dimanche 28 août 2011

Lettre à monsieur Ahmed Ould Daddah de la part d'un azizien light...



Un de vos fervents admirateurs, un de nos parents du Trarza, nous reprochait tantôt de ne pas avoir été tendre avec vous alors que le général civilisé portait encore tous nos espoirs de changement ; c’était l’époque où comme Bouamatou nous étions encore des aziziens rouges !

Depuis, nous n’avons jamais manqué une ligne pour dire ce que nous pensons de ce qu’il reste du RFD ni ce que valent notre scène politique, notre société si vile ; mais à l’heure où vous êtes inchallah à la veille de vous retirer de la vie politique, on tient à vous faire quelques sincères compliments.

Nous sommes encore très nombreux, certainement des centaines de milliers, à penser que vous êtes un grand monsieur, le seul homme du pays à avoir refusé un poste de premier ministre.
On vous a toujours reproché d’avoir raté vos rendez-vous avec l’histoire mais en vérité, n’est-ce pas trahir notre précieuse mauritanité que de vous reprocher peut-être d’être resté un pacifiste convaincu n’ayant jamais cherché à sacrifier vos forces, contrairement à d’autres, car vous n'êtes pas assoiffé de pouvoir.

Vous êtes certainement né pour être président et vous l’avez été dans le cœur des forces saines du pays, du temps où les peuples de la région n’avaient pas prouvé qu’on peut combattre les balles avec la poitrine ! Aujourd’hui, à l’heure où ces forces vives ont fini par réaliser que le destin en a décidé autrement, vous restez encore le symbole de quelque chose d’invinciblement sain, incompatible avec la réalité de la Mauritanie encanaillée.

On ne vous écrit pas pour faire un bilan de votre lutte car le bilan est fait, vous resterez le plus grand opposant au système des militaires que la Mauritanie ait connu à ce jour. Ce n’est pas rien et quand demain comme chacun à notre heure, il vous faudra rejoindre Dieu, sachez bien que la Mauritanie connaîtra inchallah l’un de ses plus immortels deuils ! Tout le monde vous pleurera et même vos ennemis militaires se sentiront définitivement seuls.

Ce jour-là, que chaque mauritanien s’en souvienne, il n’y aura jamais plus un enterrement pareil avec autant de gens pour un homme sans fortune sinon la plus riche de toute : partir avec la conscience propre dans un pays où en politique c’est un luxe improbable !

Certains penseront que c’est douteux de parler de départ à un homme encore si frais, grâce à Dieu, capable encore de combattre bien des Aziz et bien des armées pour, qui sait, devenir peut-être président par un décret du Ciel comme d’autres invincibles quittèrent le pouvoir par un décret de la rue ! Ces certains-là sont eux les douteux, car seule l’intention compte, le reste est déplacé quand la nôtre n’est rien que lui dire que nous ne l’oublierons jamais, lui le dernier civil à avoir fait rêver les forces saines…

Pour l’anecdote, j’ai retrouvé l’autre jour en rangeant mes affaires ce fameux porte-clés de très bonne facture qui date de 2007, je l’avais gardé quelque part car j’étais étonné par la qualité de l’article car les autres partis nous ont habitués à de la pacotille à chaque élection.

Là c’est un porte-clés lourd, rond, en métal avec la photo d’A.O.D comme s’il venait d’être élu. Inutile de vous décrire l’expression du visage sauf pour dire que ce n’est ni cette expression placide du voleur affable qu’on peut voir ailleurs ou du traître sans scrupule qui pose comme un ange ou du politicard sans trajectoire qui se lance certain que ça peut rapporter quelque chose ou du financier qui s’en fout de l’élection mais qui investit en bon stratège etc., rien de tout cela, c’est juste le visage d’un homme d’Etat à qui on peut confier une nation qui nous tient à cœur…

L’anecdote c’est qu’un jour, quand j’ai su qu’il ne serait probablement plus jamais ni président ni candidat, j’ai décidé de le sortir de sa boîte et d’y mettre mes clés. Par dieu, juste après en fermant la porte, la clé s’est brisée dans le canon… je me suis retrouvé à la rue à pleine nuit face à ma porte en fer fermée à clé… Symbolique quand tu nous tiens…

Plus tard, j’ai regardé le malheureux porte-clés et j’ai été tenté de le remettre dans sa boîte puis finalement je l’ai gardé en souvenir d’un homme bien. Alors depuis, quand mes clés tombent ou que je les oublie quelque part, il faut voir la tête de celles et ceux qui voient, à notre époque,A.O.D avec ce sourire d’élu.

Alors je m’explique et je dis que c’est un homme chanceux qui n’a jamais voulu en profiter comme si sa chance lui avait toujours souri de l’autre côté de la rue mais jamais il n’a voulu traverser pour la rejoindre car il n’y avait pas de passage clouté. Il a toujours voulu respecter les règles quand toutes les voitures brûlaient le feu.

Bilan : quand toutes les voitures furent passées sauf celle du destin et que tous les passants lui intimèrent l’ordre de traverser, il fit la moitié du chemin, puis s’arrêta tout seul au milieu de la rue, sa chance inerte sur les bras car la malheureuse n’en pouvant plus de l’attendre, elle traversa et une voiture immatriculée 19.78, la renversa sans s’arrêter. Il faut lui dire Merci car on admire tous les grands hommes qui ont essayé de bien faire et qui ont réussi chacun selon son destin…




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