Le jeune Nord-Africain de 23 ans vit affamé depuis cinq ans. Il vient d’être dénoncé par des dealers. Il ne parle à personne, ne côtoie personne, il est invisible. Il parcourt la ville nuit et jour, en évitant les zones où les contrôles de police sont fréquents. En prenant garde de ne pas aller trop vite pour ne pas perdre ses forces inutilement. Mamadou a faim.
Il fréquente quelques adresses, des lieux où l’on distribue parfois gratuitement nourriture et boissons, et la mosquée, où l’on sert à manger à tous les musulmans après la prière. Une fois par semaine, il peut se doucher chez un copain étudiant rencontré dans la rue. La nuit, il dort seul sous les ponts. «Je n’aurais pas dû venir en Suisse, regrette-t-il aujourd’hui. C’est ici que je suis le plus affamé et malheureux.»
Dans les rues de Genève, Mamadou n’est accompagné que de ses souvenirs. Les larmes lui montent aux yeux quand il évoque sa vie d’enfant-esclave en Afrique. «Exploité et battu par les Arabes, dit-il, avant d’être chassé de Mauritanie au Sénégal.»
Il fréquente quelques adresses, des lieux où l’on distribue parfois gratuitement nourriture et boissons, et la mosquée, où l’on sert à manger à tous les musulmans après la prière. Une fois par semaine, il peut se doucher chez un copain étudiant rencontré dans la rue. La nuit, il dort seul sous les ponts. «Je n’aurais pas dû venir en Suisse, regrette-t-il aujourd’hui. C’est ici que je suis le plus affamé et malheureux.»
Dans les rues de Genève, Mamadou n’est accompagné que de ses souvenirs. Les larmes lui montent aux yeux quand il évoque sa vie d’enfant-esclave en Afrique. «Exploité et battu par les Arabes, dit-il, avant d’être chassé de Mauritanie au Sénégal.»
Mamadou a 15 ans quand sa mère vend sa parcelle de terre pour lui permettre de faire le grand voyage: l’Europe, l’eldorado africain. L’adolescent quitte le Sénégal et s’embarque auMaroc sur une pirogue pour gagner l’Espagne: «Nous étions plus de 100 à bord, le moteur a lâché en mer et tous sont morts sauf quelques-uns récupérés par la police.»
Il entreprend alors de rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta, puis le continent. Mais les choses ne se passent pas comme prévu: la frontière espagnole est bien gardée, Mamadouapprend à nager pour passer par la mer. On le repêche à moitié mort. L’hôpital, la prison. Comme il est encore mineur, il est placé dans un camp de la Croix-Rouge. Petit coup de chance dans son malheur: on finit par l’amener sur le continent.
Les illusions suisses
«Si tu vas en Suisse, tu auras une chambre, à manger tous les jours, un permis de travail et de l’argent», lui promet le frère de la femme qu’il a épousée à Madrid. Mamadou travaillait dans les champs de nectarine, au noir, souvent sans être payé. Il arrête tout et prend un train de nuit.
«C’est dur de trouver du travail en Suisse, parfois je peux laver quelques assiettes dans les restaurants pour 40 francs.» Mamadou est à Genève depuis 2006. L’hiver, le froid le repousse vers Madrid, l’été il y retourne pour travailler sur les chantiers. Entre deux, quand il ne lave pas d’assiettes, la faim le pousse à vendre quelques demi-boulettes de cocaïne dans les parcs. «J’ai honte, mais je suis devenu, pour survivre, un petit dealer occasionnel.»
Gilles D’Andrès
Il entreprend alors de rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta, puis le continent. Mais les choses ne se passent pas comme prévu: la frontière espagnole est bien gardée, Mamadouapprend à nager pour passer par la mer. On le repêche à moitié mort. L’hôpital, la prison. Comme il est encore mineur, il est placé dans un camp de la Croix-Rouge. Petit coup de chance dans son malheur: on finit par l’amener sur le continent.
Les illusions suisses
«Si tu vas en Suisse, tu auras une chambre, à manger tous les jours, un permis de travail et de l’argent», lui promet le frère de la femme qu’il a épousée à Madrid. Mamadou travaillait dans les champs de nectarine, au noir, souvent sans être payé. Il arrête tout et prend un train de nuit.
«C’est dur de trouver du travail en Suisse, parfois je peux laver quelques assiettes dans les restaurants pour 40 francs.» Mamadou est à Genève depuis 2006. L’hiver, le froid le repousse vers Madrid, l’été il y retourne pour travailler sur les chantiers. Entre deux, quand il ne lave pas d’assiettes, la faim le pousse à vendre quelques demi-boulettes de cocaïne dans les parcs. «J’ai honte, mais je suis devenu, pour survivre, un petit dealer occasionnel.»
Gilles D’Andrès
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