L'Algérie a été accusée dimanche de soutenir le régime libyen de Mouammar Kadhafi par la branche régionale d'Al-Qaïda qui a revendiqué l'attentat meurtrier contre l'académie formant son élite militaire.
Intitulé "cadeau de l'Aid" marquant la fin du ramadan prévue mercredi, un communiqué adressé au nom d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à l'AFP à Rabat a revendiqué la double attaque suicide de vendredi. L'attentat a fait 18 morts et 26 blessés peu après la rupture du jeûne, à l'académie de Cherchell, à une centaine de km à l'ouest d'Alger.
Le communiqué, non authentifié formellement, est signé de "Salah Abou Mohamed, responsable de l'information de l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique".
Le texte explique que l'académie militaire constituait "le plus important symbole du régime algérien" à qui Aqmi reproche notamment son "soutien au régime de Kadhafi", le dirigeant libyen en fuite depuis la prise de Tripoli par les rebelles il y a une semaine.
Ces accusations sont proférées alors que les rebelles n'ont cessé d'affirmer qu'Alger soutenait Kadhafi pour n'avoir pas, jusqu'à présent, reconnu leur Conseil national de transition (CNT) ni demandé le départ du colonel Kadhafi.
Dimanche encore, leur porte-parole Ahmed Omar Bani a indiqué que le CNT faisait "une distinction entre le grand peuple algérien et le gouvernement algérien. Les Algériens nous ont reconnus comme combattants de la liberté et libérateurs de notre pays".
Usant d'un ton vengeur envers les dirigeants algériens, le porte-parole des insurgés a également affirmé qu'"un jour viendra où ils devront répondre de leur attitude vis-à-vis des révolutionnaires libyens".
Restée prudente depuis l'éclatement de la crise dans ce pays frontalier, l'Algérie avait affirmé jeudi observer une "stricte neutralité en refusant de s'ingérer, de quelque manière que ce soit, dans les affaires intérieures" de la Libye.
Les relations d'Alger et du CNT tendues depuis des mois
Les relations d'Alger et du CNT sont tendues depuis des mois. Les rebelles ont commencé par accuser les Algériens d'avoir dépêché des mercenaires pour soutenir le chef libyen, ce qu'Alger a démenti à chaque fois avec force.
Le 22 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé une "série de violations de la part d'une bande d'individus qui a emporté plusieurs véhicules appartenant à la mission" diplomatique algérienne à Tripoli. Depuis, le ministère a annoncé le retour des familles des employés de l'ambassade par mesure de sécurité tandis que les diplomates restaient sur place.
Samedi, des informations émanant de "source rebelle", relayées par l'agence égyptienne Mena, ont fait état du passage en Algérie d'un convoi venant de Libye et transportant éventuellement Mouammar Kadhafi et ses fils. Alger a catégoriquement démenti.
Critiquée sur le front extérieur pour sa prudence, l'Algérie est confrontée ces derniers mois et en particulier depuis le début du ramadan, le 2 août, à une série d'attentats ciblant ses forces de l'ordre.
Leur recrudescence coïncide avec des informations d'Alger sur l'entrée, via la Libye avec qui l'Algérie partage plus de 1000 km de frontière en plein Sahel, d'armes libyennes et de la présence d'Aqmi dans le pays voisin où le groupe était combattu par le régime Kadhafi.
Aqmi, qui a revendiqué nombre des récents attentats en Algérie, a été formée en 2006 par des islamistes algériens, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le sud de l'Algérie.
Enfin, on note que le communiqué revendiquant l'attentat de Cherchell a été publié au Maroc, pays avec lequel l'Algérie est en cours de rapprochement après des années de tension.
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