samedi 13 août 2011

La viande de chameau, une denrée très prisée en Mauritanie



8h30, abattoir principal de Nouakchott. Le soleil darde déjà ses rayons, mais la chaleur d’étuve qui s’annonce n’entame en rien l’activité fébrile qui règne en ces lieux où acheteurs et vendeurs de viande chameau, produit très prisé par les Mauritaniens, se lancent dans d’interminables marchandages.

‘’Je suis venue acheter un quart dechameau pour le stocker dans mon frigo ; ainsi, je serai tranquille pour une bonne partie du mois béni’’ de Ramadan, confieHawa Mohamed Moctar.

Pour cette jeune femme âgée d’une trentaine d’années, l’opération n’est pas aussi simple que cela, car il lui faut pour satisfaire son désir d’avoir assez de viande, tourner le dos aux détaillants et trouver deux ou trois personnes avec qui acheter un chameau sur pattes avant de se le partager, après abattage sur place.
Au détail, le kilogramme de chameau se négocie aux environs de 1400 ouguiyas (2800 FCFA), là où cela peut revenir à Hawa si elle trouve des partenaires, environ 1765 FCFA. Il faut inclure dans ce prix du kilogramme le prix de la bête, les frais de dépeçage, de désossement et d’emballage dans des sacs en plastique.

Pour Hawa, comme beaucoup de ménagères mauritaniennes plus ou moins aisées et capables de se payer un chameau sur pattes, le jeu en vaut la chandelle. Surtout durant ce mois de Ramadan où le fait d’avoir en réserve de la viande de camélidé est un gage pour de succulents repas de coupure du jeûne.

Cuisinée sous forme de soupe ou de tajine, la viande de chameau fait dans tous les cas le délice des palais des Mauritaniens, surtout les Arabo-berbères du Nord du pays qui en raffolent.

Cette gourmandise tient, en partie, à la tradition, le dromadaire étant l’animal domestique le plus fréquent dans les zones désertiques du pays. Mais elle s’explique aussi par des raisons de santé et d’esthétique, vu son taux de cholestérol relativement bas, en comparaison avec la viande de bœuf ou de mouton, fortement déconseillée pour les malades du cœur ou de tension artérielle.

Selon un médecin cardiologue à Nouakchott, il est généralement admis que la partie inférieure du chameau comme les cuisses recèle moins de cholestérol par rapport à celle des autres animaux consommés localement. Cependant, relève-t-il, il n’existe pas de chiffres précis à ce sujet dans la mesure où les études dans ce domaine sont généralement menées dans les pays occidentaux où on ne connaît pas bien le dromadaire.

Par ailleurs, la pauvreté en graisse de certaines parties du camélidé fait que leur consommation passe pour un gage de sveltesse du corps chez ses consommateurs. L‘idée est fortement en vogue chez les Mauritaniennes modernes qui, tout en se gavant de viande, rêvent d’un corps d’athlète

Ainsi, les connaisseurs raffolent particulièrement du foie et de la bosse de chameau qu’ils vous transforment vite fait en un casse-croûte, pendant que la chair des vertèbres se prête à un tajine du tonnerre et l’estomac et les intestins s’en vont garnir un succulent couscous.

Maarouf Ould Oudaa

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire