprimés et les marginalisés de tout bord. Je leur ai dit que je suis avec eux pour leurs revendications légitimes et leurs manifestations pacifiques. En même temps, je leur ai affirmé que je ne soutiendrais aucune forme de violence quel que soit le résultat auquel cela aboutirait, surtout s’il s’agit de la lutte pour arracher le pouvoir ou de sacrifier la Mauritanie pour le plaisir de qui que ce soit.

L’injustice, la marginalisation, le chômage, le racisme, le tribalisme, le régionalisme, le clientélisme … sont des maux que moi-même je combats. La nécessité de rectifications sociales, économiques politiques, est une aspiration que j’avais toujours prise en considération sans que cela ne nous mène à initier une révolution pour tous ces problèmes avant que tel ou tel pays ne le fasse. Mais seulement parce qu’une révolution s’est déclenchée en Tunisie ou en Egypte, nous, par simple mimétisme, devrions faire de même. Cela je ne l’accepterai jamais.

Certains disent que Birame Ould Abdeid a confisqué votre discours militant et anti-esclavagiste. qu'en dites-vous?

Le discours n’est pas une chose concrète, ni des documents ni des terrains, pour qu’il soit confisqué. Je suis toujours contre l’esclavagisme et ma position est toujours la même. Je fus le premier à m’intéresser à cette question et je continue à le faire. J’ai enduré ce que personne n’a enduré pour combattre ce fléau qu’est l’esclavage.

L’esclavage existe toujours en Mauritanie, en campagne comme en ville. Je considère qu’il continuera d’exister et tant qu’il y en a un seul cas, je le combattrai jusqu'à sa disparition totale et la disparition de l’injustice, de la marginalisation. Mais puisque je suis le président d’un parti national qui projette de prendre le pouvoir, et puisque ce n’est pas le parti d’une seule couche sociale, mon discours doit être fédérateur et doit répondre aux attentes de tous les mauritaniens.

Propos recueillis par Rabi Iddoumou







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