La secrétaire générale adjointe des Nations unies a rencontré dimanche le président nigérian après avoir réaffirmé l'engagement de l'ONU à combattre le terrorisme à la suite de l'attentat suicide qui a fait 21 morts au siège de l'organisation internationale à Abuja.
Dépéchée par son chef Ban Ki-moon après l'attaque de vendredi dans la capitale nigériane, Mme Asha-Rose Migiro a visité le bâtiment éventré où elle a dû se frayer un chemin parmi les débris de verres, le béton pulvérisé et ce qui ressemblait à de grandes taches de sang.
"C'est un incident choquant", a-t-elle dit, estimant qu'il s'agissait d'une attaque "contre l'humanité" après avoir déposé des gerbes de fleurs.
Cet "acte de terrorisme" ne fera que "renouveler notre détermination à combattre le terrorisme dans toutes ses ramifications", avait-elle affirmé plus tôt.
Lors d'un entretien avec Mme Migiro, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan a indiqué que son gouvernement offrirait des abris temporaires à l'ONU pour que ses équipes "continuent leur bon travail humanitaire".
L'attentat a fait "21 morts, 73 blessés dont 26 sont toujours en soins intensifs", a annoncé Mme Migiro dans la soirée. La nationalité des victimes n'a pas été dévoilée.
Gregory Starr, responsable de la sécurité de l'ONU, venu enquêter à Abuja, a affirmé à la presse qu'il n'y avait pas eu de menace spécifique contre les opérations des Nations unies au Nigeria avant l'attentat.
Le kamikaze, en voiture, est parvenu à franchir deux portails gardés avant d'activer ses explosifs en percutant la façade de l'immeuble où travaillaient environ 400 personnes pour de nombreuses agences onusiennes.
Des enquêteurs du FBI ont aussi été envoyés au Nigeria, où beaucoup se demandent comment un tel attentat a été possible contre une enceinte très sécurisée.
Le bâtiment de plusieurs étages a été soufflé et il s'agit de l'une des pires attaques subies par l'ONU.
Mme Migiro, qui a rendu visite à des survivants à l'hôpital national d'Abuja, a appelé les employés de l'ONU à travers le monde à poursuivre leur travail.
"Le terrorisme ne peut être justifié. Les auteurs doivent être traduits en justice", a-t-elle estimé.
Un homme affirmant parler au nom de la secte islamiste nigériane Boko Haram a revendiqué vendredi soir l'attentat, mais ses propos n'ont pu être vérifiés de source indépendante et la police ne privilégiait aucune piste.
Interrogé par l'AFP pour savoir si l'ONU soupçonnait cette secte, M. Starr a répondu: "il revient au gouvernement d'enquêter et de déterminer si le groupe est impliqué".
Des analystes ont jugé possible qu'une faction de Boko Haram soit impliquée mais ont souligné qu'il était trop tôt pour l'affirmer.
Le groupe, dont une insurrection en 2009 avait été violemment réprimée par les forces de l'ordre, avec plus de 800 morts en quelques jours, a multiplié depuis un an les attaques contre des postes de police, des patrouilles de l'armée ou des responsables politiques ou religieux.
Ses actions sont devenues plus sophistiquées, avec des bombes activées à distance, et une multiplication d'indices a fait craindre ces derniers mois des liens avec des groupes terroristes extérieurs comme la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi), active au Niger voisin.
Boko Haram qui veut instaurer un Etat islamique au Nigeria n'a jusqu'à présent jamais pris pour cible une organisation internationale.
La police est en état d'alerte sur l'ensemble du territoire depuis l'attaque et la capitale fédérale est quadrillée par des patrouilles jour et nuit.
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